Orléans peut-elle tourner le dos à Paul Gauguin ?
Lundi 03 juin 2019
Mag Centre, Françoise Cariès
Paul GAUGUIN Chalet suisse en bord de Loire, 1865 Encre de Chine et aquarelle sur papier Canson, signée en bas à gauche ” Gauguin. P. ” et datée en bas à droite ” le 2 juillet 1865 “.Haut. 25, Larg. 39,5 cm. Contrecollée sur une feuille de papier (28,7 x 43,5 cm).
Or, ce ne sont pas des liens passagers que Paul Gauguin entretint avec la capitale de la région Centre-Val de Loire, mais c’est à elle qu’il doit une partie de sa formation et de sa sensibilité.. Il y vécut de 7 à 17ans à l’exception d’un an qu’il passa à Paris, d’abord élève au petit séminaire de la Chapelle-Saint-Mesmin dirigé à cette époque par le très conservateur évêque Félix Dupanloup puis à Orléans au Lycée Pothier où il passa son baccalauréat. Années de formation pour celui qui est le petit-fils de Flora Tristan, figure majeure de la lutte des classes et de la condition féminine.
Gauguin un enfant d’Orléans
L’objet de cet article n’est pas de mettre dans la lumière la famille singulière, franco-péruvienne dont est issu le célébrissime peintre des « femmes à Tahiti » mais bien de s’interroger sur la part qu’Orléans se doit de réserver à Paul Gauguin dans sa politique culturelle et touristique. Ne peut-on le classer parmi ses enfants illustres ?“[…]vous rêverez avec Paul Gauguin, qui, comme Arthur Rimbaud six ans plus tard, est gagné par l’appel du large, plaçant son chalet suisse au bord d’une étendue d’eau, et se représentant en marinier, seul homme parmi six femmes des alpages, regardant la voile carrée d’une gabare… Invitation au voyage ou “Chalet du jouir” en devenir au bord de la Loire ? On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans !” Aymeric Rouillac
Cette question revient dans l’actualité avec la découverte à l’automne dernier en Touraine d’une œuvre de jeunesse, signée en bas à gauche Gauguin .P, alors élève du peintre et dessinateur orléanais Charles Pensée. Cette encre de Chine et aquarelle sur papier canson (27×39,5 cm) « Chalet suisse en bord de Loire » daté de 1865 est la première œuvre de l’artiste du moins la première que nous connaissons. « Bien sûr il ne s’agit que d’une œuvre de jeunesse mais on sait désormais que Paul Gauguin maîtrisait à 17 ans la technique des perspectives, des ombres portées, des personnages », explique Aymeric Rouillac, le commissaire-priseur qui procédera à la vente aux enchères de l’œuvre au château d’Artigny le 16 juin.
Espérons que cette œuvre estimée à 50 000 euros restera dans l’Orléanais sinon à Orléans. Certes ce dessin ne s’apparente pas à ce que peut souhaiter un musée des Beaux-Arts mais il s’intégrerait fort bien au récit de la vie locale de son auteur dans un musée historique. Elle pourrait éveiller l’intérêt pour Orléans des amoureux de l’œuvre du peintre de Pont-Aven et d’Arles en compagnie de Van Gogh.
Ce serait un nouvel angle d’attaque pour le tourisme régional.