Le mobilier de Balzac retrouvé
Vendredi 13 avril 2018
Par Emmanuelle Potdevin de l'Université de Tours
Numéros 69 à 71
Le mobilier de Balzac à Saché
Les heures les plus émouvantes de sa vie intellectuelle
« Se dire : « Il a marché là, travaillé là, dormi là.Ses yeux aimèrent ce qu’aiment les miens à présent » (1).
Telles sont les pensées et émotions ressenties par René Benjamin lorsqu’il épouse Élisabeth Lecoy le 26 juin 1916 (2), qui vit alors au château de Saché. Le château de Saché est en effet le refuge de Balzac lorsqu’il souhaite échapper au tumulte de la vie parisienne entre 1823 et 1848. Il y est accueilli par M. de Margonne, qui, s’il a épousé sa cousine (3) Jeanne de Savary « par avarice », est surtout l’amant de la mère de Balzac et serait donc le père de son frère Henri (4). C’est là qu’il rédige certains de ses plus beaux romans : Maître Cornélius et les Contes drolatiques (oct. - déc. 1831), Louis Lambert (juin 1832), Séraphîta, César Birotteau et Le Père Goriot (sept. 1834), Illusions perdues (juin 1836) et où surtout prend forme son chef d’œuvre Le Lys dans la Vallée (1834-1835). De nombreux autres textes sont évidemment liés à la Touraine et à Saché.
p. 6 : Élisabeth et René BENJAMIN dans la chambre de Balzac, mai 1915,
photographe anonyme, Fonds familial privé.
photographe anonyme, Fonds familial privé.
Balzac adorait Saché, et c’est ainsi qu’il décrit la maison dans une lettre à madame Hanska à la fin du mois de mars 1833 : « Saché est un débris de château sur l'Indre, dans une des plus délicieuses vallées de Touraine. Le propriétaire, homme de cinquante-cinq ans, m'a fait jadis sauter sur ses genoux. Il a une femme intolérante et dévote, bonne, peu spirituelle. Je vais là pour lui, puis je suis libre ».
Si une récente exposition au musée de Saché, « Balzac architecte d’intérieurs » a permis de présenter du mobilier parisien d’excellence, contemporain de l’écrivain, ce mobilier se trouvait être en décalage avec celui dans lequel Balzac a vécu et travaillé à Saché. En effet, il était question de recréer l’ambiance des romans de Balzac et non de recréer l’ambiance dans laquelle l’écrivain vécut lors de ses nombreux séjours à Saché ; « En contrepoint du modeste appartement de Balzac, une somptueuse chambre se déploie désormais dans la pièce contiguë. Meubles en acajou, rideaux aux étoffes luxueuses de couleur cramoisie, peintures religieuses d’artistes prestigieux, symbolique lit en tombeau : tous les accessoires sont réunis pour évoquer l’appartement de l’abbé Chapeloud, objet d’une infinie convoitise pour ses confrères dans le roman tourangeau Le Curé de Tours (5)».
Criblé de dettes, Balzac a été poursuivi par des créanciers toute sa vie durant, et son mobilier saisi puis vendu par des huissiers, il est aujourd’hui introuvable. Le mobilier que nous présentons est celui qui meublait le château des Margonne et qui a été préservé de la disparition jusqu’à cette vente. C’est bien dans ces meubles aujourd’hui réunis qu’Honoré de Balzac, a, comme l’écrit René Benjamin, « vécu les heures les plus émouvantes de sa vie intellectuelle ».
De Saché à Artigny : itinéraire du mobilier de Balzac
Saché a moins changé au fil des siècles, qu’au cours des années 1920, lorsque la demeure a été vidée de son contenu et laissée à l’abandon. Peu de temps auparavant, voici ce qui en était écrit : « Depuis cent ans, la maison et le domaine qui l’environne n’ont guère changé. […] [il faut] laisser le temps seul faire son œuvre. Il l’a faite en vieillissant les arbres et les pierres, et peut-être que certains horizons n’ont plus la ligne exacte que leur connut Balzac, […] mais la maison, patinée par l’âge, est telle qu’il l’a connue » (6).p. 12 : Trois photographies du Salon de Saché, septembre 1921,
photographe anonyme, Fonds familial privé.
photographe anonyme, Fonds familial privé.
