DE MAI-THU À LAPICQUE, UN TOUR DU MONDE EN PEINTURE
Vendredi 12 novembre 2021
La Gazette Drouot, Philippe Dufour
Visions lointaines.
Alors que Mai-Thu donnait à voir une belle endormie, Lapicque livrait son interprétation vibrante d’un paysage asiatique,
le tout sur un air de guitare andalouse.
Peintre de la sérénité à la mode vietnamienne, Mai-Thu signait l’un de ses fameux portraits de jeune fille, désormais gages d’enchères de haut vol... Cela s’est passé à Tours, le dimanche 7 novembre, lorsque la maison Rouillac OVV a adjugé 217 000 € La Sieste peinte par l’artiste en 1942, à l’encre et couleurs sur soie. À ses côtés, cinquante-huit tableaux de Charles Lapicque, provenant de la collection Alain et Violette Merle, étaient emmenés vers des sommets par L’Invitation à la sagesse, une toile de 1961 partie à 86 800 €, talonnée, à 80 600 €, par San Zaccaria. Une sculpture de la main de Baltasar Lobo nommée À la source y glanait aussi 186 000 €.Une pluie de bons scores récompensait les nombreux lots de cette vente tourangelle, émaillée de pièces de Jean Royère, d’une scène de Mai-Thu et d’une série impressionnante de toiles de Charles Lapicque.
Succès confirmé pour la dispersion de peintures, sculptures et mobilier orchestrée à Tours, qui devait finalement totaliser 1,74 M€... Les artistes du XXe siècle y étaient fêtés, et en particulier Mai-Thu, auteur d’une soie peinte à l’encre et couleurs en 1942, représentant La Sieste (26 x 36 cm). Portant signature et cachet, la composition avait été offerte à l’un de ses collaborateurs, par le dirigeant d’une société d’import-export avec l’Indochine entre 1947 et 1966. Doté d’un certificat d’authenticité établi en 2021 par Mai Lan Phuong (fille de l’artiste), la jeune fille endormie a attiré 217 000 €.
Figurant une autre beauté assoupie, À la source, de l’Espagnol Baltasar Lobo, représente un nu féminin tout en rondeurs, qui lui aussi a séduit un connaisseur, prêt à débourser 186 000 €. Il s’agit d’une épreuve de bronze à patine brune nuancée, signée et justifiée «n° 3/8», d’un modèle de 1982-1989 fondu en 1990 chez «Susse Frères Paris» (55,5 x 127,5 x 48,5 cm).
Apparaissait ensuite la figure haute en couleur de Fikret Moualla, à travers quatre de ses œuvres : Promenade à Cannes de 1959 (49,5 x 59,5 cm), La Partie de cartes de 1955 (20 x 26 cm), Promenade sur fond jaune de 1961 (49 x 63 cm) et Les Passants de la même année (49 x 63 cm), vendues ensemble à un acheteur turc pour 70 680 €.
Mais, en matière de coloris, Charles Lapicque remportait la première place, à travers 58 toiles provenant de la collection Alain et Violette Merle (petite-fille du peintre), qui totalisaient 880 000 € (voir Gazette n° 38, page 121). Ressortait de ce panorama de l’œuvre de l’artiste, car adjugée 86 800 €, L’Invitation à la sagesse de 1961 (97 x 162 cm), une grande composition avec tigre et assemblée de sages. À 80 600 €, c’était San Zaccaria, brossé après un voyage à Venise, qui trouvait aussi amateur, alors qu’un Paysage de l’Atlas saharien de 1951 (96 x 130 cm) partait à 53 320 €.
TOURS, DIMANCHE 7 NOVEMBRE. ROUILLAC OVV.