Adjugé ! La saga des Rouillac
Vendredi 17 avril 2020
envoi du livre dédicacé contre 39 € franco de port, adressé par chèque au 2 rue Albert Einstein 41100 Vendôme.
Coffre en laque or de Mazarin, Japon, c. 1640. Adjugé à 7,31 millions d’euros en 2013.
Frères Le Nain, Le Christ enfant méditant sur les instruments de la Passion. Adjugé à 3,6 millions d’euros en 2018
Interenchères, par Diane Zorzi
Profitez du grand confinement pour lire
Un coffre de Mazarin transformé en bar, un bronze réalisé clandestinement par Camille Claudel, une pendule automate à oiseaux chanteurs ayant appartenu à la dame d’honneur de Marie-Antoinette… Pour tromper l’ennui en ces temps de confinement, Aymeric Rouillac invite chaque jour, sur ses réseaux sociaux, les internautes à revivre l’une des découvertes marquantes qui rythment depuis plusieurs décennies le quotidien de sa famille, une dynastie de commissaires-priseurs installée dans le Val de Loire. Autant d’histoires extraordinaires réunies en un livre, publié en décembre dernier : Adjugé ! la Saga des Rouillac. Décryptage…
Installée dans le Val de Loire, la famille de commissaires-priseurs Rouillac collectionne depuis trente ans les découvertes les plus exceptionnelles. Réunies le temps d’un ouvrage, Adjugé ! La saga des Rouillac, elles se lisent tel un recueil d’histoire de l’art mêlant au piquant d’une enquête policière le sensationnel d’un livre des records. « Cela fait bien longtemps que je voulais publier ce livre, détaille Aymeric Rouillac. Les catalogues de ventes sont froids et ne donnent pas à voir les histoires fantastiques qui se cachent derrière chaque découverte. Dans cet ouvrage richement illustré et élaboré de manière chronologique, chaque objet prend vie au fil des siècles et dévoile, pour la première fois, les secrets de sa vente. »Une histoire derrière chaque découverte
Invité à pénétrer les coulisses de ces ventes aux enchères, le lecteur découvre ainsi que derrière les adjudications millionnaires et records se cachent les histoires les plus stupéfiantes. A commencer par la découverte rocambolesque du coffre de Mazarin acheté par le Rijksmuseum d’Amsterdam en juin 2013 après être réapparu lors de l’inventaire d’un pavillon du Val de Loire. « Lorsque mon père refuse aimablement un verre de porto après l’inventaire, son cœur palpite au moment où la propriétaire, écartant la télévision et soulevant un grand drap, sort un vieux cherry du bar, raconte Aymeric Rouillac. Il découvre ce coffre tombé dans l’anonymat, après être passé incognito à travers les siècles pour arriver chez les enfants d’un ingénieur pétrolier. »Ce meuble monumental, en laque incrusté d’or et de lamelles d’argent, avait été acquis aux enchères par Mazarin en 1658 à Amsterdam. « Il y conservait les précieux diamants qui ornent la couronne de France ! Marie-Anne Mancini, une des nièces du cardinal, en avait hérité et l’avait transmis à sa progéniture, jusqu’à ce que, ruiné par la révolution, son lointain héritier, le septième duc de Bouillon, ne soit contraint de s’en séparer aux enchères en 1801. Il est alors acquis par l’Anglais William Beckford et arrive Outre-Manche, comme nombre des plus belles collections françaises, saignées par le changement de régime. Il quitte les collections familiales avec la vente des collections du palais d’Hamilton en 1882, et disparaît dans l’anonymat de la campagne anglaise pendant la Seconde Guerre mondiale, réapparaissant dans le Val de Loire un siècle plus tard. » Adjugé à 7,31 millions d’euros le 9 juin 2013, ce coffre, que ses propriétaires, ignorant sa valeur, avaient baptisé de « coffre à papa », avait été troué de tasseaux de bois pour y entreposer des bouteilles d’alcool. « Un “bar à papa” qui, entre-temps, est devenu le meuble en laque le plus précieux… et le plus cher au monde ! »
En savoir plus | Le chef d’œuvre des frères Le Nain adjugé à 3,6 millions d’euros à Montbazon
C’est encore par des enchères millionnaires que s’achevait l’histoire étonnante d’une gourde impériale servant à ses propriétaires de cendrier, ou celle du Christ méditant des frères Le Nain découvert en 2018 dans une maison sans histoire. « Nous avions été contactés par une septuagénaire vendéenne qui vendait des vieilleries sur Internet et avait un doute sur un tableau offert par sa grand-mère dans les années 1950 », explique Aymeric Rouillac. A l’issue d’un véritable jeu de piste, les commissaires-priseurs et leurs experts du cabinet Turquin reconnaissaient finalement le style de trois peintres majeurs du XVIIe siècle : les frères Le Nain. Quelques mois plus tard, la toile, classée Trésor national par le ministère de la Culture, s’envole à 3,6 millions d’euros.