La mer se déchaîne sous le pinceau de Claude Joseph Vernet
Vendredi 17 mai 2024
La Gazette Drouot, Caroline Legrand
Claude Joseph Vernet (1714-1789), Naufragés sur une côte rocheuse, 1780, cuivre,signé... La mer se déchaîne sous le pinceau de Claude Joseph Vernet Claude Joseph Vernet (1714-1789), Naufragés sur une côte rocheuse, 1780, cuivre,
signé et daté «J. Vernet f. 1780», 39,4 x 55,3 cm.
Estimation : 30 000/40 000 €
signé et daté «J. Vernet f. 1780», 39,4 x 55,3 cm.
Estimation : 30 000/40 000 €
L'artiste est à l’apogée de sa peinture romantique dans ce cuivre d’un réalisme frappant et d’une atmosphère tragique. Une œuvre longtemps propriété du duc de Liancourt.
Dans son livre de comptes, Joseph Vernet écrit au mois de décembre 1780 : «Le 30 j’ay reçû de M. le duc de Liancourt pour un petit tableau sur cuivre représentant deux cadavres sur un rocher isolé au bord de la mer 1200 l(ivres).» Cette peinture singulière ne pouvait appartenir qu’à un véritable amateur d’art. François Alexandre Frédéric de La Rochefoucauld, seigneur de Liancourt et 7e duc de La Rochefoucauld (1747-1827), était un de ces hommes éclairés du XVIIIe siècle. Militaire de carrière, il hérite de son père la charge de grand maître de la garde-robe de Louis XV puis de Louis XVI. Mais cet homme s’intéressait particulièrement à l’art et aux progrès scientifiques. Il effectua son Grand Tour en Italie au milieu des années 1760, avant de visiter l’Angleterre. Sur sa terre de Liancourt, dans l’Oise, il fonde une ferme modèle et un lieu d’instruction pour les enfants des soldats pauvres de son régiment qui deviendra, en 1806, la première école des arts et métiers. Le propriétaire suivant de ce tableau fut également un grand scientifique en la personne du professeur Émile Aron (1907-2011), doyen de la faculté de médecine de Tours. Un tableau qui marque donc les grands esprits ! Il faut dire que son impact visuel est immédiat. Avec ses beaux glacis et sa lumière perçante, ce paysage maritime interpelle. Joseph Vernet a de plus choisi la technique de la peinture sur cuivre, utilisant ainsi les effets de transparence obtenus grâce à ce support tout particulier, précieux et coûteux. L’artiste est alors à la fin de sa carrière et son travail est de plus en plus sensible au romantisme naissant. S’il peint dès les années 1750 des scènes de naufrage, il va encore plus loin dans cette composition où il place l’œil du spectateur au ras de l’eau, assistant aux premières loges à cette scène dramatique, d’un réalisme cru qui inspirera les peintres du XIXe siècle. Les deux corps dénudés sont échoués sur un rocher, autour d’eux la mer est déchaînée, les vagues frappant les derniers vestiges de leur navire. Une peinture renvoyant à la solitude face à l’infini, à l’immensité et à la violence de notre monde.Dimanche 26 Mai 2024 - 14:00 (CEST) - Live
Château d'Artigny, 92, rue de Monts - 37250 Montbazon
Rouillac
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