ORANGERIE DE CHEVERNY POUR LA 19ème ANNÉE - Iacovleff - Vassilieff
Lot 231
Prince Alex-Ceslas RZEWUSKI (1892-1983)
Portrait d'homme (non identifié)
Pointe sèche, circa 1920, signé en bas à droite.
54 x 45 cm.
Issu d'une très ancienne famille russo-polonaise, le prince Rzewuski (prononcer " Gévouski") a fui la Russie après la révolution d'Octobre 1917. C'est ruiné qu'il arrive à Paris, où il ne subsiste d'abord que grâce à la générosité de quelques amis de sa soeur, la princesse Caetani.
Doué pour le dessin, il a rapidement l'idée de faire quelques portraits de ses proches. Il devient alors, en peu de temps, l'un des portraitistes mondains les plus en vogue à Paris. Cependant, très marqué par l'exil et par les avatars que la vie lui a fait connaître, cet orthodoxe décide de se convertir au catholicisme (après une rencontre avec Jacques Maritain), puis d'entrer chez les Dominicains.
Dans un geste non dénué de panache, qu'il raconte d'ailleurs dans ses très émouvants Mémoires, intitulés À travers l'invisible cristal (parus chez Plon), il décide à la fin des années 1920 d'entrer au couvent de Saint-Maximin. Parvenu sur place dans sa superbe Rolls-Royce, il demande à son chauffeur de rentrer, seul, à Paris pour y vendre son automobile et y disperser tous ses bien...
La période de production artistique d'Alex-Ceslas Rzewuski est extrêmement courte : dix années à peine. Ses oeuvres, rares sur le marché, en sont donc d'autant plus recherchées des collectionneurs Français mais aussi Russes et Polonais. Nombre d'entre elles (pointes sèches, gravures, pour l'essentiel) sont toujours en mains privées (coll. Caetani, Polignac, Ordre des frères prêcheurs). Le style de Rzewuski n'est pas sans rappeler celui du peintre et dessinateur Helleu, avec moins d'exubérance peut-être mais avec plus de sûreté et de finesse dans le trait.
Le R. P. Rzewuski o.p. est mort à Venise en 1983, au palazzo Polignac, propriété de sa cousine la princesse Winaretta de Polignac, née Singer. Il a publié plusieurs ouvrages dans lesquels il décrit le milieu artistique parisien des années 1920. On lui doit aussi la décoration de l'ermitage de la Sainte-Baume, lieu de pèlerinage traditionnel de Provence, où la tradition établit que Marie-Madeleine se serait retirée à la fin de sa vie et dont le souvenir est aujourd'hui maintenu par les pères dominicains.
David Gaillardon
Adjugé : 550 €