DRESSOIR AUX CHIMÈRES.
Meuble deux corps en noyer au décor sculpté de panneaux, en partie inférieure en retrait - à motifs d'oves et godrons. Il ouvre à deux vantaux en corps supérieur sculptés de trophées: cuirasses, boucliers, faisceaux, lances, drapeaux, heaumes et glaives. Figure centrale entre les portes de personnage ailé semi accroupi. Montants fantasmagoriques et supports exceptionnels de faunes, chimères et harpies.
Époque Renaissance, XVIe.
Haut. 142, Larg. 122, Prof. 50 cm.
(plancher postérieur et restaurations d'entretien).
Provenance:
- Vente Tajan, 29 novembre 1999, n°76.
- Collection Sylvain Durand, château de Renay en Vendômois.
Vente sur ordonnance de Madame le Juge des Tutelles de Blois en date du 15 octobre 2013. Frais: 12% H.T.
Les chimères sont à rapprocher de celles d'une table d'apparat en noyer conservée au Louvre. (Legs de Charles-Antoine-Benoït Rochard, 1903, inv. OA. 5940). Dressoir de Jacques Androuet du Cerceau. Le mobilier du Moyen Age et de la Renaissance, 1998. Hugues Sambin, 1989.
La forme générale du dressoir se perpétue mais le décor change et les proportions aussi. L'architecture incorpore des éléments rapportés comme les consoles en forme de harpies qui soutiennent le corps supérieur.
Deux corps d'importance égale (le vide et le plein) souligné de bandeaux horizontaux et de panneaux aux encadrements très lisibles envahis par un décor ordonné d'oves, palmettes et godrons, donnent au meuble sa stabilité.
Les vantaux du corps supérieur accueillent le motif des trophées en vogue, depuis qu'Henri II en a fait décorer la chambre de parade au Louvre. Il dispose sur chaque vantail selon un double axe de symétrie, vertical (stabilité) et oblique (mouvement): les cuirasses, boucliers, faisceaux, lances, drapeaux, heaumes et glaives qui célèbrent les vertus héroïques de l'Ancienne Rome, exaltées par la littérature.
Les montants et supports ordonnent les fantasmagories que les ornemanistes d'Italie du Nord ont transmis à l'Europe et les chimères et harpies que le Rosso a importé à Fontainebleau.
Les figures ailées rythment le corps supérieur, féminines au centre, masculines aux angles, semi accroupies, contorsionnées. L'excentricité des figures réside dans l'image, pas dans son exécution. La disposition oblique des faunes contamine les chimères qui servent de supports expressives, puissantes mais dont le profil introduit les vides qui allègent l'ensemble.
La division ternaire du registre inférieur n'introduit aucun désordre. Chaque panneau décoré de plaques qui ne sont pas sans rappeler (ou annoncer?) les décors géométriques compartimentés de certaines armoires languedociennes, s'articule sur un miroir bombé ou une rosace centrale.
Meuble original, il semble cependant interprété à partir d'une proposition de dressoir de Jacques Androuet du Cerceau (voir illustration). Les deux panneaux du corps supérieur s'ornent de trophées, la figure centrale se tasse en un personnage ailé semi accroupi, les termes latéraux remontent et deviennent sur le corps supérieur des faunes contorsionnés alors que les sphinges centrales glissent sur les côtés, pivotant à 45° pour s'aligner sur les faunes.
Cette interprétation privilégie le répertoire excentrique prisé de la région toulousaine (référence: vantail attribué à Antoine Morizot). La nature du bois - le noyer, les proportions du meuble, la qualité irréprochable, de la sculpture rendent plausibles l'hypothèse d'une attribution à l'atelier de Nicolas Bachelier, voire au maître lui même.
- Extrait du catalogue de la vente de 1999.
Époque Renaissance, XVIe.
Haut. 142, Larg. 122, Prof. 50 cm.
(plancher postérieur et restaurations d'entretien).
Provenance:
- Vente Tajan, 29 novembre 1999, n°76.
