arts+design #5
Lot 12
attribué à Alexander Calder (Américain, 1898-1976)
Le cirque, acrobate
Cuivre torsadé.
Haut. 12,5 cm.
Provenance:
- maquette offerte par Alexander Calder à Christian Quenault, ouvrier à l'usine tourangelle Biémont entre 1969 et 1972.
- la fondation Calder, qui conteste l'authenticité de cette uvre, a été déboutée dans ses prétentions par le Tribunal correctionnel de Paris (4 juin 2013), par la Cour d'Appel de Paris (4 mars 2015) et par la Cour de Cassation (9 juin 2015), plus haute juridiction française.
Bibliographie en rapport: "Les Calder de Quenault aux enchères", maison de ventes Rouillac, Tours, 2019 puis Vendôme, 2020.
A rapprocher du travail de Calder dans "Le Cirque" réalisé entre 1926 et 1931 et illustré par la "Famille de cuivre, The Brass Family".
LES DERNIERS CALDER QUENAULT
La vente de ces sculptures offertes par laméricain Alexander Calder à un jeune tourangeau de lusine Biémont est le dernier acte dune longue histoire qui démarre au début des années 1970. Prenant en sympathie Christian Quenault, tout juste âgé de vingt ans, qui lassistait jusque dans son atelier de Saché, notamment pour souder et faire du rangement, Calder lui offre dans des caisses en bois ce quil présente alors comme « un vieux cadeau ». Le temps passant, les caisses aux fils de fers entortillés sont oubliées dans une cave familiale humide. Elles sont ressorties à loccasion de la splendide exposition « Calder en Touraine », organisée par feu lami Alain Irlande au château de Tours en 2008.
Las
la Fondation Calder, qui réunit les intérêts des descendants du sculpteur, demande la saisie des uvres et leur destruction pour contrefaçon. Le marathon judiciaire qui sensuit dure huit ans. Il se termine devant la Cour de Cassation, la plus haute juridiction française, laquelle déboute définitivement la Fondation en 2015. Larrêt de la cour dAppel de Paris est ainsi confirmé, lui qui concluait: « à lissue dune instruction particulièrement complète, tant préparatoire quà laudience, rien ne permet détablir sérieusement que les uvres contestées seraient des contrefaçons et quelles nauraient pas été remises à titre de libéralité par Alexander Calder à Christian Quenault ».
Après avoir présenté aux enchères cet ensemble de sculptures par groupes de trois depuis 2019, mais aussi lors de ventes privées, voici venu le moment de présenter les derniers témoignages de cette histoire étonnante. Le musée des Arts Forains, représenté par Jean-Paul Favand, a été le premier à acquérir des pièces du Cirque, montrant par là même que les arts circassiens participent pleinement de laventure de lart moderne. Une collectionneuse privée tourangelle, mais aussi un marchand dart londonien ou encore une collection dentreprise lyonnaise lui ont à leur tour emboîté le pas. Reconnaissant le travail de lartiste derrière la patine oxydée, ils ont pris le parti denchérir sur des sculptures « attribuées à » Calder, conformément à la réglementation, ce qui permet de tenir compte de la divergence dopinion entre la justice française et une fondation américaine.
Les uvres aujourdhui offertes au feu des enchères sont les dernières que conservait Christian Quenault en Touraine. Deux acrobates rappellent les débuts de Calder, animant pour ses amis un fabuleux cirque au début de son séjour à Paris, dans les années 1920. Deux bougeoirs illustrent lexercice dentortillage de fils de fer qui marquait tant ceux qui ont côtoyé le sculpteur. Deux importantes sculptures, enfin, témoignent du travail commencé avec le groupe Abstraction-Création et montré en 1931 à la galerie Percier. Calder déclarait alors: « Devant ces nouvelles uvres transparentes, objectives, exactes, je pense à Satie, Mondrian, Marcel Duchamp, Brancusi, Arp, ces maîtres incontestés du beau inexpressif et silencieux ».
Il ny aura plus dautres « Calder de Quenault » présentés pour la première fois aux enchères. Cest maintenant lultime occasion pour les amateurs dacheter une uvre de lun des plus grands sculpteurs du XXe siècle blanchie par la plus haute juridiction française. Leur mise à prix symbolique sélève à 10.000 euros. Gageons que lintérêt dans lavenir pour ces pièces historiques sera à leur image: mobile et aérien!
Aymeric Rouillac
Sold: 1 000 €