Salve d’honneur pour Charles III !
Samedi 06 mai 2023 à 07h
Cette semaine, Françoise soumet à notre expertise un fusil. L’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire davantage sur l’histoire et la valeur de cet objet.
Si l’Europe commémore ce weekend la fin de la Seconde Guerre Mondiale, après la reddition de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945, la journée de samedi marque également l’arrivée sur le trône du Royaume-Uni du roi Charles III. A cette occasion, Françoise nous permet de nous pencher sur l’outil qui a permis à la fois de combattre les Allemands, mais également de faire rayonner la puissance britannique sur presque tous les continents. Le fusil Lee-Enfield est mis en service en 1907 en Angleterre. Son nom est une combinaison de celui de son inventeur, James Paris Lee, et de son plus important lieu de production situé à Enfield, au nord de Londres. Adoptée par l’armée britannique et par les forces des nombreuses colonies de l’Empire, la carabine Lee-Enfield, sous ses différentes versions, est distribuée à plus de 17 millions d’exemplaires dans le monde. Elle participe aux deux guerres mondiales et aux conflits coloniaux. Si l’armée britannique remplace le Lee-Enfield pour un autre modèle à la fin des années 1950, il est encore utilisé par certaines forces de police, notamment au Bangladesh ou par les rangers arctiques du Canada. Une preuve de la fiabilité de cette arme devenue mythique au cours du XXe siècle.
Le succès de ce fusil est dû à plusieurs facteurs. D’une part, son système à verrou manuel est efficace et simple d’utilisation. Ainsi, lors de la Grande Guerre, le Lee-Enfield est le fusil à verrou le plus rapide du conflit, permettant à son utilisateur de tirer un grand nombre de cartouches en peu de temps. Contrairement au fusil allemand dont le chien s’arme à l’ouverture de la culasse, le Lee-Enfield s’arme à la fermeture de la culasse. Les fantassins allemands en font les frais, et certains officiers germaniques pensent avoir à faire à des mitrailleuses lorsque les Tommies font usage de leur arme. D’autre part, le chargeur peut embarquer jusqu’à dix cartouches de calibre .303 british, faisant de ce fusil un parfait compromis entre puissance de feu et précision. Ses nombreuses déclinaisons permettent d’y ajouter des accessoires, comme une lunette de précision, ou de le modifier, comme dans sa version Jungle Carbine plus courte.
Le fusil de Francoise est un Lee-Enfield modèle Mark III créé en 1917. C’est une version améliorée, conçue pour la guerre. Son allure particulière lui a valu le surnom de « nez de cochon ». Même s’il s’agit d’un modèle datant de plus d’un siècle, ce fusil reste une arme dangereuse ! Elle est classée en catégorie C, ce qui signifie que sa détention est soumise au fait que le casier judiciaire du propriétaire soit vierge, et qu’il possède un permis de chasser ou une licence de tir sportif en cours de validité. Les munitions .303 british ne sont d’ailleurs disponibles que pour le tir sportif. Votre modèle, Françoise, semble complet bien qu’il manque la bretelle ; le bois et le métal sont en excellent état. Bien que ce ne soit pas une arme très rare, les collectionneurs apprécient le Lee-Enfield pour ses qualités et son héritage historique. Sera-t-il à l’honneur pour le couronnement de Charles III ? Soyez devant vos petits écrans ! Quoi qu’il en soit votre arme pourrait trouver amateur aux enchères aux alentours de 600 euros. Une belle somme pour ce fleuron de l’industrie d’armement britannique.