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Rouillac : un livre comme un “musée adjudicataire"

Jeudi 07 novembre 2019

La Nouvelle République, Raphaël Chambriard

Philippe et Aymeric Rouillac, commissaires-priseurs, présentent le livre « Adjugé ! » à Arcades Institute, dans le vieux-Tours. <br />
© (Photo NR, Hugues Le Guellec)
Philippe et Aymeric Rouillac, commissaires-priseurs, présentent le livre « Adjugé ! » à Arcades Institute, dans le vieux-Tours.
© (Photo NR, Hugues Le Guellec)

La saga des Rouillac se raconte dans un beau livre. Il met en lumière la relation entre les beaux objets vendus aux enchères et les hommes.

Sur la couverture, une photo de trou de serrure, celui du coffre du cardinal Mazarin, comme pour inviter le lecteur à plonger son œil dedans pour entrevoir l’envers du décor des ventes aux enchères. Bienvenue dans la saga Rouillac. Un mot qui fait penser aux premières d’heures d’antenne et aux improbables brushings de Stéphane Bern, dont nous sommes proches car l’histoire s’invite dans chaque page de cet ouvrage soigné. Il est né en 2006 dans l’esprit d’Aymeric Rouillac, l’un des fils de Philippe Rouillac, commissaire-priseur, enfant de la balle et dont la deuxième naissance semble correspondre à son meilleur souvenir de vente : celle du coffre adjugé plus de 7 M€ en 2013 à Artigny. « Personne en France ne croyait à son authenticité, aucun musée, aucune institution. L’autorisation de sortie du territoire a été donnée très facilement », se souvient Aymeric qui avait passé trois mois à mener l’enquête du commissaire.

Une très riche iconographie

Avec émotion, son père voit ce livre avec 450 photos comme une « cerise » sur une vie professionnelle sèchement résumée en 1.117 ventes pour un produit de 152 millions d’euros. Et le record de 13 enchères millionnaires passées par l’étude de Vendôme achetée 350.000 francs en 1983. Et jamais quittée depuis. Mais père et fils aiment avant tout les histoires, celles des objets passés entre leurs mains, celle de leur famille. Car les bambins ne sont jamais loin des toiles de maître, d’une petite voiture Bugatti ou même du coffre, encore lui, dans lequel cinq enfants sont montés là où, quelques siècles plus tôt, un trésor se cachait. Et si le travail est mené dans l’étude vendômoise, les contacts se développent souvent autour de la table de la maison de famille où Christine, fille, épouse, tante et mère de commissaire-priseur, joue de la casserole comme d’autres du marteau. Après l’avant-propos de Philippe Rouillac, la première partie « L’Esprit du Val de Loire » est écrite par David Gaillardon, une plume mondaine, puis la seconde par Aymeric Rouillac qui raconte l’histoire d’objets vendus par eux, des plus anciens aux périodes modernes. Un lot préféré ? « La question reviendrait à me demander de choisir entre un de mes enfants. Je ne peux pas. » Bien que passionné par l’Asie qui lui fait penser à Malraux qu’il a connu à la fin de sa vie, Philippe Rouillac pense à un manège avec des chevaux de bois, souvenir associé à l’enfance. Le syndrome « Rosebud » du film « Citizen Kane ». Il n’est pas non plus indifférent au fait que des personnes, pas des acheteurs ou des vendeurs d’œuvres plus ou moins exceptionnelles, fassent relier année après année les catalogues de ventes, d’abord Cheverny puis Artigny. Leur « musée imaginaire » comme dirait Malraux. Ce livre, solide carte de visite sur papier glacé pour le marché international, est aussi voulu pour eux, pour tous les amateurs d’art, d’histoire, d’histoire de l’art.

« Adjugé ! La saga des Rouillac ». Éditions Monelle Hayot. Prix : 39 €. Dédicace au Salon de l’art au quotidien, au Vinci, dimanche, de 15 h à 17 h.
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