Lot 1
CHINE - Époque MING (1368-1644)
Importante statuette du bouddha Sakyamuni, dit "le bouddha historique",
en bronze doré, assis en padmasana, position du lotus, sur un socle en forme de fleur de lotus, la main droite en bhumisparsa mudra, geste de la prise de la terre à témoin, la main gauche en dhyana mudra, geste de méditation. Vêtu d’une robe finement ciselée couvrant les deux épaules, à décor de bandes de frise de lotus dans leurs rinceaux gravés le long de l’ourlet, le visage serein, esquissant un léger sourire, les yeux entrouverts surmontés de l'urna, les cheveux relevés en chignon agrémentés de l'ushnisha, protubérance crânienne, les trois plis de la sagesse au cou, une swastika incisée sur le chakra du cœur sur sa poitrine à nue, le dharmachakra, roue de la loi, gravée sous chaque plante de pied.
Haut. du bouddha : 36,8 cm.
Haut. du socle : 13,3 cm
Haut. totale : 46,2 cm. (Usure de la dorure).
PROVENANCE
- collection du capitaine Georges Pannetier (1876-1955), engagé volontaire en 1895, puis dans l'infanterie de marine devenue troupes coloniales. Il sert en Chine, au sein du 16e régiment d'infanterie coloniale, du 21 juin 1907 au 6 juillet 1909 puis du 11 janvier 1911 au 23 novembre 1914. Blessé pendant la première guerre mondiale, il sera croix de guerre, chevalier en 1915 de la Légion d'Honneur, officier en 1920 puis commandeur en 1952. Il était domicilié 6 rue de Bonnefonds à Dierre (Indre-et-Loire).
- donné en 1952 en en mentor à un jeune ami tourangeau, qui le met en vente aujourd'hui.
CONSIGNATION
pour enchérir : 15 000 euros.
Tél. 01 45 44 34 34.
EXPOSITION PRIVÉE CHEZ L'EXPERT
Cabinet Portier - 26 Bd Poissonnière, 75009 Paris.
Jusqu'au 6 décembre sur rendez-vous.
Tél. 01 48 00 03 41.
PRÉSENTATION PAR LE CABINET D'EXPERTISE PORTIER
Le bouddha Shakyamuni, signifie « le Sage des Shakyas », il a pour mission de purifier les actes négatifs accumulés pendant 10 000 kalpa. Il s’agit de l’un des thèmes le plus traités dans l’Art Bouddhique.
La forme iconographique de ce bronze, du bouddha historique assis faisant le geste de la main droite de prise de la terre à témoin, en
bhumisparsa mudra, corrobore à l’épisode de sa vie, où assis sous l’arbre de
pipal en méditation, il triomphe juste avant son illumination sur Mara, le démon tentateur:
Shakyamuni médite sous l’arbre du
bhodi afin d’atteindre l’éveil, car il a juré de pénétrer les mystères de l’existence. Pendant quarante neuf jours, il repousse les ruses et les assauts de l’esprit tentateur de Mara et de ses filles. Mara incarne le désir et cherche à détourner le bouddha Shakyamuni de sa quête spirituelle. Cependant, Shakyamuni résiste sans jamais faillir aux tentations, dans la continuité de sa méditation, il fait le geste de la prise de la terre à témoin de sa main droite, et s’exclame « La terre est mon témoin ». Par ce geste et ces paroles, il montre sa force et sa détermination absolue, il démontre qu’il a enfin trouvé le chemin vers l’illumination avec la terre comme témoin de son éveil spirituel. Il passe de l’état de boddhisattva, Etre parvenu au stade de l’éveil, à celui de bouddha, l’Eveillé.
Sous les dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1645-1912), les statues de bouddha en bronze étaient principalement faites de cuivre rouge, de laiton, de bronze et de cuivre. Ceux de la dynastie Ming étaient pour la plupart en cuivre rouge, avec un touché doux et un poids modéré. La méthode principale est celle de la cire perdue. Le moule en cire est d’abord fabriqué, puis une couche d’argile spécialement préparée est uniformément enduite sur la surface du moule en cire, puis la sortie du liquide de cire est réservée au fond.
Constitué en deux parties, surélevé sur une base en forme de double lotus, ce bouddha et sa base en bronze doré sont finement ciselés et repoussés. Le visage harmonieux et serein, les yeux entrouverts regardant vers le bas, ils symbolisent la surveillance continuelle du boddhisatva sur l’humanité. Ce type de visage de Bouddha est typique de la dynastie Ming : dodu avec un front et des pommettes larges, un visage rond, de longs lobes d’oreilles charnus, symbole du renoncement à la vie matérielle et de son dévouement à une vie spirituelle, les traits du visage bien proportionnés, le menton surligné, les paupières légèrement baissées surmontées de l’
urna, une expression du visage calme et douce, la bouche esquissant un léger sourire, signe de compassion, le cou orné des trois plis de la sagesse, les épaules carrées larges, le buste droit. Il porte un manteau monastique finement plissé épousant les gestes du corps, à décor gravé en bordure de rinceaux de fleurs de lotus, qui laisse apparaitre son buste incisé au niveau du chakra du cœur du svastika, signifiant bonheur et prospérité. Dans le bouddhisme, le svastika symbolise la roue de la loi. En Chine, le
svastika, symbolise le chiffre 10 000, reflet de l’infini, représentation de l’éternel qui se révèle dans l’esprit du bouddha. Dans le bouddhisme Chan, courant dominant sous la dynastie Ming, le
svastika incarne le « Sceau de l’Esprit de Bouddha »,
Busshin-In. Les mains et les pieds des statues de Bouddha de la dynastie Ming sont vifs et réalistes, avec des doigts fins et doux. Les orteils sont pleins et de forme hémisphérique. Ici, la plante des pieds est incisée de la roue des enseignements du bouddha, dite « dharmachakra », « la roue du changement ». Elle se réfère à la transformation soudaine et immédiate spirituelle déclenchée par les enseignements du bouddha à travers les quatre vérités, le noble sentier octuple et la voie du milieu.
Le socle en forme de lotus figurant le trône de bouddha traduit ce vers quoi doit tendre la vraie nature de l’Homme : le lotus qui nait de la vase ne peut pas être souillé par elle, qui représente la boue du monde, le
samsara (cycle des renaissances) et l’ignorance (
Avidayâ). La vraie nature de l’Homme se réalise alors par l’illumination, le
Bhodi.
Amélie Rolin
Cabinet Portier
Adjugé : 90 000 €