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Des vœux très pressés

Samedi 04 janvier 2025

Cette semaine, Michel nous adresse la photographie d’une petite presse à relier. L’occasion pour notre commissaire-priseur, Philippe Rouillac, de nous en dire un peu plus sur l’histoire de cet objet.



Cette petite presse nous parle d’un temps que les moins de 20 ans ont dû mal à connaître : celui du papier. À l’heure du numérique, où le nombre de lettres distribuées par La Poste ne cesse de décroître, tout comme le nombre de livres vendus (-1,8% en 2024), il devient difficile pour notre jeunesse d’envisager un monde où le papier est roi. On se prend donc à rêver quand on observe cet objet !

La presse à relier de notre lecteur est tout à fait traditionnelle. En fonte et de forme quadrangulaire, celle-ci est dite « à vis ». Le levier permet de régler la hauteur de la platine et donc la pression exercée sur le papier et la reliure. Après avoir préparé l’ensemble des feuillets ainsi que le premier et deuxième plat de la couverture, on exerce une certaine pression, permettant le collage ou la couture. Une fois cette étape terminée, le livre n’est pas immédiatement retiré, afin que la colle sèche et durcisse.

Pour autant, cet outil n’est pas celui d’un maître relieur. Avant l’apparition des photocopieurs dans les entreprises, chaque document rendu est à envisager comme une petite œuvre de présentation, souvent réalisée à la main. Qu’il s’agisse de rapports pour l’administration, de documents officiels ou d’ouvrages reliés pour la clientèle, la qualité de la reliure fait partie de l’image que l’on souhaite renvoyer. La plaque apposée sur l’instrument le confirme : « Articles de bureaux / Richard Frères / Orléans ». On retrouve la mention de cette entreprise dans des archives du XIXe siècle, sans que celles-ci ne soient très parlantes.

En ce début d’année, il est évident de « relier » cet outil à la tradition de l’envoi des cartes de vœux, coutume née en Angleterre au milieu du XIXe siècle. Et pour cause, le royaume de sa Majesté est celui où naît le timbre-poste. Avant la création du « Black Penny », le coût de l’affranchissement était en effet payé par le destinataire. Le facteur effectuait donc régulièrement un travail pour lequel il n’était pas rémunéré. C’est à cette période que se diffuse plus largement la technique de la lithographie, après son invention en Allemagne en 1796 par Aloys Senefelder. C’est dans ce contexte qu’en 1843, Sir Henry Cole crée la première carte de Noël et de Nouvel An commerciale illustrée et imprimée en série. Au XXe siècle, notamment dans les années 1920-1930, l’envoi de cartes de vœux atteint son apogée, soutenu par un service postal performant et rapide. Les cartes de vœux deviennent un moyen formel et élégant d’exprimer ses bons souhaits. Aujourd’hui, si les messages numériques ont pris le dessus, cette tradition ne s’est pas perdue, et il est toujours agréable de recevoir une carte manuscrite accompagnée d’un mot personnalisé, porteur de bonnes intentions.

Estimée autour de 50 €, la presse à relier de Michel, nous invite maintenant à vous souhaiter nos bons vœux pour cette nouvelle année 2025 : santé, bonheur et prospérité !
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