À la mort de M. de Margonne en 1858, Henri Estave hérite du château qu’il lègue en 1902 à Norbert Bodin, qui s’occupait alors de Saché depuis 10 ans. M. Bodin eut deux filles, Marie et Louise. La première épousa Henri Lecoy, la seconde M. Gibotteau. Henri et Marie Lecoy eurent deux filles, dont Élisabeth, qui épousa en 1915 René Benjamin. Lors de leur départ en 1921 de Saché, les Lecoy et les Benjamin ont emporté avec eux un certain nombre de meubles et objets provenant du château, que les Benjamin conservent comme de précieuses reliques. Ainsi, lorsque Paul Métadier achète le château en 1926, il est vidé de ce mobilier.
Il en fait don au Conseil départemental d’Indre-et-Loire en 1958, avec du mobilier évoquant le séjour de Balzac à Saché mais non avec son mobilier originel, qui est, lui, aujourd’hui proposé à la vente au château d’Artigny.
L’origine de ce mobilier est parfaitement documentée tant par des témoignages et des photographies anciennes que par des inventaires et des actes notariés.
Qu’est devenu le mobilier de Balzac ?
Criblé de dettes, Balzac a été poursuivi par des créanciers toute sa vie durant, et son mobilier saisi puis vendu par des huissiers, il est aujourd’hui introuvable. Le mobilier que nous présentons est celui qui meublait le château des Margonne et qui a été préservé de la disparition jusqu’à cette vente. C’est bien dans ces meubles aujourd’hui réunis qu’Honoré de Balzac, a, comme l’écrit René Benjamin, « vécu les heures les plus émouvantes de sa vie intellectuelle » (7).Ce mobilier retrouvé a été réuni en trois lots, permettant de mieux comprendre le cadre du processus créateur de ce géant de la littérature. D’abord le mobilier entourant la chambre de Balzac à Saché, dont sa table de chevet. Ensuite le mobilier du salon de Saché, et notamment le portrait qui lui inspira Le curé de Tours. Enfin, le mobilier « souvenir » de Saché, dont le moulage de sa main droite par David d’Angers.
Notes
(1) Benjamin René, Vacances balzaciennes, La Revue Universelle, p. 659-663.
(2) Laurencin Michel, Dictionnaire biographique de Touraine, éditions C.L.D, Chambray-lès-Tours, 1990, p. 76.
(3) Laurencin Michel, op. cit., p. 391.
(4) Ibidem.
(5) Balzac architecte d’intérieurs, exposition du 2/07/2016 au 8/01/2017 au musée Balzac-château de Saché, Paris, 2016.
(6) Ibidem.
(7) Benjamin René, op.cit.
TV Tours, émission TiLT animée par JCK
Inventaire du mobilier
La chambre de Balzac
« Balzac trouve alors dans sa petite chambre du second étage le silence et l’austérité qui, loin des turbulences de la vie parisienne et de ses soucis financiers, lui permettent de travailler jusqu’à seize heures par jour » (8). « Elle est petite et bien simple […], carrelée par terre et tendue d’un affreux papier sombre. Mais l’alcôve et le lit sont charmants. Un lit branlant d’un bois sans ornements, peint en gris (9)».En 1920 René Benjamin inventorie (10) le mobilier de la chambre, outre le lit encore conservé à Saché et la table de nuit présentée dans cette vente, avec une « bizarre lampe à huile et ce fantastique coupe-papier guillotine qui sont demeurés jusqu’à maintenant, sur sa table ». Le coupe-papier, aujourd’hui encore dans la chambre de Balzac au château-musée de Saché, fut exposé sous le numéro 264 lors de l’exposition commémorant le centenaire de la mort de l’auteur à la Bibliothèque nationale (11). Ce catalogue d’exposition nous permet d’imaginer les objets et meubles de la chambre de Balzac. Ainsi, un petit encrier de marbre noir, une cafetière veilleuse en métal et des statuettes présentant chinois et chinoises meublaient alors sa chambre. Une commode en bois naturel à tiroirs, toujours dans la chambre de Balzac au musée de Saché, est comparable aux deux commodes proposées ici, qui proviennent également de l’étage de Balzac au château.
Notes
(8) Balzac architecte d’intérieurs, op.cit., 2016.
(9) Benjamin René, op.cit., p. 659-663.
(10) Ibidem.
(11) Honoré de Balzac, 1799-1850 : exposition organisée pour commémorer le centenaire de sa mort, Bibliothèque nationale, Paris, p.67.
La table de nuit de Balzac
Numéro 69 de la vente
TABLE DE CHEVET de forme rectangulaire en bois fruitier. Les côtés du caisson ajourés d’un cœur se terminent en accolade ; elle ouvre par un tiroir sur le côté droit et repose sur quatre pieds cambrés sculptés de godrons en partie supérieure.
