Le Christ devant les instruments de la Passion des Le Nain classé trésor national
Mercredi 18 avril 2018
La Tribune de l'Art, Didier Rykner
Le Christ devant les instruments de la Passion des Le Nain classé trésor national
Les Frères Le Nain
Jésus enfant agenouillé devant les instruments de la Passion.
Huile sur toile
72 x 59
Classé trésor national
France, vente Rouillac 10 juin 2018
Jésus enfant agenouillé devant les instruments de la Passion.
Huile sur toile
72 x 59
Classé trésor national
France, vente Rouillac 10 juin 2018
16/4/18 - Trésor national - Le Nain - Le décret n’est pas encore paru au Journal Officiel, mais le Le Nain (dont beaucoup pensent désormais qu’il s’agit d’un Matthieu Le Nain, et sans doute d’un de ses plus beaux tableaux), présenté par Éric Turquin récemment pour une vente le 10 juin par l’étude Rouillac (voir la brève du 23/3/18), s’est vu refuser temporairement son certificat d’exportation, ce qui signifie l’intention (théorique) de l’État d’entrer dans une négociation pour son achat éventuel par un musée français.
Incontestablement, cette décision - prise après présentation devant la Commission consultative des trésors nationaux - est logique, tant cette œuvre nous paraît répondre exactement aux critères définis par la loi.
Deux hypothèses doivent maintenant être envisagées : soit l’étude Rouillac et le vendeur décident de maintenir la vente prévue, l’État étant libre de préempter la toile (s’il ne la préemptait pas, le tableau serait néanmoins toujours soumis après la vente aux mêmes prescriptions qu’avant, à savoir qu’un acheteur éventuel ne pourrait pas l’exporter avant trente mois, et celui-ci se substituerait au vendeur actuel pour les négociations éventuelles avec l’État). Soit la date de la vente est repoussée après la fin de la procédure, comme cela avait été le cas par exemple pour le dessin de Léonard de Vinci (voir l’article), le tableau attribué à Caravage ou les deux toiles de Fragonard ( voir la brève du 15/5/17).
L’estimation donnée par le cabinet Turquin pour une vente publique était de 3 à 5 millions d’euros. Il s’agira sans doute de la base de négociation avec l’État pour le cas où le tableau ne serait pas vendu le 10 juin aux enchères.
Nous avons déjà plusieurs fois sur ce site expliqué pourquoi ce système de trésors nationaux nous paraissait aussi nécessaire que bancal dans sa conception actuelle. ll sera particulièrement intéressant de voir ce qui se passera pour ce tableau dont on ne peut imaginer qu’il ne finisse pas par rejoindre un musée français, soit le Louvre, soit même un des grands musées de province qui n’ont pas aujourd’hui de Le Nain dans leur collection.
Terminons cet article en rappelant que le Judith et Holopherne attribué « possiblement » à Caravage pourra obtenir son certificat d’exportation (si l’État français ne fait pas de proposition d’achat) le 25 septembre prochain. Il n’y a, selon nos informations, aucune chance que le Louvre ne s’en porte acquéreur. Si cette décision nous semble sage compte tenu des doutes que beaucoup de spécialistes émettent sur son autographie, cette affaire démontre que la procédure actuelle n’est pas bonne : en l’absence d’une volonté réelle d’acquisition, le ministère de la Culture devrait pouvoir renoncer à bloquer l’accord du certificat avant les 30 mois requis. De la même manière, on ne comprend pas pourquoi le dessin de Léonard de Vinci a été classé trésor national alors que là encore (et malgré son caractère autographe indiscutable) il n’y a aucune intention réelle d’achat de ce dessin (heureusement, d’ailleurs, comme nous le disions dans notre article).
Didier Rykner, lundi 16 avril 2018
P.-S.
18/4/18 : Après la publication de cet article une source nous indique que l’achat du dessin de Léonard de Vinci serait finalement envisagé par le Louvre. Souhaitons que cela ne soit pas le cas...