23ème VENTE AUX ENCHÈRES À CHEVERNY : ISLAM, ASIE, ART NOUVEAU, GIACOMETTI, ART MODERNE, LIVRES
Lot 331
Alberto GIACOMETTI (Borgonovo, 1901 - Coire, 1966)
[Bustes] (recto) / [Nu debout] (verso), vers 1935.
Dessin double face au crayon et gomme abrasive sur papier.
Mentions manuscrites au crayon sur le verso : "Étude personnage / 1935 / n°6 / 50.000 F".
49,3 x 31,7 cm.
Cette uvre est répertoriée dans les archives de la Fondation Alberto et Annette Giacometti sous le numéro AGD 1716. Elle est munie de son certificat d'authenticité par le Comité Giacometti.
Provenance : don de l'artiste à Tériade. Legs particulier d'Alice Tériade, 2007.
Ces [Bustes] du recto (AGD n°1716) représentent Diego Giacometti, frère du sculpteur. On observe une grande proximité des traits du visage avec le seul portrait de Diego de la période présenté par la Fondation Alberto et Annette Gicometti, [Tête de Diego sur double socle] sans buste et en bronze (AGD n°297) vers 1936-1937. Ces [Bustes] sont à rapprocher d'un plâtre reproduit deux fois, de face et le profil gauche, par Tériade dans la revue. Ce plâtre illustre le texte de Marcel RAVAL, L'homme et son modèle, dans le numéro de Verve consacré à La figure humaine. La localisation de cette sculpture nous est inconnue. Agnès de La Baumelle (Alberto Giacometti, le dessin à l'uvre, Paris, Gallimard, Centre Pompidou, 2001, p. 226.) explique : " Des nombreuses tentatives menées dans les années 1934-1939 pour réaliser des têtes en plâtre devant le modèle, qui pose à nouveau dans l'atelier - Diego, Rita ou Isabelle, il ne reste qu'une Tête de Diego, 1935-1936, deux Têtes de Rita, 1937-1939, la fameuse Isabel I, dite l' "Egyptienne ", 1936, et Isabelle II, 1938. Plus rares encore sont les " portraits " dessinés. "
Le [Nu debout] au verso, daté également de 1935, est une représentation du corps féminin de façon filiforme. Les bras, le long du torse, semblent fusionner avec l'ensemble du corps. Ce dessin se situe stylistiquement entre la Femme au chariot, de 1945 de la Staatsgalerie Stuttgart (AGD n°989) et la Femme debout de 1959, pour le projet de la Chase Manhattan Plaza à New York avec L'homme qui marche et la Tête sur socle. Ces figures ne tendent pas à chercher une authentification de la personne représentée, elles recherchent avant tout une confrontation avec le public. Elles retranscrivent une détresse existentielle. Isolées, immobiles, elles montrent la solitude du monde. Alberto Giacometti disait à ce propos : " Chacun à l'air d'aller pour soi, tout seul, dans une direction que les autres ignorent. Ils se croisent... ".
En remerciant Tériade de son soutien fidèle, Giacometti offre, à l'éditeur et ami, une feuille inédite, qui annonce, de façon prophétique, l'évolution à venir de sa sculpture. Le recto est encore ancré dans la réalité alors que le verso tend à montrer le passage vers une abstraction de la figuration. Réalisée au moment de l'exclusion du groupe surréaliste en 1935, elle montre, avec dix ans d'avance sur ce que nous connaissons, une étude tridimensionnelle de sculptures et une figure filiforme qui fera le succès du sculpteur.
Adjugé : 40 000 €