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Prendre la mer au fil des pages

Samedi 21 septembre 2024 à 07h
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Cette semaine, Jean-Pierre de Bourré soumet à notre expertise un ouvrage de marine ; l’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus à ce sujet, alors que les Journées Européennes du Patrimoine se déroulant ce weekend sont placées sous le signe du patrimoine maritime.



Comme le disait Aristote : « Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer ». En effet, le marin prenant la mer peut tout à la fois revenir en vie, faire fortune ou s’y perdre corps et âme, d’où sa symbolique de commencement et de fin, de frontière entre la vie et la mort.

Depuis l’Antiquité, le contrôle des mers s’avère fondamental : les Etats se doivent en effet de disposer d’une flotte puissante, non seulement pour défendre leurs côtes mais aussi pour protéger les routes maritimes empruntées par ses navires de commerce. Le véritable essor des flottes permanentes a lieu au XVIIe siècle, période durant laquelle le commerce international connait son âge d’or et où le contrôle des mers revêt donc une importance accrue. L’efficacité de la marine peut également retourner le cours d’une guerre perdue d’avance lors de batailles navales décisives, comme celles de Salamine, de Gravelines ou de la plus célèbre d’entre elles, la bataille de Trafalgar.

Le développement des marines officielles donne naissance à un nouveau genre pictural : la « marine », dont le cœur est la représentation de navires en mer ou au port. On pense ainsi à la série des Vues des ports de France, réalisée par Joseph Vernet sur commande de Louis XV à des fins documentaires. On assiste également à l’apparition de véritables dynasties de peintres de marine, comme celle des Roux, à Marseille, le père, Ange-Joseph Antoine Roux (1765-1835) et ses trois fils Antoine, Frédéric, et François étant considérés comme les inventeurs du « portrait de navire ».

Le benjamin, François, est d’ailleurs nommé peintre officiel de la Marine en 1875. Ce titre, créé en 1830, offre différents avantages : outre l’assurance de recevoir des commandes, le peintre obtient un grade militaire, un accès aux bâtiments de la Marine nationale et le droit d’apposer une ancre de marine à côté de sa signature. Grâce à cette fonction, signe de reconnaissance du talent du peintre, l’institution se procure des représentations à vocation artistique, documentaire et pédagogique.

Votre ouvrage, Jean-Pierre, compile les reproductions d’œuvres de la famille Roux. Malgré quelques rousseurs, votre livre semble en bon état, mais au vu du nombre important d’exemplaires édités, on se doit de rester raisonnable quant à son estimation, que l’on peut fixer autour de 20 euros. Une somme modeste, mais qui vous permettra de vous offrir un bon petit plat au restaurant du Musée National de la Marine, qui organise des activités exceptionnelles - et gratuites - à l’occasion de ces Journées Européennes du Patrimoine !
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