32ème VENTE GARDEN PARTY - I
Lot 75
École FRANÇAISE du XVIIIe siècle
daprès Jean PILLEMENT (1728-1808).
Chinoiseries.
Ensemble de douze toiles.
Haut. 219 ou 220, Larg. de 34 à 94 cm.
(restaurations anciennes).
Provenance :
- proviendrait du château de Chanteloup à Amboise ;
- dans la famille Pic-Pâris depuis 1823, à la Closerie le Pavillon, puis au château de la Roche à Pocé-sur-Cisse, en Touraine ;
- par descendance, Touraine.
Twelve canvases from the 18th century representing "chinoiseries" after Pillement. The paintings are said to come from the castle of Chanteloup.
Un décor chinois
Le faste des ambassades du Siam reçues par Louis XIV en 1686 éveille en France un intérêt pour lAsie qui marque les arts pendant tout le XVIIIe siècle. Il est soutenu par le développement déchanges intellectuels avec lenvoi de jésuites en Chine et celui déchanges commerciaux avec louverture dune voie maritime empruntée par des navires transportant laques, porcelaines, éventails ou papiers peints
Les marchands-merciers qui les achètent remontent ces objets dans des bronzes ou des pièces dorfèvrerie, les incorporent dans des meubles somptueux et les peintres sont sollicités pour créer le décor qui accueillera ces riches collections.
Jacques Vigouroux-Duplessis (avant 1680-1732) fut lun des premiers à animer les boiseries de scènes exotiques et François Boucher (1703-1770), lui-même collectionneur dobjets chinois, contribua largement à la diffusion du goût pour les chinoiseries. Les "Scènes de la vie chinoise" sont gravées daprès ses dessins par Gabriel Huquier vers 1742 et il crée des motifs pour la manufacture de porcelaine de Sèvres ou pour celles de tapisserie de Beauvais. Sa "Tenture chinoise" connut un grand succès et fut tissée dix fois entre 1743 et 1775, dont plusieurs fois pour le roi. Cest ainsi que les décors de chinoiseries adoptent souvent des teintes pastel qui sont celles des écheveaux de soie. On les trouve, par exemple, chez le peintre lyonnais Jean Pillement (1728-1808).
Un élément du même décor est conservé dans une collection particulière tourangelle.
Provenant possiblement du château de Chanteloup
Propriété du duc de Choiseul dans les années 1760-1770, le château de Chanteloup à Amboise est le refuge du ministre de Louis XV après sa disgrâce. Avec sa riche épouse, Éléonore-Louise Crozat du Châtel, Choiseul illustre le goût de son siècle pour la Chine, ainsi quen témoigne la Pagode érigée par Louis-Denis Le Camus en 1775 dans le parc. La décoration intérieure est aussi arrangée dans le goût chinois. La commode en laque de Chine par Jean Demoulin lillustre parfaitement (n°794-2-1). Elle est saisie en 1794 par Charles-Antoine Rougeot pour constituer les premières collections du musée de Tours. Linventaire des meubles appartenant à Louise Marie Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, dressé à partir du 29 pluviôse an II, fait également état dun certain nombre duvres dinspiration extrême-orientale à Chanteloup. Établi par Joseph-Louis Guyot, notaire public demeurant à Noizay, il mentionne par dix fois au moins des tentures de « papier chinois » ou « de la Chine » présentés sur toile. Ces descriptions ne sont pas sans évoquer celles de notre suite de douze toiles aux décors de chinoiserie. En outre linventaire mentionne deux tentures composées de personnages, dont lune est présentée en « cinq pièces » avec ses cadres de bois doré et estimée 10 livres (n°1883). Si lestimation est faible, dautres suites sont référencées à des prix plus importants. La tenture en six pièces exposée dans la salle à manger est estimée 100 livres. Dautres salles du château sont parées déléments plus nombreux, comme le salon du pavillon de létang de Jumeau. Il est orné de « quatorze morceaux et deux dessus de porte de papier de la Chine encadré de baguettes ».
Chanteloup est racheté en 1802 par le scientifique Chaptal, afin dinstaller une exploitation agricole de betteraves. Pour solder les dettes accumulées, il donne mandat au banquier Baudrand de vendre tous les biens du domaine à la « Bande noire », qui anéantit en quatre-vingt jours ce que cinq siècles avaient bâti. Seule la Pagode chinoise est sauvée, ultime relique de ce château disparu. Daprès la tradition familiale, nos douze toiles sont achetées par Edme-Silvain Pic-Paris en létude de maître Guiot, à lultime vente des biens mobiliers de Chanteloup en 1823. Les panneaux sont aussitôt placés dans la salle à manger de la demeure familiale, la « Closerie le Pavillon » à Pocé-sur-Cisse. En 1854, ils gagnent le petit salon du château de la Roche, nouvellement construit à proximité par larchitecte amboisien Silvain Philippe Châtaignier. Maître duvre des châteaux de Launay, puis de Bellecour à Pocé-sur-Cisse, Châtaignier utilise des éléments provenant de Chanteloup pour la construction de nombreux monuments locaux, comme nous la aimablement précisé Véronique Moreau, conservateur honoraire au mu
Estimation : 25 000 € ~ 30 000 €