Époque Louis XV.
Haut. 76, Larg. 45, Prof. 30 cm.
(en l’état, le plateau présente une importante trace de brûlure provoquée, selon la tradition familiale, par la cafetière de Balzac)
Provenance : chambre de Balzac, deuxième étage du château de Saché.
Reproduite sur un cliché de la Société Archéologique de Touraine lors de sa visite au château de Saché en 1899 (p.1), cette table de nuit est toujours présente dans la chambre d’Honoré de Balzac en 1915 (p.6), et jusque dans les années 20 (p.4). Elle est listée comme objet restant à Saché par M. Champigny en 1921 (t.21). Elle quittera la chambre de Balzac lorsque René et Élisabeth Benjamin la réservent parmi d’autres objets, lors de leur départ du château de Saché (t.22).
Cette table de nuit fut sans doute source d’inspiration pour Balzac lorsqu’il rédige le Curé de Tours, en particulier lorsqu’il aménage la chambre de Pierrette et qu’il décrit « sa vulgaire table de nuit sans porte, lui a peut-être été suggéré en pensant à sa chambre de Saché » (12).
Le plateau de la table de nuit présente des marques de brûlure, probablement dues à la cafetière que Balzac pouvait y poser. Comme le note Michel Laurencin, « c’est bien en Touraine, à Saché, que l’homme de lettres […] trouve les éléments de ses inspirations au cours des nuits de veille arrosées de nombreuses tasses de café » (13).
Le café occupe une place centrale dans le processus créateur chez Balzac, qui lui a consacré un essai sur les effets de sa consommation dans Les excitants modernes (14) : « Dès lors, tout s’agite : les idées s’ébranlent comme les bataillons de la grande armée sur le terrain d’une bataille, et la bataille a lieu. Les souvenirs arrivent au pas de charge, enseignes déployées ; la cavalerie légère des comparaisons se développe par un magnifique galop ; l’artillerie de la logique accourt avec son train et ses gargousses ; les traits d’esprit arrivent en tirailleurs ; les figures se dressent ; le papier se couvre d’encre, car la veille commence et finit par des torrents d’eau noire, comme la bataille par sa poudre noire. ».
Notes
(12) J.-J Gautier, « la chambre de Balzac », in Balzac architecte d’intérieurs, op.cit. p.205.
(13) Laurencin Michel, Dictionnaire biographique de Touraine, éditions C.L.D, Chambray-lès-Tours, 1990, p. 51.
(14) Balzac, Honoré (de), Traité des excitants modernes, Paris, 1839.
Commode Louis XV, deuxième étage
Numéro 69 de la vente
COMMODE de forme rectangulaire à façade dite « arbalète » en bois fruitier mouluré et sculpté. Elle ouvre en façade par trois tiroirs. Traverses basses chantournées, celle du centre découpée à enroulements centrée d’une large coquille. Les deux pieds acteurs à enroulement escargot. Garniture de bronzes tels que mains tombantes et entrées de serrure.
Époque Louis XV.
Haut. 96, Larg. 124, Prof. 60 cm
(en l’état)
Provenance : deuxième étage du château de Saché, probablement sur le palier donnant sur la chambre de Balzac.
Commode mentionnée par le Dr. Gibotteau dans la liste des meubles réservés agrafée à sa lettre destinée à Henri Lecoy en 1920 (t.20), elle fait partie des objets et meubles réservés par René et Élisabeth Benjamin en 1921 (t.22).
Cette commode en bois naturel du XVIIIe est en tous points comparables à celle encore présente dans la chambre de Balzac à Saché. Elle est évoquée par Jean-Jacques Gautier à propos du Curé de Tours : « La chambre de Pierrette avec sa commode en noyer sans dessus de marbre […] lui a peut-être été suggérée en pensant à sa chambre de Saché » (15).
Notes
(15) J.-J Gautier, « la chambre de Balzac », in Balzac architecte d’intérieurs, op.cit. p.205.
Deux chaises de l’étage de Balzac à Saché
Numéro 69 de la vente
PAIRE de CHAISES en bois naturel mouluré et sculpté. Dossier plat et ceinture chantournés. Elles reposent sur quatre pieds cambrés à enroulement.
Époque Louis XV.
Haut. 96, Larg. 53, Prof. 58 cm.
Provenance : deuxième étage du château de Saché, probablement sur le palier donnant sur la chambre de Balzac.
