29ème VENTE GARDEN PARTY - I
Lot 104
ÉRARD FRÈRES. PIANO-FORTE, 1788.
5 octaves Fa à Fa en acajou blond et filet de sycomore. Il repose sur quatre pieds cannelés, et offre deux pupitres dépliants. Deux pédales. Clavier complet, frontons à marches. Cheville sans trou de style clavecin et mécanique à poussoir.
Inscriptions sur la planche d'adresse : "Érard Frères à Paris 1788 - rue du Mail n°37" ; sur la table d'harmonie : "Érard Frères à Paris 1788" à l'encre et présence de deux marques sous la caisse "LR 13", les lettres "AG".
Haut. 21, Long. 148, Prof. 55 cm.
Haut. des pieds 56 cm.
Haut totale 77 cm.
(piano vendu en l'état, avec ses accidents, manques et restauration, la mécanique n'ayant pas été revue depuis la seconde moitié du XIXe siècle).
Provenance :
- suivant la tradition familiale, ce piano aurait été l'un de ceux de la Reine Marie-Antoinette à Versailles.
- collection Gustave comte de Reiset (1821-1905), château du Breuil-Benoit, Eure-et-Loir.
- par descendance, Touraine.
Exposition : Château de Versailles, "Marie-Antoinette, Archiduchesse, Dauphine et Reine", 1955, hors catalogue.
Bibliographie : Marquis de Fayolles, Congrès archéologique de France les collections du château du Breuil-Benoit, 1890.
A mahogany PIANO-FORTE by ÉRARD FRÈRES, 1788. After the family tradition, it was owned by the queen Marie-Antoinette in Versailles.
"Tandis que nous examinons les tableaux et les gravures qui tapissent les murs, M. le comte de Reiset conduit l'une des dames, qui avaient bien voulu se joindre aux excursionnistes du Congrès, devant un charmant clavecin, précieux souvenir de l'infortunée Marie-Antoinette, et pendant quelques instants, accompagnant sa belle voix sur ces touches jaunies, Mme la générale W. de F. nous tient sous le charme des simples mélodies que la reine affectionnait."
Nos remerciements vont au collectionneur Jean Jude et au restaurateur Alain Moysan qui y voit l'un des plus anciens piano Érard conservé avec notament ceux des musées de Melun (1785), de Bourges (1788) et de La Vilette (1789).
LE 13e PIANO-FORTE DE MARIE-ANTOINETTE ?
Daté de 1788, ce piano-forte à été livré par les frères Érard. Il est réputé avoir appartenu à la Reine Marie-Antoinette. C'est ainsi qu'il a été exposé lors de l'exposition "Marie-Antoinette, Archiduchesse, Dauphine et Reine" au château de Versailles en 1955. Cependant, l'absence de numéro de série ne permet pas d'en retrouver la trace dans les registres d'Erard. De même, les mystérieuses marques au fer LR13 et AG sous la caisse laissent perplexes les meilleurs connaisseurs. S'agit-il d'une marque tronquée des fêtes et cérémonies (MLR) ou du treizième piano de la Reine ?
L'analyse approfondie des comptes des maisons royales, comme des inventaires des principaux palais montrent qu'une centaine d'instruments de musique étaient conservés à Versailles en 1788, dont 17 piano-fortes. Cet instrument popularisé par Érard à partir de 1777 présente l'avantage d'être facilement transportable et de pouvoir jouer doux ou fort, tirant ainsi son nom : piano-forte. Son coût de 600 à 800 livres auprès du fabricant Sébastien Érard et sa grande mobilité expliquent peut-être qu'aucun exemplaire ne soit formellement identifié dans les inventaires, ni même directement livré à Versailles. Ainsi, alors qu'en cette même année 1788 le maître de piano de la Reine, Johann David Hermann, achète lui-même un piano directement à Erard, 5.000 livres de gages sont versées par la maison de la Reine à cinq musiciens dont 2.000 livres pour deux instruments....assurant un bénéfice confortable aux musiciens sur le prix de revente de leur instrument à la Couronne.
Rien n'interdit de penser que ce piano-forte est l'un de ceux de la Reine. Princesse mélomane, Marie-Antoinette place en effet la musique au cur de la vie de Cour, depuis la messe matinale jusqu'aux fêtes et bals nocturnes, sans oublier les concerts intimes auxquels le Roi assiste parfois. Elle raconte dans ses correspondances qu'elle organise "un concert tous les lundis qui est charmant [
] J'y chante avec une société de dames". Si la harpe est son instrument favori, la Reine s'intéresse de près au piano-forte. Aux compositions d'Hermann se succèdent en 1782 celles que le Chevalier Saint-Georges ou Gasseau composent pour elle. La collection Cobbe en Angleterre conserve d'ailleurs un luxueux exemplaire qui aurait été lui aussi livré à la Reine.
Adjugé : 10 000 €