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Un porte-monnaie en réduction

Samedi 23 novembre 2024 à 07h

Cette semaine, une fidèle lectrice soumet un porte-monnaie en céramique à l’expertise de notre commissaire-priseur : l’occasion pour Philippe Rouillac de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de ce trésor.



Attention au porte-monnaie lors du Black Friday ! Depuis 2013, nous profitons en France de cet événement mercantile importé des États-Unis, durant lequel les commerçants pratiquent des prix cassés. Traduit littéralement de l’anglais en « Vendredi noir », il se tient le jour suivant Thanksgiving et lance le top départ des achats de Noël !

Ni en cuir, ni en tissu, le porte-monnaie de notre lectrice serait en porcelaine blanche rehaussée de dorure et décoré d’un moineau blanc perché sur une branche fleurie de marguerites, dont les disques sont rehaussés de strass. Pour vérifier la matière, n’hésitez pas à prendre une lampe pour examiner sa translucidité. Si la lumière passe à travers, l’œuvre est bien en porcelaine. Dans le cas contraire, elle est en faïence. Cette caractéristique a fasciné les Européens jusqu’au XVIIIe siècle, le secret de sa fabrication étant en effet précieusement conservé par les artisans chinois depuis le VIIe siècle. Si la porcelaine est importée, notamment par les marchands des Pays-Bas ou de Venise, c’est dans les contrées germaniques que Johan Bottger dévoile son mystère, entre 1708 et 1709. La translucidité est obtenue par l’emploi du kaolin, dont la région de Saxe est riche. On parle ainsi de porcelaine à « pâte dure », par opposition à la porcelaine « tendre », à la recette plus complexe et permettant l’utilisation de couleurs moins variées. Si l’objet de notre lectrice est bien en porcelaine, c’est à coup sûr de la porcelaine dure, la pâte tendre ayant pratiquement disparue et n’étant même plus utilisée à Sèvres depuis 1804 !

C’est donc une matière bien étonnante pour un porte-monnaie. À l’intérieur, deux charnières en métal doré permettent son ouverture et sa fermeture. Est-ce à croire qu’il peut être utilisé tous les jours ? Probablement pas : nous risquerions de casser la tirelire, au sens littéral du terme ! À défaut de localisation quant à sa fabrication, la signature en haut à droite ne pouvant être identifiée, elle reste celle d’un artisan du XXe siècle.
Cet objet est purement décoratif. Mais comme toute pièce de collection, elle n’est pas dénuée d’intérêt, dans le sens où elle s’inscrit dans la grande tradition des objets précieux de poche du XVIIIe siècle. « Tabatière d’or, bonbonnière enrichie de perles fines, étui d’or, lorgnette superbe, mouchoirs de batiste de la plus grande finesse » tels sont les objets que Casanova trouve dans les poches. À titre d’exemple, nous pensons évidemment à la tabatière du Duc de Choiseul, acquise par le Louvre pour la somme de 3.900.000 €.

Le porte-monnaie en porcelaine de notre lectrice est un objet sympathique, pouvant être estimé entre 20 et 40€. Vous pouvez partir tranquille ou dormir sur vos deux oreilles, il n’attirera pas la convoitise des voleurs, à la différence des tabatières volées cette semaine lors d’une exposition organisée au musée Cognacq-Jay à Paris. Souhaitons qu’elles soient retrouvées !
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