33ème VENTE GARDEN PARTY - I
Lot 57
PAULI ou PAOLI (Malines, 1625-1690), ROMBOUTS PAUWELS dit
Vénus caressant lAmour
Groupe en terre cuite.
Sur le dessus de la terrasse, une signature Lemoine rapportée.
Haut. 42 Long. 58 cm.
(Petits accidents et restaurations).
Provenance : collection André et Monelle Vogt à Bussang (Vosges), avant 1920 ; par descendance.
Venus touching love in terracotta by Paoli from the former Vogt collection.
uvres en rapport :
- Rombouts Pauwels, Vénus caressant lAmour, bronze, 30,6 x 42 x 17,7 cm, Munich, au Bayerisches Nationalmuseum, n°inv. 63/11.
- Rombouts Pauwels, Vénus caressant lAmour et Vénus enseigne lart du tir à larc à lamour, paire de terre cuites, 35 x 49 x 28,5 cm et 35 x 51 x 28,5 cm, lune signée, conservée au palais des Beaux-Arts de Lille, n°inv. 987.8.1.
Littérature en rapport :
-« La sculpture au siècle de Rubens dans les Pays bas méridionaux et la principauté de Liège », cat exp. tenue au musée dart ancien, Bruxelles, 15 juillet 2 octobre 1977.
-Alain Jacobs, « Fascination baroque, la sculpture flamande dans les collections françaises », cat. exp. tenue au musée de Flandre, Cassel du 15 octobre 2011 au 29 janvier 2012, Coédition musée de Flandre / Somogy, 2011, pp.118 -221.
Natif de Malines, Rombouts Pauwels prend le pseudonyme de Pauli vers 1643 à son retour de Rome où il aurait fréquenté Nicolas Poussin et François Duquesnoy. Il est inscrit dès lâge de onze ans comme apprenti à la Guilde de Saint-Luc à Malines et, à son retour dItalie au tournant du XVIIème siècle, il obtient sa maîtrise dans cette ville, puis à Gand. Si son uvre est rare et peu documentée, Pauwels sinscrit pourtant parmi les plus grands noms de la sculpture flamande du siècle de Rubens, avec François et Jérôme Duquesnoy, Lucas Faydherbe ou encore Artus Quellin. Sa réalisation la plus connue et admirée est le mausolée de lévêque de Gand, Carolus Maes, en la cathédrale de Saint-Bavon à Gand. Outre sa production sacrée on lui doit aussi différents groupes autour des thèmes de lEnfance, de lAmour ou de la Maternité, tous imprégnés dhumanisme, de morale et dérudition, marqueurs forts du grand art baroque développé aux Pays-Bas au milieu du « Grand siècle ».
De notre important groupe « Vénus caressant lAmour », on connaît une version en bronze (30,6 x 42 x 17,7 cm, conservée à Munich, au Bayerisches Nationalmuseum, n°inv. 63/11) et une version en terre cuite avec des variantes (35 x 49 x 28,5 cm, signée, conservée au palais des Beaux-Arts de Lille, n°inv. 987.8.1). Dautre part, un groupe en bronze doré, anonyme (37,5 x 50 x 22 cm), du même modèle, assurément attribuable à Pauli, est passé en vente publique chez Thierry de Maigret à Paris le 22 septembre 2018. Notre ample et belle terre cuite est inédite et sajoute à ce corpus. Sans conteste de la main de Pauwels, le groupe est modelé dans une terre ocre rouge que lon retrouve dans les ateliers malinois ou anversois. Il porte une curieuse signature « Lemoine » incisée sans doute au XIXe siècle par une main aussi peu scrupuleuse que compétente quant à la connaissance du style du portraitiste français du XVIIIe siècle.
Cette Vénus et cet Amour sont les héritiers directs des « Vierges à lEnfant » flamandes de la période baroque, comme lattestent les attitudes pleines de tendresse des deux protagonistes. La main aux doigts effilés de Vénus qui vient pétrir avec une affection toute maternelle la hanche de lAmour ainsi que son regard plongé dans les yeux grands ouverts dun Cupidon se laissant bercer et caresser renvoient à lopposition entre lamour sacré et lamour profane, sujet cher dans les Flandres, au XVIIe siècle. Liconographie de ce groupe a, par ailleurs, longtemps été discutée. Si le musée des Beaux-Arts de Lille présente (en paire avec une « Vénus enseignant lart du tir à larc à lAmour », du même artiste) sa version sous le titre de « Vénus caressant lAmour », la version en bronze de Munich était, quant à elle, autrefois attribuée à Artus Quellin et titrée « La Charité ». On note la maîtrise, lampleur et le goût de Pauli dans le traitement spécifique des drapés et son application dans le rendu de la couverture et de la riche tête de lit, absents de la version lilloise mais présents dans le bronze de Munich. Pauli renouvelle ici le thème de lamour maternel de la déesse pour son fils Cupidon et annonce, sans renoncer au classicisme et à lélégance du XVIIe siècle, lart plus mondain et plus esthétisant du XVIIIe siècle qui sannonce.
Adjugé : 40 000 €