Au miroir des 100 ans de l’Art Déco
Samedi 26 avril 2025 à 07h
Cette semaine, Marie France de Chambon-sur-Cisse soumet un miroir à notre expertise ; l’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cet objet.

Le lundi 28 avril, nous fêterons les 100 ans de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, qui s’est déroulée à Paris entre le 28 avril et le 30 novembre 1925. Avec cette exposition, un souffle nouveau est impulsé à la création. Nommé « Art Déco » en référence à cette exposition, ce mouvement se veut empreint de modernité. Il repose sur trois piliers : une construction inspirée des styles anciens épurés, un recours à la ligne géométrique et des matériaux nobles. Des techniques anciennes ou extra-européennes sont aussi employées comme la laque, la dinanderie ou encore le fer forgé, privilégié par les créateurs Raymond Subes et Edgar Brant.
Il est justement question de fer forgé avec l’objet de cette semaine, un miroir de forme octogonale aux bords biseautés. Les montants du cadre sont en fer martelé et un câble d’acier permet de le fixer au mur. Au vu de vos photographies, il semble être d’une taille moyenne, d’une quarantaine de centimètres de haut sur une soixantaine de centimètres de large.
Votre miroir n’est pas sans rappeler l’œuvre du grand ferronnier de la période Art Déco, Edgar Brandt. Formé dans un premier temps à Vierzon, celui-ci s’installe à Paris dès 1902 pour y poursuivre sa carrière. Reconnu dès 1919 date à laquelle on lui commande le brûloir de la Flamme du souvenir du Soldat inconnu, il obtient une véritable consécration internationale lors de l’exposition de 1925 où il travaille avec Ruhlmann à la réalisation de l’Hôtel du Collectionneur. Cette reconnaissance va lui permettre d’ouvrir sa propre galerie à Paris, où il expose ses créations et celles d’autres artistes comme Pompon, Sandoz ou Jean Dunand. Il ouvre aussi une galerie à Londres et une succursale à New York lui permettant de diffuser l’esthétique Art Déco aux Etats Unis, laquelle va avoir un fort impact sur l’architecture américaine. En effet, certains des plus célèbres monuments de la Grosse Pomme sont réalisés dans ce style, à l’instar de l’Empire State Building ou la Bourse de Wall Street, dont la décoration comporte des éléments en fer forgé. Toutefois, ce mouvement sera bref puisqu’il subira deux coups de boutoir avec la crise de 1929 et la Seconde Guerre Mondiale, qui conduiront à son déclin faute de commanditaires et un changement de goûts.
Si votre miroir, Marie France, pourrait se rapprocher du travail de ce ferronnier, il semble toutefois plus simple dans sa décoration que les pièces que l’on connait de lui. Il faudrait l’examiner de visu afin de s’assurer qu’il ne porte pas de signature. Pour l’heure, il serait possible de l’estimer autour de 100 euros, sous réserve d’une bonne surprise s’il s’avérait signé. De quoi vous offrir un petit séjour en région parisienne pour visiter le musée de Boulogne-Billancourt consacré aux années 1930 et vous replonger dans cette histoire brève mais fascinante.