35ème VENTE GARDEN PARTY - I
Lot 106
Au Petit Dunkerque, fin du XVIIIe siècle
Pendule au temple grec
en marbre blanc et bronze ciselé et doré, surmontée d'une urne à deux anses. Le cadran émaillé blanc, signé "Au Petit Dunkerque", donne les heures en chiffres romains et les minutes en chiffre arabes. Il repose sur un entablement de marbre mouluré supporté par huit colonnes doriques et accueillant au centre un balancier. Une terrasse rectangulaire à double doucine supporte l'édifice.
Ornementation en bronze doré de fleurs, noeuds et fruits.
Suspension à fil.
Époque Louis XVI.
Haut. 55,5 Larg. 29,8 Prof. 14 cm.
(petits accidents, à réviser)
Louis XVI, late 18th century. A white marble and gilt bronze clock shaped as a Greek temple, signed "Au Petit Dunkerque".
LE PETIT DUNKERQUE : LA PRESTIGIEUSE BOUTIQUE D'UN MARCHAND MERCIER
À Paris au XVIIIe siècle, le commerce des objets d'art passe essentiellement par les marchands merciers. Installés entre les Halles et le Palais Royal, leurs boutiques sont des cavernes aux trésors.
Le marchand mercier Charles-Raymond Grancher est lun dentre eux, installé en 1767 au 3 quai de Conti à Paris. Son enseigne "Au Petit Dunkerque" (conservée au musée du Carnavalet sous le N° dinventaire EN87) est lune des adresses les plus réputées de Paris comme « magasin de curiosités ». Originaire de Dunkerque, Grancher propose des objets extraordinaires venus des quatre coins du monde. Il obtient ensuite le titre dorfèvre du roi et de la reine en 1774 grâce à la confection dune boîte à la mort de Louis XV « La consolation dans le chagrin », décorée des portraits de Louis XVI et Marie-Antoinette.
L'hebdomadaire LAvant-coureur paru en 1771 relate en ces termes l'enseigne de Grancher : "Magasin curieux du petit Dunkerque. A Paris, quai de Conti, au coin de la rue Dauphine. Le Sieur Granchez a fait un choix très complet de ces morceaux quil vend à Paris". Parmi ces morceaux, Granchez est reconnu pour la vente dans son magasin de pendules « en architecture ». Décrites en 1773 dans lavant-coureur, ces pièces consistent en un « nouveau modèle de pendule en forme de portique, en architecture dun très bon goût, à sonnerie et dun modèle plus grand que les dernières ». Cette revue relate également la haute qualité de ces objets dart « exécutés en bronze doré dor moulu du meilleur goût ».
Autour des années 1770-1780, la réminiscence de larchitecture antique inspirée de la modénature des temples grecs renouvelle le répertoire des arts décoratifs dans un style « à la grecque ». Marchand-mercier alors au fait de son métier, Granchez évolue au gré de la mode et propose dans son magasin des pièces empreintes de ce style avec lexemple de la livraison dune paire de flambeaux « en architecture » pour les appartements de la reine Marie-Antoinette dans son château de Saint-Cloud (aujourdhui conservée au château de Versailles sous le N° dinventaire V6315.1 et V6315.2). Toute aussi imprégnée de ce style à la grecque, la pendule « Au Petit Dunkerque » présente un portique de colonnes cannelées dordre dorique et comme lornement fait partie de ce nouveau langage décoratif, une frise de lentablement est décorée de vaguelettes ou de flots grecs appelés « frise de postes ».
Homme de son temps, Granchez prit le parti judicieux de remplacer le nom de lhorloger par celui de son enseigne « Au Petit Dunkerque ». De cette façon, lobjet dart participe à la promotion du magasin dans les intérieurs dune clientèle à laffût des changements de mode.
Adjugé : 1 500 €