L’or attire de plus en plus d’acheteurs
Vendredi 28 juillet 2023
La Nouvelle République, Nicolas Rimbaux
Cette trouvaille dans un appartement des Rives du Cher avait abouti à une vente aux enchères de près d’un million d’euros.
Les enseignes spécialisées dans les transactions d’or sont nombreuses en ville, signe que les Tourangeaux gardent un fort attachement au métal précieux.
Une simple recherche sur Internet en ce mois de juillet 2023 suffit : l’on compte une bonne dizaine d’enseignes spécialisées dans l’achat ou la vente d’or à Tours. Bijoux, montres, débris, pièces, lingots et lingotins… les supports sont légion pour acquérir ou se séparer du métal précieux. Les clients sont en tout cas de plus en plus nombreux à se rendre en magasin.« L’or se démocratise », confirme Aymeric Rouillac. Durant les ventes aux enchères, le commissaire-priseur a vu arriver de nouveaux acheteurs aux côtés des spécialistes. « Malgré la hausse de la taxe sur la revente des métaux précieux, ils voient que le cours de l’or monte. »
Accélération depuis la guerre en Ukraine
Depuis un demi-siècle, le métal précieux est une valeur qui ne cesse de progresser. Et le phénomène s’accentue lors des crises, comme celle de 2008. « Les gens se posent des questions sur leurs fonds bancaires, certes garantis mais jusqu’à quel niveau et jusqu’à quand ? »Gérante depuis trois ans du magasin Un Gramme d’or, place Coty, Stacy Ingremeau fait le même constat : « On avait remarqué un frémissement suite à la crise sanitaire mais cela s’est accéléré en 2022 avec la guerre en Ukraine. Plus pessimistes sur l’avenir, certains se sont posé des questions et ont décidé de placer une partie de leurs économies dans l’or, valeur refuge. »
Le Comptoir national de l’or, rue Marceau, note aussi une forte augmentation des passages en magasin. « Les clients cherchent à protéger leur épargne contre la conjoncture actuelle défavorable. »
« On voit peu de ventes »
Investissement, diversification, sécurisation, transmission… les raisons sont multiples pour acquérir l’or. En est-il de même pour se séparer de ses biens afin de boucler des fins de mois plus difficiles ? « On voit peu de ventes, constate Stacy Ingremeau. Parfois des gens nous apportent des débris mais pour racheter d’autres bijoux. Ils s’attachent moins et aiment changer plus souvent. »En 2020, les confinements ont poussé les gens à faire un peu de ménage. « On a retrouvé des vieux bijoux dans un tiroir qu’on ne mettait plus. Par volonté de changement ou par peur des cambriolages, les gens s’en sont séparés. »
Aymeric Rouillac conseille aux vendeurs de faire plusieurs boutiques avant de se décider : « Sur les bijoux, le travail d’un artisan, une signature, une époque peuvent changer la valeur. Idem pour une pièce. »
Les Français numéros 2 après les Indiens
Si les ventes augmentent, la clientèle s’élargit. « Il n’y a plus de profil type d’investisseur dans les métaux précieux actuellement. Toutes les tranches de la population cherchent à investir dans les métaux précieux, afin de protéger leur patrimoine, autant qu’il soit petit ou très grand », relève Le Comptoir national de l’or.« Le profil a rajeuni, on a vu des jeunes de 25 à 30 ans, inquiets par rapport à l’avenir de leur retraite, investir, complète Stacy Ingremeau. Ce sont des achats au compte-gouttes pour un investissement à moyen ou long terme. »
Napoléon (Louis d’or), accessible entre 350 € et 380 €, ou lingotin, dont la vente au poids se fait dès 5 grammes, rendent le métal plus abordable. « Juste après les Indiens, les Français sont les plus gros détenteurs d’or au monde », rappelle Aymeric Rouillac.