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Alouette, gentille alouette…

Samedi 16 novembre 2024 à 07h

Cette semaine, Fabien, de Selles-sur-Cher, nous interroge sur un surprenant miroir aux alouettes ; l’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cet outil.



L’actualité cynégétique est l’objet de débats concernant le maintien ou non de certaines pratiques de chasse notamment pour le petit gibier, telle que la chasse au filet. D’autres pratiques sont interdites depuis la fin des années 1980 dans l’ensemble de l’Union Européenne. Parmi elles figure l’interdiction de l’utilisation de dispositifs lumineux pour la chasse tels que, le miroir aux alouettes.

L’objet de cette semaine en est justement un. Il est composé d’une partie mobile terminée par deux ailettes où sont placés des miroirs circulaires de différentes couleurs : blanc, rouge, bleu et, vert. Il est monté sur un axe en bois tourné, fixé sur un socle par une liaison en laiton. La corde en partie supérieure de l’axe permet de le faire tourner rapidement en restant à distance afin de ne pas effrayer le gibier.

La chasse aux alouettes à l’aide d’un miroir est une tradition ancienne remontant au moins au XVIIe siècle. Jean de la Fontaine écrit ainsi dans sa fable intitulée L'Oiseleur, l'Autour et l'Alouette : « Un Manant au miroir prenait des Oisillons.
Le fantôme brillant attire une Alouette ». Toutefois, il est très probable que cette pratique était déjà courante depuis bien plus longtemps, ce qui permet à l’auteur d’y faire une référence immédiatement compréhensible par son lectorat souvent chasseur lui-même. Ce type de miroir étant assez artisanal dans sa conception, on peut penser que cette pratique était répandue dans les différents milieux de la société.

La grande période pour ce type de chasse est néanmoins le XIXe siècle, durant lequel toute une industrie va se mettre en place, avec une importante diversification des miroirs. Ainsi, outre les traditionnels miroirs actionnés manuellement, on trouve aussi des miroirs mécaniques, électriques ou encore à gaz. Cette diversification est notamment due à la Révolution industrielle, qui permet le développement d’inventions dérivant dans divers domaines notamment celui de la chasse. Cette pratique se retrouve encore dans les campagnes françaises jusqu’à l’après-guerre, période devant laquelle apparaît l’expression « miroir aux alouettes » employée pour parler d’une chose séduisante mais trompeuse, synonyme de piège.

Votre miroir, Fabien, semble être une production de la première moitié du XXe siècle, en très bon état. Compte tenu du nombre important de ce type de pièces en circulation, il convient de rester prudent quant à son estimation que l’on peut fixer autour de 30 à 50 euros. Une somme certes modique, mais qui vous permettra de vous offrir une paire de jumelles pour observer les oiseaux, à défaut de les chasser !
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