Ces chaises peuvent être celles mentionnées dans la liste des objets et meubles réservés par René et Élisabeth Benjamin en 1921 (t.22). Possiblement mentionnées dans la liste de M. Champigny en 1921 (t.21).
Deux bergères Transition
Numéro 69 de la vente
PAIRE de BERGÈRES en bois naturel mouluré et sculpté. Dossier incurvé, accotoirs en coup de fouet. Dés de raccordement à fleuron. Elles reposent sur quatre pieds fuselés cannelés terminés en toupie.
Époque Transition Louis XV - Louis XVI.
Haut. 90, Larg. 70, Prof. 65 cm.
(en l’état)
Provenance : salon du château de Saché.
Ces deux bergères sont mentionnées par le Dr. Gibotteau dans la liste des meubles réservés, agrafée à sa lettre destinée à Henri Lecoy en 1920 (t.20). Elles sont ensuite réservées par René et Élisabeth Benjamin en 1921 (t.22).
Le salon du château de Saché
Portrait du chanoine de la cathédrale de Tours
Numéro 70 de la vente
Noël CHALLE, dit Natalis CHALLE (XVIIIe)
Portrait de l’abbé Henri Antoine Jules Quinquet.
Toile signée et datée 1768, titrée au dos.
De 1779 à 1790, l’abbé Quinquet est chanoine grand-archiprêtre de la cathédrale de Tours.
Haut. 88,5, Larg. 68 cm.
Provenance : Salon du château de Saché.
Trônant sur un des murs du salon de Saché jusqu’en 1921 (p.12) et réservé par René et Élisabeth Benjamin la même année (t.22), ce portrait représente Henri Antoine Jules Quinquet (1736-1810) (16), chanoine de la cathédrale Saint-Gatien de Tours. En 1805 lorsque Balzac assiste aux offices religieux de la cathédrale avec sa mère, qui est « abonnée » (17) à ses chaises, Quinquet en est le chanoine honoraire depuis deux ans. Par sa force de caractère et sa souplesse, il a réussi à maintenir sa place de chanoine sous l’Ancien Régime, jurant en 1791 fidélité à la Constitution, puis jurant en 1792 le serment de Liberté et Égalité, et jurant enfin en 1793 haine à la Royauté, en pleine Terreur, avant d’être nommé chanoine honoraire (18) au début de l’Empire en 1803.
Même si « le salon dut le voir rarement » (19), ce portrait du chanoine Quinquet que Balzac a côtoyé d’octobre à décembre 1831 lors de son séjour chez les Margonne est probablement à l’origine de la rédaction du Curé de Tours, en avril suivant chez Madame de Berny et publié en mai 1832 sous le titre Les Célibataires. Ce roman narre la compétition féroce entre les abbés Troubert et François Birotteau pour succéder au précédent chanoine de la cathédrale. Michel Laurencin a montré comme Balzac a puisé dans les réalités de son temps pour rédiger Le Curé de Tours (20) : « Le Curé de Tours et son ébauche Le Prêtre Catholique décrivent des situations propres au milieu religieux de la Touraine, dans ce cadre du croître de la cathédrale et de la rue de la Psalette. ». Ainsi le personnage de l’abbé Troubert, tourmenteur du pauvre vicaire Birotteau, « semble avoir eu pour modèle l’abbé Dubaut, ancien prêtre jureur arrivé aux portes de l’épiscopat à la fin de la Révolution ». L’abbé Birotteau apparaît comme confesseur de Madame de Mortsauf dans Le Lys dans la Vallée rédigé à Saché.
Notes
(16) Laurencin Michel, fiche sur Quinquet Henri Antoine Jules, Archives diocésaines de Touraine.
(17) Laurencin Michel, Dictionnaire biographique de Touraine, éditions C.L.D, Chambray-lès-Tours, 1990 p. 47.
(18) Laurencin Michel, fiche sur Quinquet Henri Antoine Jules, Archives diocésaines de Touraine.
(19) Benjamin René, Vacances balzaciennes, La Revue Universelle, 1920, pp. 659-663.
(20) Laurencin Michel, op.cit., p. 51.
Chaise longue Régence
Numéro 70 de la vente
CHAISE LONGUE dite « en confessionnal » en bois naturel mouluré et sculpté. Dossier légèrement incliné et traverses chantournées ornés de coquilles et feuilles d’acanthe. Elle repose sur six pieds cambrés à enroulements feuillagés.
Époque Régence.
Haut. 106, Long. 184, Larg. 80 cm.
