L'ivresse de la peinture
Samedi 12 septembre 2015
Cette semaine, alors que nos vignerons s’apprêtent à vendanger, Maître Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, est sollicité par Joëlle, de Coulanges, qui souhaite connaître la valeur d’un tableau contemporain.
Le petit village qu’il a choisi de représenter est Saint-Laurent-de-Cerdans, dans les Pyrénées-Orientales. Il se situe dans le Roussillonnais, à deux pas de la frontière espagnole. Le climat méditerranéen de cette terre ne pouvait qu’être favorable à la culture de la vigne, et ce depuis 2 600 ans ! Ce sont les grecs qui l’implantèrent dans cette région 6 siècles avant Jésus-Christ. Sous l’empereur Auguste (fin du Ier siècle av. J-C, début du Ier siècle), nombre de valeureux légionnaires à la retraite reçoivent une terre dans cette région en remerciement. Ils se font vignerons et donnent à la production viticole un essor considérable. À cette époque, on boit de ce vin en Grèce, et même en Égypte ! À la chute de l’Empire romain la viticulture décline. Mais c’est sans compter sur les moines du Moyen-Âge qui s’approprient cette culture et découvrent des procédés de vinification révolutionnaires, encore en vigueur aujourd’hui. La Renaissance et l’époque Moderne ne feront qu’augmenter la production et l’exportation de ce produit d’excellence, bien plus rentable que les céréales, faisant du Languedoc et du Roussillon des provinces prospères. On raconte que le roi Charles IX est charmé par la douceur du muscat de Frontignan. Qui ne l’a pas été, en le dégustant à l’apéritif ou accompagné d’un foie gras ?
À Saint-Laurent-de-Cerdans, le roi des moelleux, c’est le muscat de Rivesaltes ! Comptez environ 10€ la bouteille. Malheureusement pour Joëlle, elle ne pourra pas s’en offrir une caisse puisque, même si son tableau est bien peint et plaisant, Spigle n’a guère de cote sur le marché. Comptez entre 20 et 40 € en brocante.
Rassurons-nous en nous disant que, contrairement à l’alcool, la peinture est à consommer sans modération !