- Collection Sylvain Durand, château de Renay en Vendômois.
Vente sur ordonnance de Madame le Juge des Tutelles de Blois en date du 15 octobre 2013. Frais: 12% H.T.
Les chimères sont à rapprocher de celles d'une table d'apparat en noyer conservée au Louvre. (Legs de Charles-Antoine-Benoït Rochard, 1903, inv. OA. 5940). Dressoir de Jacques Androuet du Cerceau. Le mobilier du Moyen Age et de la Renaissance, 1998. Hugues Sambin, 1989.
Présentation de l'expert Bruno Perrier lors de sa vente en 1999.
Exceptionnel dressoir
Dès le XVIe, le recours aux gravures constitue un nouveau système de références. Huchiers et sculpteurs ne copient jamais servilement les modèles que l'imprimerie met à leur portée en diffusant répertoire de formes et d'ornements et estampes de maître. Ils prennent en compte les contraintes techniques, le substrat régional qui a pu façonner le goût, les choix du commanditaire, et les intentions allégoriques, les proportions de meuble, ses références et les figures ou scènes des panneaux sculptés sont rarement notés dans le cadre d'un contrat passé devant notaire. C'est donc là qu'interviennent l'inventivité et la qualité d'exécution qui désignent les grands ateliers, voire les grands maîtres. C'est dans cette veine que se place d'emblée ce dressoir d'exception.La forme générale du dressoir se perpétue mais le décor change et les proportions aussi. L'architecture incorpore des éléments rapportés comme les consoles en forme de harpies qui soutiennent le corps supérieur.
Deux corps d'importance égale (le vide et le plein) souligné de bandeaux horizontaux et de panneaux aux encadrements très lisibles envahis par un décor ordonné d'oves, palmettes et godrons, donnent au meuble sa stabilité.
Les vantaux du corps supérieur accueillent le motif des trophées en vogue, depuis qu'Henri II en a fait décorer la chambre de parade au Louvre. Il dispose sur chaque vantail selon un double axe de symétrie, vertical (stabilité) et oblique (mouvement): les cuirasses, boucliers, faisceaux, lances, drapeaux, heaumes et glaives qui célèbrent les vertus héroïques de l'Ancienne Rome, exaltées par la littérature.
Les montants et supports ordonnent les fantasmagories que les ornemanistes d'Italie du Nord ont transmis à l'Europe et les chimères et harpies que le Rosso a importé à Fontainebleau.
Les figures ailées rythment le corps supérieur, féminines au centre, masculines aux angles, semi accroupies, contorsionnées. L'excentricité des figures réside dans l'image, pas dans son exécution. La disposition oblique des faunes contamine les chimères qui servent de supports expressives, puissantes mais dont le profil introduit les vides qui allègent l'ensemble.
La division ternaire du registre inférieur n'introduit aucun désordre. Chaque panneau décoré de plaques qui ne sont pas sans rappeler (ou annoncer?) les décors géométriques compartimentés de certaines armoires languedociennes, s'articule sur un miroir bombé ou une rosace centrale.
Meuble original, il semble cependant interprété à partir d'une proposition de dressoir de Jacques Androuet du Cerceau (voir illustration). Les deux panneaux du corps supérieur s'ornent de trophées, la figure centrale se tasse en un personnage ailé semi accroupi, les termes latéraux remontent et deviennent sur le corps supérieur des faunes contorsionnés alors que les sphinges centrales glissent sur les côtés, pivotant à 45° pour s'aligner sur les faunes.
Cette interprétation privilégie le répertoire excentrique prisé de la région toulousaine (référence: vantail attribué à Antoine Morizot). La nature du bois - le noyer, les proportions du meuble, la qualité irréprochable, de la sculpture rendent plausibles l'hypothèse d'une attribution à l'atelier de Nicolas Bachelier, voire au maître lui même.
- Extrait du catalogue de la vente de 1999.
| Trophée par Hugues Sambin |