13ème VENTE GARDEN PARTY A CHEVERNY
Lot 149
ART NOUVEAU
COLLECTION LUC de NANCY
À la fin du siècle, les frères Paul et Victor Luc exploitent à Nancy, de part et d'autre du pont Malzéville, deux établissements industriels qu'ils héritèrent de leur père joseph: une tannerie – courroierie -et une fabrique d'extrait tannique où ils traitent les cuirs. En 1900, ils achètent au 25-27, rue de Malzéville une vaste parcelle prise sur la propriété Patin, ancien associé de leur père.
Ils édifièrent en 1901-1902 pour le na 25 un vaste hôtel particulier, faisant appel à un architecte parisien déjà reconnu, présenté par MAJORELLE.
C'est à ce dernier qu'est confiée toute la décoration intérieure, comme celle de l'autre villa au n° 27 en 1904-1905. MAJORELLE à l'époque est encore à la recherche de son style.
La demeure de Victor au 25, rue de Malzéville est occupée en 1903 et apparaît dès son origine comme un des chefs-d'œuvre de l'Art nouveau nancéien.
Architecture intérieure, décoration, aménagement, distribution des pièces, vestibules et escaliers sont traités par MAJORELLE et ses commanditaires avec le plus grand soin de l'ensemble comme du détail. Cheminées, boiseries, luminaires, mobilier, verrières, grilles, ferronneries, huisseries, rampes forment un ensemble des plus cohérents et élaboré au meilleur goût du jour.
Il est à noter que parallèlement, en 1901, la construction de la villa MAJORELLE par Henri SAUVAGE est lancée, second manifeste de l'Art nouveau à Nancy. Certains éléments de la rue de Malzéville sont d'une qualité exceptionnelle, égalant ceux que MAJORELLE exécuta à la même époque pour sa propre villa. Tuyaux de descente de gouttières, cheminées, escaliers et certains types de mobilier ou de décoration seront ultérieurement diffusés par MAJORELLE, notamment par catalogue, tels que cheminées et luminaires.
MAJORELLE, en 1902, ouvre un magasin de vente à Lyon et des dépôts à Lille, Marseille, Berlin et Londres. Il participe pour le mobilier, avec les frères DAUM pour la verrerie en 1902, à l'Exposition internationale des arts décoratifs de Turin -remportant une médaille d'argent. De même, en 1903, l'école de Nancy est invitée par l'Union centrale des arts décoratifs, au pavillon de Marsan à Paris. On compte, parmi les 23 exposants, Louis MAJORELLE et les frères DAUM. En 1904, MAJORELLE achète le magasin L'Art nouveau à Paris, transformé en lieu d'exposition et dépôt de verreries DAUM.
Observons que la villa 27, rue de Malzéville de Paul Luc est détruite en 1968, et seuls quelques éléments du décor ont pu être sauvés et déposés au Musée de l'École de Nancy.
Par contre, la villa Victor Luc au 25, rue de Malzéville fait encore la fierté légitime de Nancy: archétype de l'Art nouveau par MAJORELLE au début de sa carrière.
Les lots suivants ont été conservés par les descendants des LUC, grands patrons de l'industrie, après la vente de leurs villas, jusqu'à ce jour dans une propriété près de Bayonne.
Remerciements et emprunts :
– Nancy architecture 1900, inventaire général par F. Roussel et D. Bastien, Nancy, p. 6 à 19.
– Majorelle, Éditions Serpenoise, « La Bibliothèque des arts », Roselyne Bouvier, 1991.
– Expositions de l'École de Nancy 1889-1909, Art nouveau et industries d'art, Nancy, 1999. Catalogue.
– Patrick Perroto, journaliste à L'Est Républicain.