Des enchères hors les murs qui battent des records

La Nouvelle République, Edith van Custen

Six heures non-stop d’enchères sans public samedi à l’hôtel des ventes pour 120 lots d’art design vendus pour 1,5 M€ avec quelques records à la clef.

Drôle d’ambiance ce samedi en l’hôtel des ventes Rouillac pour les commissaires-priseurs qui travaillaient face à une salle quasiment déserte où n’évoluaient que les membres de l’équipe collés aux téléphones portables et aux écrans d’ordinateur pour suivre ce nouveau format d’enchères en ligne. Dans la salle, uniquement quelques rares acheteurs et Jocelyne Noury, une collectionneuse bretonne rennaise qui dispersait là nombre des pièces achetées avec son époux Pierre au fil d’une vie.

« Nous sommes très satisfaits de cette grande première qui, grâce à un jeu de caméras mobiles, permettait aux acheteurs potentiels de suivre en direct tous les moments de ces enchères, ce qui a été très apprécié », confiait après la vente Aymeric Rouillac, soulagé après six longues heures non-stop sans incident technique, le marteau en main, relayé ponctuellement par son père Philippe Rouillac ou par des experts. Avec ces vidéos en live, la vente contournait l’impossibilité d’ouvrir la salle au plus grand nombre en raison du Covid et assurait un excellent suivi des enchères qui auraient dû se tenir au Centre de création contemporaine Olivier-Debré de Tours (CCOD). La vente marathon de samedi avait été précédée par des visites virtuelles de l’hôtel des ventes sur le site Internet des commissaires-priseurs, soit sur place sur rendez-vous.

Chagall, Picasso Lalanne Perriand Uderzo…

« Une quatrième édition d’une vente “ Arts et design ”, hors les murs non-stop qui, avec 120 lots vendus (soit 90 % des objets) a comptabilisé un total de 1,5 M€, ce qui est notre plus importante vente design. La preuve que le marché de l’art se porte bien en province… Avec de belles surprises notamment en constatant que les Chinois, qui très souvent achètent des œuvres chinoises, se sont porté acquéreurs de pièces européennes », ajoutait le commissaire-priseur. Quant aux enchères, elles étaient lancées par des acheteurs de New York, Miami, Chine, Grande-Bretagne, Moscou, Saint-Pétersbourg, Monaco, Paris…

Parmi les enchères, un nouveau record mondial battu pour un bureau de Charlotte Perriand parti pour 139.000 € avec les frais, contre 95.000 € lors d’une vente aux enchères il y a cinq ans. Ou encore 164.000 € pour une lampe en forme d’échassier créée par François-Xavier Lalanne. Des enchères importantes aussi pour des mobiles de Calder, des dessins ou peintures de Muter, Picasso, Gorbatov, LePho…

Si on retiendra la vente la plus importante à 372.000 € frais compris pour un tableau de 1952 de Chagall intitulé Libération, adjugé par Philippe Rouillac, qui pour l’occasion reprenait son marteau, œuvre du maître-orfèvre vendômois Goudji, il y en avait pour toutes les bourses. Quelques objets sont partis à 50 et 100 € notamment chaises, fauteuils et luminaires. Sans oublier des dessins originaux d’Uderzo de 2007 dont Astérix à 2.700 € et l’Indien Oumpah-Pah à 1.300 €

Six heures de vente pour disperser une centaine d’objets design découverts et expertisés au fil d’une année de quête d’objets de qualité, déjà relancée pour préparer la vente de novembre 2021. Elle était d’ores et déjà évoquée par Aymeric Rouillac pour sensibiliser les acheteurs potentiels mais sans dévoiler plus d’information. « Nous aurons de belles surprises dont… un tableau jamais présenté de Notre-Dame de Paris signé par Christo. »