Marie-Antoinette captive
Samedi 25 juillet 2015
Cette semaine, Nathalie écrit du Vendômois à Aymeric Rouillac, commissaire-priseur. Elle tient de sa grand-mère un dessin qui aurait été fait par « Marie-Antoinette en prison ».
En regardant cette œuvre, on remarque une date et une signature en bas à gauche : « 1902 Lucien Gautier Aq. F. ». En bas à droite, une contre signature au crayon est accompagnée de la dédicace « à Jeanne …? ». Il ne s’agit donc pas d’un autoportrait de Marie-Antoinette, mais bien de l’œuvre d’un artiste. En effet, c’est une gravure ! Le tableau original, réalisé en 1816 par Gervais Simon est aujourd’hui conservé à la Conciergerie. Lucien Gautier l’a copié, gravé et a offert cette reproduction à Jeanne. L’abréviation qui suit sa signature nous renseigne sur la technique employée :« Aq. F. » pour Aqua Fortis : eau-forte en latin.
Ce procédé de gravure se fait sur plaque de cuivre. Cette dernière est recouverte d’une fine couche de vernis sur laquelle l’artiste dessine à l’aide d’une pointe, mettant ainsi le cuivre à nu là ou passe son stylet. Il la plonge ensuite dans un bain d’acide,« l’eau-forte », qui ronge les endroits où le cuivre n’est plus protégé par le vernis. Après cette étape, la plaque est encrée et son dessin imprimé sur papier à l’aide d’une presse. Gautier est justement célèbre pour ses eaux-fortes ! Né en 1850 à Aix-en-Provence, il commence par copier les œuvres à la mode avant de se tourner vers le genre qui fera sa renommée : les vues. Ses paysages et monuments pittoresques anglais, français ou italiens et ses panoramas de cités européennes s’arrachent ! A-t-il été particulièrement sensible à l’histoire de la Reine ? Souhaitait-il faire plaisir à Jeanne ? Le fait est que cette œuvre, bien que quittant son domaine de spécialité, est de qualité et illustre son talent à merveille. Son cadre en bois stuqué et doré la met très probablement en valeur depuis le début du XXe siècle. Comptez une trentaine d’euros en brocante pour cette gravure qui semble en bon état.