(en l’état)
Provenance : Salon du château de Saché.
Disposée dans le salon de Saché, sous le portrait du chanoine Henri Quinquet, elle sert d’assise à madame René Benjamin quand elle est photographiée avec son premier enfant en automne 1917 (p.11). La chaise longue est toujours présente dans le salon en 1921 (p.12) et fait partie des objets et meubles réservés par René et Élisabeth Benjamin en 1921 (t.22). Elle est également mentionnée par le Dr. Gibotteau dans la liste des meubles réservés agrafée à sa lettre destinée Henri Lecoy en 1920 (t.20).
Quatre chaises Louis XV
Numéro 70 de la vente
SUITE de QUATRE CHAISES en bois naturel mouluré et sculpté d’enroulements. Dossier plat et ceinture chantournés. Elles reposent sur quatre pieds cambrés, les antérieurs agrémentés d’une feuille d’acanthe.
Estampille TILLIARD non garantie.
Époque Louis XV.
Haut. 98, Larg. 54, Prof. 48 cm.
Garniture d’origine.
Provenance : Salon du château de Saché.
Ces quatre chaises étaient disposées dans le salon du château, comme le montre la photographie de 1916 présentant de pied Élisabeth Benjamin, épouse de René Benjamin (p. 10).
Avec leur tapisserie verte d’origine à motifs végétaux, ces quatre chaises sont estampillées Jean Baptiste Tilliard (1685-1766), maître menuisier parisien reçu à sa maitrise en 1717. Fils de menuisier, il est installé rue de Clery et est l’un des artisans du style Louis XV. Menuisier du garde meuble de la Couronne, il fournit également les plus grands aristocrates ainsi que la marquise de Pompadour.
Quatre fauteuils Empire
Numéro 70 de la vente
SUITE de QUATRE FAUTEUILS en acajou blond et placage d’acajou blond. Accotoirs sculptés de godrons ornés d’un sabot à l’attache du dossier. Ils reposent sur quatre pieds sabre. Garniture d’origine.
Époque Empire.
Haut 92, Larg. 50, Prof. 80 cm.
(en l’état)
Provenance : Salon du château de Saché.
Ensemble originellement composé de huit fauteuils et de deux canapés, dont les canapés et quatre fauteuils sont encore présents dans le salon du château de Saché en 2018 (p. 14 et p.16), nos quatre sièges sont présents dans le salon de Saché en 1916 et en 1921 (p.10 et p.12). Mentionnés dans la liste des meubles réservés agrafée à la lettre du Dr. Gibotteau à Henri Lecoy en 1920 (t20), ils font partie des meubles et objets réservés par René et Élisabeth Benjamin en 1921 (t.22) et sont mentionnés dans la liste de M. Champigny (t. 21).
Table Cabaret
Numéro 70 de la vente
TABLE CABARET de forme rectangulaire en bois fruitier ouvrant par un tiroir en ceinture. Elle repose sur quatre pieds facettés et tournés réunis par une entretoise en X.
Travail ancien de qualité de style XVIIe.
Haut. 69, Larg. 88, Prof. 63 cm.
(en l’état, éléments anciens et parfois transformés, plateau rapporté).
Provenance : Salon du château de Saché.
Table présente dans le salon du château jusqu’en 1921, comme l’atteste un cliché du salon réalisé la même année (p. 12) ; elle est réservée par René et Élisabeth Benjamin en 1921 (t.22).
Reliques du Château de Saché
Moulage de la main de Balzac par David d'Angers
Numéro 71 de la vente
Pierre Jean DAVID D'ANGERS (1788-1856), d’après
Main droite d’Honoré de Balzac, 1837.
Moulage en plâtre patiné d’après nature signé « H. Balzac. 1799-1850 ».
Haut. 5, Long. 23, Larg. 10 cm.
Le moulage de la main droite de Balzac est réalisé par David d’Angers (1788-1856) le jour du décès du maître, soit le 18 août 1850. En 1937, Le seul bronze connu est en la possession de Georges Bonnamour (1866-1954), homme politique et écrivain français, qui a notamment reçu le Prix Montyon décerné par l’Académie Française en 1907 pour L’heure de Dieu (21). Il l’offre à la Société des gens de lettres, après en avoir fait trois tirages en plâtre : un pour lui, un offert au musée Rodin et le dernier ici présenté, ainsi qu’il est expliqué dans une lettre du 8 décembre 1937 (t.24).
