35ème VENTE GARDEN PARTY - I
Lot 114
Edmond Lechevallier-Chevignard (Français, 1825-1902),
La fontaine d'amour devant le château de Chaumont-sur-Loire, 1864
Toile signée et datée en bas à gauche : "E. LECHEVALLIER . CHEVIGNARD .P. / .MDCCCLXIV".
Haut. 140,5 Larg. 173,5 cm.
(restaurations, accidents)
An 1864 painting by Edmond Lechevallier-Chevignard depicting a group by the fountain of the Chaumont-sur-Loire Castle.
Bibliographie : "Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants, exposés au Palais des Champs-Elysées le 1er mai 1865", Paris, Charles de Mourgues frères, probablement le n° 1275, "La Touraine".
Élève de Martin Drolling, Edmond Lechevallier-Chevignard s’inscrit dans la veine des peintres de scènes de genre historique à l’instar de Paul Delaroche ou d’Olivier Merson. Notre tableau transcrit parfaitement ce nouveau genre en convoquant des personnages en habits de la Renaissance dans le cadre enchanteur d'une "Fontaine d’Amour". Thème récurrent, il convoque des personnages dans un environnement courtois où les arts sont invités avec, en fond, Cupidon et Vénus. Les peintres libertins du XVIIIe siècle, comme François Boucher ou Jean-Honoré Fragonard, n’ont pas manqué d’illustrer ce sujet sous prétexte de représentation galante. Ici, la musique et la lecture encadrent deux amies se tenant la main. Une autre femme tresse une couronne de fleurs alors que Cupidon s’apprête à faire naître la passion amoureuse.
Exposant au Salon à partir de 1849, Lechevallier-Chevignard suit une carrière officielle et obtient une médaille de 3e classe en 1859. Notre toile est vraisemblablement celle présentée au Salon de 1865 sous le titre « La Touraine » au numéro « 1275 ». "Cette évocation de la vie du XVIe siècle qu'il aimait et connaissait par-dessus tout" (P.V, "Nécrologie Edmond Lechevallier-Chevignard", La Chronique des Arts et de la Curiosité : supplément à la Gazette des Beaux-Arts", 29 mars 1902, p.103), laisse apercevoir dans le fond du paysage la façade du château de Chaumont-sur-Loire. À cette époque, le château est la propriété du vicomte Joseph Walsh, qui épouse la veuve du comte d’Aramon, propriétaire du château entre 1833 et 1847. Ces derniers commandent d’importants travaux pour restaurer et améliorer le domaine, notamment son parc, qui fait aujourd’hui encore sa réputation.
Le Salon de 1865 continue d'entretenir la rivalité entre Grand genre et les petits genres, comme le soulèvent certains commentateurs de l'époque, à l'exemple de Félix Jahyer ("Salon de 1865 : étude sur les beaux-arts", Paris, Dentu, p.6). Il déplore effectivement qu'une grande majorité des artistes vivants se complaisent dans le prolongement de peintres comme Greuze, savant orchestrateur des scènes de genre historique. "Il est bien plus facile de surpasser ce peintre agréable que de marcher, même à distance, sur les traces des grands maîtres" déclare-t-il. Tel n'est pas le cas de notre tableau qui, d'une certaine façon, n'est pas sans rappeler, par sa composition, celle des concerts champêtres des grands maîtres de la Renaissance comme Titien.
Estimation : 10 000 € ~ 15 000 €