Le chasseur de météorites est prêt à repartir dans le désert
Lundi 04 mars 2019
Le Dauphiné Libéré, Sandie Bircan
Après un mois d'enchères du internet, les plus belles pièces de la collection de pierres extraterrestres du Gapençais Gérard Merlier ont été adjugées au marteau, jeudi. Après le portrait du chasseur de météorites (notre édition du 28 février), retour sur cette vente hors normes. Gérard Merlier ne décroche pas son sourire. Ça y est, c’est fait. Sa collection de météorites et autres pierres extraterrestres qu’il a constituée pendant 20 ans est partie.
Vendue aux enchères, sur Internet d’abord, puis au marteau à Vendôme (Loir-et-Cher), ce jeudi. Canal +, RTL, France Info, France Inter, AFP, RCF, Le Figaro... en quelques semaines, le Gapençais est devenu la coqueluche des médias. « On va dire que c’est mon quart d’heure de célébrité. Pour moi, les 15 minutes sont devenues 15 jours. On ne m’a jamais autant appelé pour les météorites, et moi j’adore en parler, alors voilà », s’en amuse Gérard Merlier.
Grâce à cette couverture médiatique, certains l’ont aussi découvert. « Encore ce matin, on me l’a dit sur le marché
"Je ne savais pas que vous faisiez ça, c’est formidable".»
« La veille de la vente, on a cru faire un flop »
Mais voilà, malgré tout cet engouement autour de la vente, exceptionnelle, de météorites, jusqu’à la veille de l’adjudicationdes quelque 80 pièces, les doutes subsistent. Sur les 80 autres lots en vente depuis le début du mois sur Internet, seul une quinzaine avait été adjugée deux jours avant la clôture de la vente. « La veille, on se posait des questions avec Aymeric Rouillac [le commissaire-priseur, NDLR]. Il m’a dit que nous n’avions que quelques ordres d’achat. Et surtout, aucune pour “Pied d’éléphant”. Il m’a dit qu’on allait peut-être faire un flop. » La météorite de quelque 20 kg est le clou de la vente.
« Je me suis dit, c’est foutu »
La veille et le matin, les enchères sur le web décollent. « J’ai commencé à me dire, ça n’intéresse personne. Ça m’a
rappelé lorsque j’ai voulu créer mon entreprise avec des tranches de météorites encadrées. Quand je démarchais,
tout le monde me disait : “C’est super ce que vous faites,dit, ça va me faire le même coup. »
Le jovial retraité rentre à son hôtel le moral dans les chaussettes. « Quand je me suis endormi, je me suis dit “c’est foutu”. » Il compte sur cette vente pour pouvoir retourner dans le désert, concrétiser son “projet secret”. Ce que ne lui permet pas sa petite retraite de maçon et d’employé de mairie.
« Le lendemain, je me rends à la vente la tristesse sur les épaules, mais je reste quand même jovial. Les gens se sont
quand même déplacés, alors je me dis : “On va jouer le jeu jusqu’au bout”. » Sauf qu’entre-temps, si “Pied d’éléphant” n’a pas attisé les convoitises, 170 ordres d’achat ont été enregistrés. Dans la salle, une trentaine de personnes sont venues. Il donne une conférence à 11 h avant la vente de 14 h. « Je voyais tous les lots qui partaient. Le père d’Aymeric Rouillac vient s’asseoir à côté de moi et me glisse à l’oreille qu’on a eu un ordre d’achat à 15 000 € pour “Pied d’éléphant”, j’avais le cœur qui palpitait. »
Il ne collectionnera plus de météorites
Les enchères démarrent, atteignent 15 000 € puis continuent de grimper. C’est finalement un internaute qui la remporte, pour 20 000 €. Le coup de marteau final est donné par Gérard Merlier. « Je les voyais toutes partir, mais à chaque fois je me souvenais du moment où je les ai trouvées. À un moment, je me suis dit que si “Pied d’éléphant” ne partait pas ce n’était pas trop grave et, en même temps, c’est elle qui pouvait m’aider. » C’est donc satisfait de la vente que Gérard Merlier est rentré dans la capitale douce. En espérant la quitter le plus tôt possible pour de nouvelles aventures dans le désert. Cette fois, non pas à la quête de la précieuse pierre noir, mais de la quiétude des étendues de sable. « Déjà pour réfléchir à tout ça, à la suite, à mon projet. Est-ce que j’irai rechercher de météorites pour recommencer une collection ? Peut-être pas. J’irai plus pour la beauté du désert et bien sûr que je regarderais au sol. C’est comme la chasse au trésor quand on est petit, c’est du plaisir. »