Lot 52
attribué à la maison Marquis
Exceptionnel lustre aux joueurs de cymbales
en bronze doré, ciselé et amati à 35 lumières. La petite couronne est décorée de grappes de raisin en alternance de feuilles d'acanthe. Trois putti aux cymbales entourent la colonne cannelée supportant cinq bras de lumière en enroulements terminés par des angelots tenant chacun une guirlande de fleurs. Cinq médaillons aux portraits d'enfants rythment la couronne centrale.
Travail du Second Empire de style Louis XIV.
Haut. 136 Diam. 135 cm.
(non électrifié, légèrement tordu, un élément à refixer, manque probablement ses pendeloques en cristal)
Provenant du château dun ancien maire de Chartres sous la Restauration
Bibliographie :
- A.N. : O 1679, mémoire du 15 juin 1853 ; gal. du Garde-Meuble : Aj 687, 2 août 1855, entrée n°56 (Marquis n°4), s.n° ; inv. du Palais-Royal : AJ 134, 1856, n°180.
- Pierre Arizzoli-Clémentel et Jean-Pierre Samoyault, Le Mobilier de Versailles, chefs doeuvre du XIXe siècle, éditions Faton, 2009, p. 436-437.
- Marie-France Dupuy-Baylet, « De Bronze et de Cristal, objets dameublement XVIIIe - XIXe siècle du Mobilier National », éditions Faton, 2020, p. 300-301.
- Hans. Ottomeyer, « Vergoldete Bronzen », vol. I, Munich, 1986, p. 238, fig. 4.4.1.
- Pierre Verlet, « Les bronzes dorés français du XVIIIème siècle », Picard, 1987, p. 91-92 et p. 340, fig. 101.
Louis-Auguste Marquis (1811-1885) fabricant de bronzes sassocie en 1839 à Gilbert-Honoré Chaumont (1790-1868), artisan en lustrerie. Lassociation est couronnée de succès. À lExposition des Produits de lIndustrie, ils reçoivent une médaille de bronze pour la création dun ensemble composé de candélabres dans le style de la Renaissance, dune pendule et dun grand lustre à branches soutenues par des enfants et des chimères. Par la suite, la maison sinstalle au n° 25 de la rue Chapon à Paris, et déménage sous Napoléon III au 66 boulevard de Strasbourg. Caractéristique de lhistoricisme dans les arts décoratifs français, les lustres de la maison Marquis répondent à dimportantes commandes pour différents palais tels que : lÉlysée, le Palais Royal, les Tuileries, Trianon ou le château de Pau. Ces lustres sont réalisés dans différents styles : gothiques, Renaissance ou Louis-XIV. La maison devient le principal fournisseur des palais royaux et bénéficier du titre de « Fabricant du Mobilier de la Couronne ».
Notre lustre aux joueurs de cymbales rappelle un modèle comparable livré au Garde-Meuble pour le salon rouge de l'appartement du prince Napoléon au Palais-Royal, selon le mémoire du 25 mai 1853 : « un lustre à 32 lumières à 4 enfants tromp en bronze ciselé, doré, garni de cristaux ». (Mobilier National, inv. GML-3914-000). Le même inventaire nous apprend quun lustre aux musiciens, très probablement semblable à celui-ci, fut acquis auprès de la maison Marquis en 1853 pour la galerie Louis XVI de l'appartement du prince Jérôme Napoléon au Palais-Royal. L'inventaire de cette demeure dressé en 1856 n'indique pas de sortie pour ce lustre.
Les lustres à décor de joueurs de cymbales, flûtes, trompettes existent depuis le XVIIème siècle. Le château de Versailles conserve lun des premiers exemplaires dit « aux joueurs de trompette ». Ces lustres à décor denfants musiciens deviennent dès lors les modèles les plus luxueux. Et cela perdure de manière constante avec le style Louis XVI. Parmi les grands tenants de ce répertoire ornemental, citons Pierre Gouthière, dont le lustre réalisé pour le cabinet doré du château de Versailles présente trois enfants jouant de la trompe autour du fût central. Notre lustre, réalisé durant la seconde moitié du XIXe siècle, s'inspire de ces productions baroques et néo-classiques des XVIIème et XVIIIème siècles. Il témoigne de ce spectaculaire Second Empire par le foisonnement de son luxueux décor éclectique de joueurs de cymbales.
Adjugé : 21 000 €