ARTS+DESIGN #6
Lot 13
Serge Lutens (Français, né en 1942)
"Les rouges d'or", 1976
Sept tirages photographiques couleur d’époque sur papier Kodak, dont trois légendés au dos.
Formats divers :
- un : Haut. 12,7 Larg.17,7 cm.
- un : Haut. 17,5 Larg. 11,1 cm.
- cinq : Haut. 17,7 Larg. 11,7 cm.
Monsieur Lutens nous demande de préciser que ces tirages reproduits en séries constituent des documents de travail de l’époque qui ont été réalisés pour la promotion de produits cosmétiques. Ils ne correspondent pas à la vision de Serge Lutens de son œuvre photographique.
Lionel Paillès, "Les mille et unes vies de Serge Lutens, l’icône du parfum", Le Monde, 28 octobre 2022
"Des images sophistiquées
Le monde entier est à ses pieds, à commencer par Diana Vreeland, rédactrice en chef du Vogue américain, la femme la plus influente du milieu, qui proclame que la révolution Serge Lutens est en marche. Le petit gars de Lille a réussi son pari. Avec Baudelaire, il affirme que « le maquillage n’a pas à se cacher, à éviter de se laisser deviner ; il peut, au contraire, s’étaler, sinon avec affectation, au moins avec une espèce de candeur ».
Et puis, il s’est emparé à son tour de l’appareil photo, en parfait autodidacte. Ses images sont savamment composées, jusqu’au moindre détail. « Ses clichés sont pour moi des contes photographiques beaucoup plus que des photos », remarque Patrice Nagel, qui a longtemps été son assistant. Il se souvient d’un studio photo aux allures de chapelle, où Serge Lutens dirigeait ses modèles comme un metteur en scène, dans une atmosphère irréelle de rituel païen et sur fond de Requiem de Mozart. « Serge créait de ses propres mains tout ce qui entrait dans le cadre : une coiffure et un maquillage, mais aussi un bracelet, un collier, absolument tout », ajoute Patrice Nagel.
Les préparatifs pouvaient durer une journée entière pour construire ces images sophistiquées qui ressemblaient tout à la fois à des peintures, à des sculptures, à des images 3D, à une époque où tout était vrai, Photoshop n’existant pas. « Il marque tant le style de l’époque qu’une série de ses photos, titrée “Make-up Art”, inspirée par Modigliani, Braque, Picasso et Léger, a même été exposée au musée Guggenheim à New York, en 1973 », ajoute Patrice Nagel.
Terry de Gunzburg se souvient encore du choc qu’elle a ressenti en découvrant, sur une photo parue dans Vogue, « une femme qui avait une goutte de cristal sur le bout des cils, sorte d’hommage à Man Ray. C’était éblouissant ! ».
Estimation : 600 € ~ 800 €