9ème VENTE GARDEN PARTY A CHEVERNY
Lot 98
Horace VERNET
(Paris, 1789-1863)
Le duc d'Orléans à Vendôme, sauvant un prêtre de la fureur populaire, le 23 juin 1791.
Toile.
50 × 61 cm.
Signé et daté en bas à droite H. Vernet 1817.
Provenance : Payé 1 000 F à Horace Vernet par Mlle d'Orléans, sœur de Louis-Philippe, en janvier 1818; collection de Louis-Philippe, duc d'Orléans puis roi des Français.
Bibliographie :
― J. Vatout, Galerie lithographiée de S. A. R. Monseigneur le duc d'Orléans, t. I, Paris, 1824-1829 ;
― A. Dayot, Le Vernet, Paris, 1898, p. 198 (Appendice) ;
― Catalogue de l'exposition Horace Vernet 1789-1863, Rome et Paris, 1980, cité p. 48.
Dans son recueil lithographié des tableaux du duc d'Orléans, Vatout rend compte de cette anecdote, survenue à Vendôme alors que le duc d'Orléans (alors duc de Chartres) n'était âgé que de dix-sept ans :
« En 1791, le duc d'Orléans était allé prendre le commandement du 14e régiment de Dragons. Un jour, pendant une procession conduite par un prêtre constitutionnel, la multitude voulut massacrer un prêtre insermenté qu'elle accusait d'avoir souri dédaigneusement à cette cérémonie. Le duc de Chartres eut le bonheur de l'arracher lui et son vieux père à la fureur populaire. La municipalité de Vendôme décerna au duc de Chartres une couronne civique. » Sur le moment, l'incident n'eut guère de conséquences politiques mais par la suite, avec le retour définitif d'exil du duc d'Orléans en 1817 et l'affirmation de ses prétentions à la Couronne, il fit l'objet d'une récupération habilement orchestrée, au point de devenir l'une des principales images pieuses de la propagande philippiste. Face à un Louis XVIII vieillissant et à la descendance fragile, Louis-Philippe cherchait alors à se donner l'image d'un prince libéral, juste point d'équilibre entre les abus de l'Ancien Régime et les excès de la Révolution. C'est dans ce contexte politique bien particulier que, à partir de 1817, Horace Vernet devint le peintre quasi officiel du duc d'Orléans et reçut la commande d'un ensemble de tableaux visant tous à illustrer ses actes de courage et d'humanité, comprenant également Le duc d'Orléans à l'hospice du Mont-Saint-Gothard, Le duc d'Orléans passant en revue le 1er régiment de hussards, et Le duc d'Orléans dans un paysage de Suisse. Notre tableau lui fut demandé par Mlle d'Orléans, sœur de Louis-Philippe, qui en fit cadeau à son frère (voir A. Dayot, op. cit., supra, p. 198).
Horace VERNET
(Paris, 1789-1863)
Le duc d'Orléans à Vendôme, sauvant un ingénieur des Ponts-et-Chaussées de la noyade dans le Loir, le 3 août 1791.
Toile.
50 × 61 cm.
Signé et daté en bas à droite H. Vernet 1847.
Comme pour le tableau de 1817 sur le sauvetage des prêtres réfractaires, l'anecdote illustrée ici a été montée en épingle à des fins de propagande. En effet, des divers récits de cet épisode, il ne ressort pas très clairement à qui revient, entre le duc de Chartres et son «nègre» Edouard, le plus grand mérite dans ce sauvetage !... Plus que d'exactitude historique, il s'agit encore une fois avant tout d'exalter le courage et le bienfaisance du Prince, mais cette fois-ci dans une atmosphère de règne finissant. Horace Vernet qui, depuis trente ans déjà, avait l'habitude de peindre les principaux jalons de l'existence du duc d'Orléans puis du roi des Français -que l'on pense par exemple au célèbre tableau de La bataille de Jemmapes (6 novembre 1821) (Londres, National Gallery) ou celui, exécuté à Rome en 1832, Le duc d'Orléans quitte le Palais Royal pour se rendre à l'Hôtel de Ville (31 juillet 1830) (Versailles, Musée national du Château) – se montre particulièrement à l'aise dans ce genre d'exercice. Très proche du roi, il avait été chargé en 1842 des rapprochements entre le tsar et la France et notre tableau est probablement l'un des derniers témoignages de cette longue amitié entre les deux hommes. Bien que son style se soit orienté vers le naturalisme à partir des années 1830, l'esprit romantique suggéré par le sujet demeure ici dans toute sa ferveur et sa sensibilité.