11ème VENTE GARDEN PARTY A CHEVERNY
Lot 20
Charles-Antoine COYPEL (paris, 1694 -Paris, 1752).
Portrait de Madame Mazade, née Thérèse des Queux, et de sa fille, Marie-Madeleine Mazade.
Pastel.
112,5 × 88,5 cm.
Provenance : vraisemblablement l'un des deux portraits cités sans nom d'auteur – le deuxième étant le portrait de Laurent Mazade par Hyacinthe Rigaud présenté ci-dessus –, parmi l'inventaire des biens de Laurent Mazade, fermier général, dressé à partir du 15 octobre 1743 et mentionné dans une chambre de son hôtel de la rue de Notre-Dame-des-Victoires. «N° 62 ... à l'égard des deux tableaux l'un qui est le portrait du d(it) deffunt peint sur toile dans sa bordure de bois doré et l'autre le portrait en pastel de feu Madame de Mazade avec Madame de La Reynière sous glace aussy dans sa bordure de bois doré ils n'ont été prisés et tiré seulement tiré pour mémoire» (Archives nationales, Minutier central, XCV/170).
Resté par héritage parmi les descendants des modèles. Conservé dans la famille depuis ses origines, château des environs de Rennes.
Ce sont la même provenance pour ce portrait et les deux autres, la similitude des traits de la petite fille dans le présent portrait et de ceux de la jeune femme portraiturée par Rigaud, et la mention dans l'inventaire de Laurent Mazade qui ont permis l'établissement de l'identité des modèles (voir notice des deux numéros précédents). Nous ne connaissons pas la date de naissance de Thérèse des Queux (son inventaire après son décès, en 1737, ne mentionne pas l'âge de la défunte). En revanche, nous savons que sa fille naquit en 1716. Or, à en juger d'après le pastel, la petite fille doit avoir entre six et neuf ans. Ainsi, Coypel dut réaliser ce portrait vers 1723-1725, soit peu après la mort de son père Antoine en 1722. C'est à partir de cette date qu'il reprit la charge de garde des tableaux et dessins de Louis XV ainsi que celle de premier peintre du duc d'Orléans. Cette importante redécouverte vient enrichir notre vision des débuts de Charles-Antoine Coypel. Peintre d'histoire à la différence de son aîné Rigaud, il montre aussi, à travers cet exemple, son talent de portraitiste. C'est aussi un magnifique exercice sur la modulation du blanc, et de ce point de vue il rejoint les préoccupations de son confrère de l'Académie, Jean-Baptiste Oudry. Seules quelques notes de bleus et de rouges librement appliquées viennent raviver la paleur de l'œuvre. Coypel, qui était lui-même auteur de pièces, aimait représenter des modèles liés à l'univers du théâtre: que ce soit des comédiens, des chanteurs, des poètes tragédiens, ou encore, comme c'est le cas ici, des amateurs: les riches parures de Mme Mazade et de sa fille, portant elle-même une guirlande de fleurs, leurs éventails et la présence du rideau à l'arrière-plan, suggèrent qu'elles s'apprêtent à partir au spectacle. Une certaine mise en avant des bijoux est peut-être une manière de révéler l'engouement de Mme Mazade mère et de sa fille pour ces objets précieux. Dans les inventaires successifs de la famille, les bijoux et diamants sont l'objet d'une prisée particulière, à chaque fois par le célèbre orfèvre Pierre-Denis Lempereur et avec des estimations très élevées. Dans l'inventaire de Grimod de La Reynière, une paire de boucles d'oreilles et pendeloques de diamants est prisée II 000 livres, tandis qu'un collier à brillants est prisé pas moins de 18 000 livres. En tant que double portrait féminin, il anticipe aussi celui de Mme Dupillé et de sa fille, peint en 1733, aujourd'hui dans une collection privée à Los Angeles (voir Thierry Lefrançois, Charles Coypel, Paris, 1994, n° 155-156).
Certificat de libre circulation à l'étranger.
Adjugé : 64 029 €