6ème VENTE GARDEN PARTY A CHEVERNY
Lot 190
d'une scène de personnages chinois (Lao Tse sur son buffle) à fond vert.
Le piétement d'origine, à sept pieds galbés, a un décor laqué de rinceaux et de coquilles à la Bérain, or sur fond rouge corail. Il comporte, comme c'est souvent le cas, un tiroir latéral.
Le pupitre est un pupitre français orientable (c'est-à-dire pour partitions à la française) avec deux bougeoirs et bobèches sur les côtés, selon le modèle de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Très peu ont subsisté de ces pupitres (cf. le pupitre similaire du clavecin de J. BAS, à Marseille, 1737).
L'intérieur des éclisses et l'entourage du clavier sont bordés d'un papier gravé et coloré vert et rose d'Augsbourg, signé à deux reprises: «AUGSBP.BEY¬MUNCK52 ». Il s'agit d'un « Goldbrokatpapiere », papier reliure pressé, doré et coloré fabriqué dans l'atelier de Johann-Carl MUNCK (1730-1794), fils de Munck le Jeune et principal fabriquant de papier reliure à Augsbourg (1).
La table d'harmonie est peinte d'un très joli décor de guirlandes, de liserons, d'œillets et de roses, et d'un oiseau perché sur une branche. Elle date du XVIIIe siècle.
La rosace est en papier découpé, en creux, et ornée en son centre d'une fleur en papier rattachée par un cordon. Elle est atypique des rosaces de clavecins français du XVIIIe siècle et se rapporte plutôt aux modèles de rosaces antérieurs.
Les deux claviers comportent cinq octaves du fa au fa. Le fa dièse manque, dans le grave (2). Le fa grave et lefa aigu ont été ajoutés à l'époque.
L'instrument comprend les trois jeux traditionnels: deux huit pieds et un quatre pieds (au clavier supérieur: un huit pieds; au grand clavier: l'autre huit pieds et un quatre pieds avec possibilité d'accouplement).
(1) Cf. « Carte decorate nella legatoria del'700, nella Biblioteca Casanatense » (Roma, 1989).
(2) Comme sur le clavecin de Donzelague à Lyon de 1716.
L'instrument n'est pas signé. Il porte au revers du listel les mentions manuscrites suivantes : « Réparé à Paris (anno Domini 1924) par A. et N. Masson luthiers 16 Rue des Cloys (18ème Arrt.) » et au crayon : « P. Hellen à Berne, 1759 » ; cette inscription date également de la restauration (3).
Etat mécanique :
La table d'harmonie a plusieurs fentes et est soutenue par trois barres.
Clavier inférieur :" le châssis et les soixante touches sont d'origine mais ont été restaurés et numérotés au poinçon (de un à soixante) par les frères Masson.
Clavier supérieur : 40 des 60 touches datent du XVIIIe siècle. Sur la numérotation ancienne à la plume, a été ajoutée une seconde numérotation lors de la restauration.
Le chevillier est d'origine.
Les trois rangs de sautereaux datent également de la restauration et sont numérotés au poinçon.
(3) Les frères Masson : restaurateurs habituels de Marcel Salomon au début de ce siècle; ils ont notamment restauré le clavecin de Christian Kroll (1770).
Annexe : Longueur des cordes :
Note do5 - Grand 8' = 181 mm - Petit 8' = 172mm - 4' = 82 mm
Note do4 - Grand 8' = 351 mm - Petit 8' = 336 mm - 4' = 165 mm
Note do3 - Grand 8' = 635 mm - Petit 8' = 610 mm - 4' = 329 mm
Note do2 - Grand 8' = 1044 mm - Petit 8' = 1009 mm - 4' = 578 mm
Note do1 - Grand 8' = 1472 mm - Petit 8' = 1444 mm - 4' = 868 mm
Note sol0 - Grand 8' = 1580 mm - Petit 8' = 1569 mm - 4' = 967 mm
Note fa0 - Grand 8' = 1595 mm - Petit 8' = 1585 mm - 4' = 982 mm
Origine :
L'instrument ne porte pas de signature apparente.
Toutefois, l'inscription au crayon: « P. Hellen à Berne, 1759 », bien que ajoutée plus tard, correspond sans nul doute à une inscription ancienne.
Le clavecin est certainement de provenance suisse, une origine fort rare.
La rosace, de type archaïque, la taille très courte de l'instrument, proche des clavecins du XVIIe siècle, le piétement d'inspiration lyonnaise, confirment cette origine.
Hellen (1705-1781), l'un des cinq facteurs bernois du XVIIIe siècle cités par Boalch (4).
Provenance : Château de Villehouët (Val de Loire).
Acheté à Berne.
Long. 208 cm, Larg. 87 cm, Haut. 89 cm, Haut. caisse 26 cm.
(4) L'existence au XVIIIe siècle de facteurs suisses du nom d'Hellen est mentionnée en premier lieu par F. J. Hirt dans son ouvrage Meisterwerke des Klavierbaus, Olten Urs Graf Verlag, 1955, sous trois orthographes voisines : Haehlen, Hehlen et Hellen, facteurs ayant œuvré sous l'appellation « Haehlen samt brueder » (trad. : Haehlen & Frères), de 1764 à 1772, puis de 1772(1773 à 1780 en tant que « gebrueder Haehlen, Orgelmacher » (trad. : Haehlen Frères, facteurs d'orgues).
D'autre part, D. Boalch, dans Makers rifthe Harpichord and Clavichord, Oxford, 1974, répertorie Johann Ludwig Hellen (ou Hehlen) comme facteur de clavecins et pianos à Berne (circa 1716-1781).
Ces dates sont tout à fait compatibles avec la date de 1759 relevée sur le présent clavecin. L'initiale « P. » pourrait indiquer que ce travail a été effectué par le frère de Johann Ludwig Hellen, avant l'association ci-dessus mentionnée. Les auteurs ci-dessus ne signalent aucun instrument subsistant attribué à ce ou ces facteurs.
Adjugé : 170 743 €