Bibliothèque du docteur Tardif et à divers
Lot 481
[Marine - XVIIIe siècle] Mathieu François PIDANSAT DE MAIROBERT (1707-1779).
" Principes sur la Marine, tirés des dépêches & des ordres du Roi, donnés sous les ministères de " MM. Colbert, de Seignelay, de Ponchartrain, père & fils, du Conseil de la Marine de 1715 à 1726, et du comte de Morville, depuis 1669 jusqu'en 1757. Sans lieu [Paris], ap. 1757.
Manuscrit sur papier, 2 volumes petit in-folio de (131) ff. + (136) ff. + (131) ff. ; et (175) ff. + (149) ff. : plein veau marbré, dos lisses cloisonnés et richement ornés, pièce de titre en maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, tranches dorées (reliure de l'époque), accdts aux coiffes et coins.
Chaque page est décorée d'un cadre tracé à l'encre à l'intérieur duquel se trouve le texte manuscrit, rédigé en parfaite calligraphie d'une lecture facile.
Cette " édition manuscrite " retrace un demi-siècle de l'histoire de la Marine française, tirée de la correspondance ministérielle. Elle n'a pas été imprimée mais seulement été recopiée en plusieurs exemplaires destinés aux princes du sang et à divers hauts personnages. Est inscrit à la plume au bas du 2e feuillet de chaque volume " de la bibliothèque de monsieur Le Guai premier commis de la marine ".
Cet exemplaire a donc appartenu à Charles-Cardin Le Guay, qui fit toute sa carrière dans l'administration de la Marine. Elève puis écrivain ordinaire des galères à Marseille en 1736, il devint en 1742 écrivain principal des galères à la Cour, puis commissaire de la Marine à Brest, commissaire ordinaire de la Marine à la Cour en 1747, premier commis de la Marine au bureau des consulats de 1750 à 1773 et enfin intendant de la Marine chargé de l'inspection du commerce maritime. Il décède en 1781.
Trois autres manuscrits de ces Principes sur la Marine sont conservés dans les collections publiques : un exemplaire relié en maroquin au service historique de la Marine et deux aux Archives nationales - l'un en cartonnage, l'autre en demi-reliure. Enfin, 2 exemplaires aux armes, l'un de Malesherbes et l'autre du duc d'Orléans, ont été récemment vendu.
Littérateur français, Mathieu-François Pidansat de Mairobert a été amené de bonne heure à Paris où il fut élevé dans la maison de Mme Doublet de Persan. Il ne cessa de faire partie de la société littéraire qui se réunissait chez cette dame, et fut un des auteurs du journal manuscrit qu'on y rédigeait. Amateur des nouveautés littéraires et dramatiques, il se trouva mêlé aux querelles des écrivains du temps. Il abordait aussi les questions politiques, et parait avoir tour à tour reçu les confidences de fonctionnaires importants, tels que Malesherbes, Sartines et Lenoir. Outre un emploi de censeur royal et le titre honorifique de secrétaire du roi, il fut secrétaire des commandements du duc de Chartres (depuis Philippe-Egalité). Il fut en 1779 compromis dans le procès du marquis de Brunoy, dont il se trouvait le créancier pour une somme considérable, et quoique, selon l'opinion générale, il ne fût en cette affaire que le prête-nom d'un haut personnage, le parlement lui infligea un blâme public, par arrêt du 27 mars 1779. Mairobert se crut déshonoré. Le soir même, il alla chez un baigneur, s'ouvrit dans le bain les veines avec un rasoir, et acheva de s'ôter la vie d'un coup de pistolet. Il avait soixante-douze ans. Le curé de Saint-Eustache ne consentit à l'inhumer qu'après ordre exprès du roi. On a de ce publiciste: "La querelle de M.M. de Voltaire et de Maupertuis" (1753), in-8°; "Les prophéties du grand prophète Monet" (1753), in-8°; "Lettres sur les véritables limites des possessions angloises et françoises en Amérique" (1755), in-12°; "Réponse aux écrits des anglois sur les limites de l'Amérique angloise" (1755), in-12°; "Lettre à Mme de *** sur les affaires du jour, ou réflexions sur l'usage qu'on peut faire de la conquête de Minorque" (1756), in-12°; etc.
Adjugé : 800 €