L'âge d'or du train

Présentation de la collection Guyot

C.I.W.L. la compagnie des Grands Express Européens.

Inspiré des trains express Pullman reliant la côte Est à la côte Ouest des États-Unis, George Nagelmackers, industriel Belge, fonde la Compagnie Internationale des Wagons Lits (C.I.W.L.) en 1876, puis lance un train de luxe qui traverse l’Europe en quelques jours. L’Orient-Express est né : de Paris à Istanbul, via Vienne ou Venise, deux fois par semaine.

Le romancier Edmond About participe au voyage inaugural, en octobre 1883, et écrit ces lignes enthousiastes : « Dans ces treize jours, je suis allé à Constantinople, je m’y suis promené, instruit et diverti, et j’en suis revenu sans fatigue, prêt à repartir demain si l’on veut, par la même voiture, pour Madrid ou Saint-Pétersbourg. Et notez que nous avons fait une halte de vingt-quatre heures dans cette France orientale qui s’appelle la Roumanie, assisté à l’inauguration d’un palais d’été dans les Carpates, pris le thé avec un roi et une reine et banqueté somptueusement chez le Pignon de Bucarest. »

Les wagons de la compagnie sillonnent toute l’Europe et les autres continents : Lisbonne, Venise, Londres ou Berlin sont à une portée de rails… jusqu’à Vladivostok ou Bagdad que gagnent le Transsibérien et le Taurus Express. Des conférences internationales sont invitées pour assurer le passage et les étapes des trains : c’est une question de prestige pour les territoires traversés. Les noms commerciaux des Grands Express Européens comme les itinéraires évoluent au fil des alliances, dont ils deviennent un enjeu. Sa majesté, le roi Ferdinand de Roumanie, arrête même un train en rase campagne pour jouer les chefs machinistes !

On croise à bord de ces wagons une société cosmopolite et fantastique : l’Impératrice Victoria, l’espionne Mata Hari, le Russe Serge Diaghilev, ou l’agent secret Lawrence d’Arabie... Victime de son succès, l’Orient Express est rançonné, en 1891, et ses passagers sont pris en otage. Le train est même dynamité, en septembre 1931, par des nationalistes hongrois. L’actrice Joséphine Baker qui se trouve à bord se distingue par son dévouement à soigner les blessés.

ORIENT-EXPRESS : un palace Art-Déco sur rail.

Composé de plusieurs wagons-lits, d’un ou deux wagons-restaurants et d’un wagon-piano-bar au centre de l’attelage, l’Orient Express est un train de luxe. Chefs français et produits frais, grands vins et vieux alcools assurent un voyage d’exception. Si le personnel est de tout premier ordre, la construction des voitures est particulièrement soignée. Des ateliers en Angleterre, France, Belgique, Pologne ou Autriche assemblent les matériaux précieux de ces wagons de légende.

Les décors sont confiés à des créateurs de renom qui rivalisent d’imagination pour incarner le symbole roulant de l’Art Déco. Aux panneaux de verre bleu « Côte d’Azur » de Lalique, répondent des parois lambrissées en loupe de bouleau de Finlande éclairées par des lumières en bronze poli de René Prou. Le « style orient express » connaît son apogée dans ces années 1920 : c’est sans hésiter le « plus beau train du monde ».

L’Orient Express inspire de nombreux écrivains : que ce soit Graham Greene en 1904, avec son légendaire Stamboul train, ou Guillaume Apollinaire quelques années plus tard, qui profite du voyage du Prince Vibescu pour livrer un récit érotique intitulé Les onze mille verges… Le livre d’Agatha Christie Le meurtre de l’Orient Express s’y déroule et devient le best-seller de la romancière. La C.I.W.L. inspire les plus grands talents : Ernest Hemingway et Marlène Dietrich résident à l’année dans des hôtels de la Compagnie internationale des wagons-lits installés à travers le monde.

P.L.M. le luxe inégalé vers la Côte d’Azur

Créée en 1857, la compagnie Paris-Lyon-Méditerranée (P.L.M.) dessert le Sud-est de la France depuis la gare de Lyon à Paris, en passant par les gares de Lyon-Perrache et de Saint-Charles à Marseille C’est la compagnie de tous les superlatifs : la plus puissante de France, transportant plusieurs dizaines de millions de voyageurs et engrangeant des milliards de bénéfice… Le buffet 1900 de la gare de Lyon est un des témoignages vivant de la splendeur de cette ligne, avec son magnifique descendant : le restaurant du Train bleu.

À partir de 1860, le P.L.M. investit la Côte d’azur, où les riches Anglais prennent leurs quartiers d’hiver. Symbole de l’entente cordiale entre la France et l’Angleterre, le train devient le moyen de transport de la société internationale de La Belle Époque puis des années folles. Les richissimes héroïnes de Henry James ou de Francis Scott Fitzgerald se ruinent dans des fêtes somptueuses, achètent des villas magnifiques, portent avec grâce des joyaux incomparables, devenant mécènes de l’art moderne ou égéries des palaces de Monte-Carlo !

Le roi George VI d’Angleterre, accompagné de la reine Elisabeth, réserve à la France sa première visite d’État