Notes
(21) Pour la bibliographie de G. Bonnamour, voir sa page sur Data BnF : http://data.bnf.fr/13498833/george_bonnamour/
Commode tombeau Louis XV
Numéro 71 de la vente
COMMODE dite « TOMBEAU » en bois naturel mouluré et sculpté ouvrant en façade par trois tiroirs. Elle reçoit un décor de coquilles, enroulements feuillagés et feuilles d’acanthe. Les montants antérieurs reçoivent une large feuille d’acanthe. Le tablier est sculpté d’une coquille soulignée d’agrafes feuillagées. Elle repose sur quatre pieds, les antérieurs à enroulement. Garniture de bronzes tels que poignées de tirage et entrées de serrure.
Époque Louis XV.
Haut. 86, Larg. 136, Prof. 65 cm
(en l’état)
Provenance : deuxième étage du château de Saché, probablement sur le palier donnant sur la chambre de Balzac.
Commode mentionnée par le Dr. Gibotteau dans la liste des meubles réservés agrafée à sa lettre destinée à Henri Lecoy en 1920 (t.20) ; elle est réservée par René et Élisabeth Benjamin en 1921 (t.22).
Cette commode en bois naturel du XVIIIe est en tous points comparables à celle encore présente dans la chambre de Balzac à Saché. Elle est évoquée par Jean-Jacques Gautier à propos du Curé de Tours : « La chambre de Pierrette avec sa commode en noyer sans dessus de marbre […] lui a peut-être été suggérée en pensant à sa chambre de Saché » (22).
Notes
(22) J.-J Gautier, « la chambre de Balzac », in Balzac architecte d’intérieurs, op.cit. p.205.
Deux fauteuils et deux chaises cannés du vestibule de Sache
Numéro 71 de la vente
SALON composé d’une PAIRE de FAUTEUILS et d’une PAIRE de CHAISES cannés en bois naturel sculpté de coquilles et de feuilles d’acanthe. Dossiers droits chantournés en partie haute. Accotoirs des fauteuils en retrait. Ils reposent sur quatre pieds à enroulement.
Fauteuils : Haut. 94, Larg. 65, Prof. 46 cm.
Chaises : Haut. 95, Larg. 48, Prof. 39 cm.
(en l’état)
Provenance : vestibule du château de Saché.
Fauteuils et chaises mentionnés dans la liste des objets et meubles réservés par René et Élisabeth Benjamin en 1921 sous le nom de « Fauteuils 4 chaises cannées » (t.22).
Deux fauteuils cannés
Numéro 71 de la vente
DEUX FAUTEUILS cannés en bois laqué blanc. Ils reçoivent un décor sculpté de coquilles, acanthes et enroulement. Dossier droit à traverse supérieure chantournée. Accotoirs en retrait. Ceinture chantournée reposant sur quatre pieds cambrés.
Le fauteuil aux pieds escargots estampillé J.B. CRESSON, Jean Baptiste Cresson (1714-1781), reçu maître à Paris en 1755
Époque Régence.
Fauteuil Cresson : Haut. 93, Larg. 65, Prof. 50 cm.
Fauteuil : Haut. 89, Larg. 65, Prof. 50 cm
(en l’état)
L’atelier de Jean-Baptiste Cresson était situé rue de Clery, comme celui de M. Tilliard. Également issu d’une famille de menuisiers, Jean Baptiste Cresson est le cousin de Michel Cresson, maître en 1740, fournisseur du Duc d’Orléans.
Ces fauteuils sont représentés sur les photographies de la famille Lecoy réalisées en 1917 (p. 17).
Ensemble de cinq fauteuils cabriolets
Numéro 71 de la vente
SUITE de CINQ FAUTEUILS CABRIOLETS en bois naturel mouluré et sculpté de fleurettes. Dossier mouvementé, ceinture chantournée. Ils reposent sur quatre pieds cambrés.
Époque Louis XV.
Haut. 85, Larg. 59, Prof. 46 cm.
(en l’état, deux garnitures d’époque mais abîmées, trois refaites)
Bien que ne figurant pas dans les inventaires, ces cinq fauteuils avaient été partagés entre Lecoy et Benjamin et ont été réuni récemment, ce qui explique la différence de traitement des garnitures
Service à café en porcelaine de Paris
Numéro 71 de la vente
PARIS. SERVICE à CAFÉ en porcelaine à décors polychrome de fleurs et doré comprenant une cafetière, un pot à lait, un sucrier et 11 tasses et soucoupes.
Première moitié du XIXe siècle.
Verseuse : Haut. 23 cm.
Pot à lait : Haut. 19 cm.
