La coupe du concours agricole de 1873
Vendredi 26 janvier 2024
par la Maison Christofle
Maison Christofle, sous la direction de Paul Christofle (Français, 1838-1907)
Important trophée de prix décerné à Monsieur Louradour à Mirandol, 1873
en argent, décerné par le Ministère de l'agriculture, du commerce et des travaux publics. Il est coiffé d’une ronde-bosse de la déesse Cérès reposant sur un socle avec l’inscription "CONCOURS GÉNERAL AGRICOLE DE CAHORS / DÉCERNÉE A Mr LOURADOUR A MIRANDOL". La coupe présente un décor estampé de quatre scènes des travaux des champs légendées "PATURAGE, MOISSON, VENDANGE, LABOURAGE". Le bord est souligné de l’inscription « MINISTERE DE L'AGRICULTURE DU COMMERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS MDCCCLXXIII ». Le fût fuselé et cannelé dans un entourage de pampres de vigne est terminé par des gerbes de blé. La base circulaire est composée d’un bœuf, un bélier, une brebis et une faucille en ronde-bosse. Repose sur quatre pieds à enroulements feuillagés ajourés, richement décorés et ciselés de bouquets de feuilles.Poinçon Minerve 1er titre.
Poinçon d'orfèvre "CC" avec une abeille surmontée de trois étoiles pour Christofle et Cie, insculpté en 1853.
Signé "CHRISTOFLE Ft (fecit) 1873".
D'après un modèle des sculpteurs Eugène Capy (Français, 1829-1894) et Pierre-Louis Rouillard (Français, 1820-1881).
Haut. 65 Diam. du plateau 41,5 cm.
Poids 9.050 g.
Christofle, under the direction of Paul Christofle, 1873. An impressive silver trophy awarded by the French Ministry of agriculture to the winner of the 1873 Cahors Concours Général Agricole. After a model by Eugène Capy and Pierre-Louis Rouillard.
Bibliographie : Yves Badetz in Daniel Alcouffe (dir.), "L'Art en France sous le Second Empire", cat. exp. Paris, Grand Palais, 11 mai - 13 août 1979, Paris, Ed. RMN, Notice 79.
Un des premiers trophée agricole
Le symbole de la renaissance française
Décerné en 1873 à l'occasion du concours agricole de Cahors, ce trophée, qui est l'un des premiers remis en France après la défaite de 1870, devient le symbole de la renaissance française. Ce concours s’inscrit dans une volonté de valorisation des produits de l’agriculture, à la suite de celui organisé depuis 1843 à Poissy, puis sous le Second Empire, et qui se prolonge aujourd’hui porte de Versailles. Remettant cette « coupe d’argent d’une valeur de 3.500 francs à Monsieur Louradour du domaine de Mirandol pour les magnifiques résultats obtenus […], par la mise en pratique, depuis plus de vingt ans, des principes de la science agricole enseignée à Grignon », le Préfet du Lot souligne « qu’au sortir des épreuves qui ont si douloureusement assombri les années précédentes, au milieu des circonstances graves du temps présent, n’est-ce-pas un consolant et fortifiant spectacle que celui du fécond travail des agriculteurs de France ? ». L’exploitant de la commune de Martel est récompensé de la Prime d’honneur du Prix cultural de Première catégorie.
La Maison Christofle sur le devant de la scène
Le modèle de notre trophée est présenté pour la première fois à l'Exposition Universelle de Londres de 1862. Outre Charles Christofle, qui obtient à l'occasion de cette manifestation une nouvelle distinction, les sculpteurs Eugène Capy et Pierre-Louis Rouillard collaborent à la réalisation de cette importante pièce d'orfèvrerie. Le premier livre le modèle de Cérès tandis que le second s'investit dans la réalisation des animaux et, vraisemblablement, des bas-reliefs. Il semble cependant que le prototype de cette pièce ait été conçu au moins un an auparavant, comme le laissent suggérer les recueils photographiques des pièces d'orfèvrerie de la maison Christofle (archives Christofle). Au Salon de 1861, Charles Christofle expose effectivement une "coupe or et argent " donnée par le Ministère de l'Agriculture aux concours régionaux de la même année. Comme pour notre trophée, Eugène Capy participe à ce projet et collabore à celui du surtout de l'hôtel de ville ainsi qu’à celui, en bronze doré, de Napoléon III. En revanche, le sculpteur Auguste Madroux, qui prête son concours au prototype, est remplacé par Pierre-Louis Rouillard, qui contribua notamment au décor sculpté du Louvre.Une inspiration néoclassique
La figure de Cérès est ici traitée dans le style néo-classique, les drapés aux plis tombants ou la couronne de laurier, rappelant entre autres l'art de l'antiquité. Cette coupe offre ainsi un répertoire stylistique composite : les bas-reliefs apposés sur son pourtour sont traités avec réalisme, tandis que le bœuf et les moutons sont représentés avec naturalisme. Quoi qu’il en soit, comme le souligne Yves Badetz, conservateur en chef du patrimoine, les motifs figuratifs de ce trophée se retrouvent dans d'autres pièces destinées à être offertes à l'occasion de concours agricoles, telle la Cérès, éditée seule pour être placée sur un marbre, ou la scène de labour, qui orne le socle d'un prix coiffé d'une figure de laboureur.Philippe Rouillac avec Brice Langlois