Raymond Reynaud, une vente événement pour un artiste à part

Le Régional, Alexandre Valera

Natif de Salon, ayant son atelier à Sénas, l’artiste Raymond Reynaud est décédé en 2007 à Cavaillon, laissant une œuvre foisonnante, iconoclaste et définitivement à part. Le 28 novembre, pour la 1ère fois, 100 peintures et sculptures seront vendues à Tours alors que l’artiste n’a jamais monnayé son art et qu’il n’a donc pas de cote. Récit.

Aymeric Rouillac est commissaire-priseur à Tours. Un peu loin de Salon, certes. Mais il se trouve qu’il a une solide expérience dans l’organisation de ventes d’œuvres d’artistes. « J’aime particulièrement organiser des ventes sur des artistes atypiques, j’ai souvent officié pour de l’art brut et singulier ». Et c’est bien pour ce savoir-faire qu’il a été contacté par la famille de Raymond Reynaud pour mettre en vente 100 œuvres de cet artiste à part le lundi 28 novembre à Tours à partir de 14h30.

Raymond Reynaud était un « personnage » dans le Pays salonais. Né en 1920 à Salon, il touchait à tout : peinture, sculpture, poésie, philosophie ou conte. II était considéré comme un pionnier de l’art singulier. L’homme a eu une vie foisonnante. II fut peintre en bâtiment avant de découvrir la musique (le saxophone) puis la peinture à l’école des Beaux-Arts de Salon. II s’investit dans différents groupes de jazz avant de se consacrer à l’art au tournant des années 60 quand il arrêta sa profession d’artisan peintre. Inspiré et aspiré par l’œuvre de peintres naïfs yougoslaves, de Gaston Chaissac ou de Jean Dubuffet, il trouva son propre style fait de poésie, de géométrie, de rythmes, de rimes de graphismes très denses et d’images oniriques.

Des spécialistes invités

Installé avec son épouse Arlette à Sénas, il avait ouvert en 1977 un atelier d’art pour adultes à Salon, le « Quinconcevert ». II continua son aventure pédagogique à Sénas au sein du Mouvement d’Art Singulier Raymond Reynaud, jusqu’à sa mort, le 10 juillet 2007. L’homme ne vendit jamais ses œuvres, en donnant seulement certaines à des amis ou à des collections muséales. Les œuvres étaient conservées au sein de sa maison-atelier. L’association des Amis du Singulier Raymond Reynaud, présidée par Michel Semal, n’a cessé depuis sa mort d’entretenir sa mémoire et faire vivre son œuvre à travers des expositions et des livres, tout en travaillant à la conservation des œuvres et à la reconnaissance de l’artiste. En 2013, l’association avait fait venir un expert mondial en art singulier (Laurent Danchin). Ce dernier avait évoqué la possibilité de «vendre» les réalisations de Raymond Reynaud pour lui donner la postérité et la reconnaissance qu’il mérite. La vente organisée lundi 28 novembre va enfin dans ce sens et ce sera un événement. 100 œuvres seront proposées.

« Ayant toujours refusé de vendre de son vivant, Raymond Reynaud est à la fois un artiste exceptionnel et non coté, explique Aymeric Rouillac. Alors nous débuterons les mises à prix à 500 euros pour un dessin, 1000 euros pour une peinture ». Le commissaire-priseur a fait éditer un catalogue papier à 1000 exemplaires. II a aussi invité 200 spécialistes d’art singulier, fait circuler l’info sur des sites internet avertis en France et à l’étranger. Précision importante pour tous les amateurs de l’artiste ici, ils pourront suivre la vente et enchérir sur internet (www.rouillac.com). Sur place, l’événement sera complété par une table ronde à 11h le lundi 28 novembre, jour de la vente, avec Michel Semal, président de l’association des Amis du Singulier Raymond Reynaud.