Sucrier : Haut. 14 cm.
Soucoupe : Diam. 14 cm.
(en l’état, accidents et manques)
Remerciements
Merci pour leur précieuse aide àPierre Hamelin, conservateur des collections, Société Archéologique de Touraine,
Michel Laurencin, archiviste, Archives diocésaines de Touraine,
Le personnel du Musée Balzac-Château de Saché,
Brice Langlois, étude Rouillac commissaires-priseurs,
Et à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cette étude.
Bibliographie générale
-Balzac, Honoré (de), Traité des excitants modernes, Paris, 1839.-Benjamin, René, Vacances balzaciennes, La Revue Universelle, Paris, 1920.
-Gautier, Jean-Jacques, Preiss, Nathalie, Balzac, architecte d’intérieurs, exposition au musée Balzac-Château de Saché, Somogy éditions d’art, Paris, Mobilier National, Paris, Musée Balzac-Château de Saché, CD37, 2016.
-Honoré de Balzac, 1799-1850, exposition organisée pour commémorer le centenaire de sa mort, Bibliothèque nationale, Paris, 1950.
-Honoré de Balzac, mon adresse est à Saché, musée Balzac-Château de Saché, Conseil général d’Indre-et-Loire, 2014.
-Laurencin, Michel, dictionnaire biographique de Touraine, Éditions C.L.D, Chambray-lès-Tours, 1990.
Annexes
Photographies
p. 1 : Chambre de Balzac, vue large, 1899, photographe anonyme, Société Archéologique de Touraine, Fonds photographique, cote BFP 4036-0035.p. 2 : Chambre de Balzac, vue côté fenêtre, 1899, Mantelier Paul, Fonds photographique de la Société Archéologique de Touraine, cote BFP 4036-0034b.
p.3 : Chambre de Balzac, vue côté fenêtre, 1899, Mantelier Paul, Fonds photographique de la Société Archéologique de Touraine, cote BFP 6015-0114 (négatif du BFP 4036-0034b).
p. 4 : Chambre de Balzac, vue du lit, 1900-1930, Fonds photographique de la Société Archéologique de Touraine, cote BFP 0206-0020.
p. 5 : Chambre de Balzac. Carte Postale n°39, Château de SACHÉ (I. et L.) « C’est là que fut conçu et écrit son roman tourangeau “Le Lys dans la vallée“ dont l’action se déroule aux environs de Saché ».
p. 6 : Élisabeth et René BENJAMIN dans la chambre de Balzac, mai 1915, photographe anonyme, Fonds familial privé.
p. 7 : Chambre de Balzac, vue du bureau, 2017, Rouillac Aymeric, photographie personnelle.
p. 8 : Chambre de Balzac, vue de la commode, 2017, Rouillac Aymeric, photographie personnelle.
p. 9 : Chambre de Balzac, vue du lit, 2017, Rouillac Aymeric, photographie personnelle.
p. 10 : Élisabeth Benjamin dans le Salon du château de Saché, 1916, photographe anonyme, Fonds familial privé.
p. 11 : Madame René Benjamin et son premier enfant Jean-Loup dans le Salon de Saché, automne 1917, photographe anonyme, Fonds familial privé.
p. 12 : Trois photographies du Salon de Saché, septembre 1921, photographe anonyme, Fonds familial privé.
p. 13 : Salon, Château de Saché, janvier 2018, Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
p. 14 : Fauteuil d’époque Empire, Salon, Château de Saché, janvier 2018, Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
p. 15 : Vue de la cheminée, Salon, Château de Saché, janvier 2018, Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
p. 16 : Canapé d’époque Empire, Salon, Château de Saché, janvier 2018, Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
p. 17 : Famille Lecoy à Saché, 1917, photographe anonyme, Fonds familial privé.
Textes
t.18 : Testament de Jean de Margonne, 15 décembre 1857, 6 pages, Fonds familial privé.t. 19 : Legs de Madame de Margonne, 24 juillet 1858, 10 pages, Fonds familial privé.
t. 20 : Lettre du Dr Gibotteau à Henry Lecoy, 21 octobre 1920, Fonds familial privé.
t. 21 : Liste du mobilier restant au château de Saché, remise par M. Champigny à Me Lasseur, 1921, Fonds familial privé.
t. 22 : Liste des objets réservés par René et Élisabeth Benjamin, 1921, Fonds familial privé.
t. 23: Document confirmant la vente de Saché et de son mobilier, 19 février 1921, 3 pages, Fonds familial privé.
t. 24 : Courrier de George Bonnamour à René Benjamin, 8 décembre 1937, Fonds familial privé.
t. 25 : Henri Antoine Jules Quinquet, Laurencin Michel, archives diocésaines de Touraine.
p. 1 : Chambre de Balzac, vue large, 1899,
photographe anonyme, Société Archéologique de Touraine, Fonds photographique, cote BFP 4036-0035.
photographe anonyme, Société Archéologique de Touraine, Fonds photographique, cote BFP 4036-0035.
Mantelier Paul, Société Archéologique de Touraine, Fonds photographique, cote BFP 4036-0034b.
Mantelier Paul, Société Archéologique de Touraine, Fonds photographique, cote BFP 6015-0114 (négatif du BFP 4036-0034b).
p. 4 : Chambre de Balzac, vue du lit, 1900-1930,
Société Archéologique de Touraine, Fonds photographique, cote BFP 0206-0020.
Société Archéologique de Touraine, Fonds photographique, cote BFP 0206-0020.
p. 5 : Chambre de Balzac. Carte Postale n°39, Château de SACHÉ (I. et L.)
« C’est là que fut conçu et écrit son roman tourangeau “Le Lys dans la vallée“ dont l’action se déroule aux environs de Saché ».
« C’est là que fut conçu et écrit son roman tourangeau “Le Lys dans la vallée“ dont l’action se déroule aux environs de Saché ».
p. 6 : Élisabeth et René BENJAMIN dans la chambre de Balzac, mai 1915,
photographe anonyme, Fonds familial privé.
photographe anonyme, Fonds familial privé.
p. 7 : Chambre de Balzac, vue du bureau, 2017,
Rouillac Aymeric, photographie personnelle.
Rouillac Aymeric, photographie personnelle.
p. 8 : Chambre de Balzac, vue de la commode, 2017,
Rouillac Aymeric, photographie personnelle.
Rouillac Aymeric, photographie personnelle.
p. 9 : Chambre de Balzac, vue du lit, 2017,
Rouillac Aymeric, photographie personnelle.
Rouillac Aymeric, photographie personnelle.
p. 10 : Élisabeth BENJAMIN dans le Salon du château de Saché, 1916,
photographe anonyme, Fonds familial privé.
photographe anonyme, Fonds familial privé.
p. 11 : Madame René Benjamin et son premier enfant Jean-Loup dans le Salon de Saché, automne 1917,
photographe anonyme, Fonds familial privé.
photographe anonyme, Fonds familial privé.
p. 12 : Trois photographies du Salon de Saché, septembre 1921,
photographe anonyme, Fonds familial privé.
photographe anonyme, Fonds familial privé.
p. 13 : Salon, Château de Saché, janvier 2018,
Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
p. 14 : fauteuil d’époque Empire, Salon, Château de Saché, janvier 2018,
Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
p. 15 : Vue de la cheminée, Salon, Château de Saché, janvier 2018,
Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
p. 16 : Canapé d’époque Empire, Salon, Château de Saché, janvier 2018,
Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
Potdevin Emmanuelle, photographie personnelle.
p. 17 : Famille Lecoy à Saché, 1917,
photographe anonyme, Fonds familial privé.
photographe anonyme, Fonds familial privé.
t.18 : Testament de Jean de Margonne, 15 décembre 1857,
6 pages, Fonds familial privé, f° 1-6.
6 pages, Fonds familial privé, f° 1-6.
t. 19 : Legs de Madame de Margonne, 24 juillet 1858,
10 pages, Fonds familial privé, f°1-10.
10 pages, Fonds familial privé, f°1-10.
t 20 : Lettre du Dr Gibotteau à Henry Lecoy, 21 octobre 1920,
Fonds familial privé, f°1-3.
Fonds familial privé, f°1-3.
t. 21 : Liste du mobilier restant au château de Saché,
remise par M. Champigny à Me Lasseur, 1921,
Fonds familial privé, f°1 avec détail.
remise par M. Champigny à Me Lasseur, 1921,
Fonds familial privé, f°1 avec détail.
t. 22 : Liste des objets réservés par René et Élisabeth Benjamin, 1921,
Fonds familial privé.
Fonds familial privé.
t. 23: Document confirmant la vente de Saché et de son mobilier, 19 février 1921,
3 pages, Fonds familial privé, f°1-3.
3 pages, Fonds familial privé, f°1-3.
t. 24 : Courrier de George Bonnamour à René Benjamin, 8 décembre 1937,
Fonds familial privé.
Fonds familial privé.