FR
EN

Une réplique du trône de Bokassa, conçu à Gisors, pour une vente aux enchères étonnante !

Dimanche 19 mai 2024

Paris-Normandie, Anthony Quindroit

L'original avait été conçu et assemblé dans une société de Gisors. Et c'est à partir de ce modèle que Rémi Le Forestier, spécialisé dans la réplique de meubles prestigieux, a créé une copie du trône de Bokassa, utilisé au moment de son sacre fastueux après son coup d'État.

C'est un petit événement dans le milieu des ventes aux enchères. Chaque année, la Maison Rouillac organise une dispersion au cours d’une garden party avec un catalogue atypique. Et 2024 n’échappe pas à la règle. Le premier lot a déjà de quoi interpeller puisqu’il s’agit du scooter utilisé par l’ancien président rouennais François Hollande ; le fameux deux roues immortalisé alors que le chef de l’État allait retrouver «discrètement » Julie Gayet...

UNE ANCIENNE ENTREPRISE GISORSIENNE

Le deuxième lot aussi fait sensation. Un trône monumental sous la marque Percier et Fontaine. Une réplique au plus près de celui commandé par Jean-Bedel Bokassa pour son sacre démesuré en tant qu’empereur de Centrafrique le 4 décembre 1977, soit deux ans avant que le personnage ne soit renversé puis jugé et condamné. L’original avait été conçu et réalisé à Gisors par la société Fondica, sous la direction du sculpteur Oliver Brice. Quarante-sept ans plus tard, Rémi Le Forestier a souhaité reproduire l’œuvre monumentale aux inspirations napoléoniennes.

MISE DE DÉPART: 10 000 €

« Nous faisons beaucoup de trônes évènementiels et de répliques de trônes emblématiques, comme celui de Michael Jackson, de Game of Thrones ou de Ronaldo, détaille le fabricant, spécialisé dans les répliques de meubles prestigieux,
allant de l’ère napoléonienne aux Arts déco, en passant par du Louis XV. Celui de Bokassa, c’est un peu le roi des trônes !
»
Des heures et des heures de recherches pour coller au plus près à l’original dont il ne reste qu’une carcasse rouillée dans un sous-sol de Bangui, plus de 2.000 heures de fabrication par trois personnes sur huit mois... Le résultat est à l’image du trône historique : totalement fou et reflétant la mégalomanie de son propriétaire : « II est en acajou massif, sculpté à la main, doré à la feuille d'or, recouvert de velours. II fait 3 mètres sur 3,30 mètres, pèse environ 500 kg... C’était un véritable défi technique », confie Rémi Le Forestier, qui a pu échanger avec des anciens de l’entreprise de Gisors pour en savoir plus sur le projet originel.

Pour s’offrir le trône flamboyant il faudra mettre sur la table au moins 10 000 6, l’enchère de départ. Et s’il faut admettre que le style n’est pas forcément adapté à toutes les ambiances (ni à toutes les bourses), des marques d’intérêt ont déjà été recensées. Notamment en Centrafrique. « II n’est pas question de glorifier le personnage, complète Rémi Le Forestier. Mais c'est un pays récent et ce sacre, avec ce trône monumental fait aussi partie de son histoire. »

UNE VENTE ANNUELLE DE LOTS D'EXCEPTION SUR DEUX JOURS

La maison Rouillac évacue la potentielle polémique : « C'est un siège qui nous dit quelque chose d'un certain moment de l'Histoire, d'une époque, de l'histoire contrastée entre la France et l'Afrique, et l'on a besoin d'interroger avec distance et clairvoyance l’histoire. Napoléon aussi a été condamné ! Et il ne s'agit pas ici d’idolâtrer Bokassa. Mais ce qui nous intéresse avec cette réplique c'est la qualité de la réalisation et sa grande fidélité au projet d'origine. »

La mise à prix est de 10 000 €. Et pour les amateurs, ce sont 139 lots qui vont être dispersés le 1er jour, dont quelques sculptures et toiles magnifiques de l'école flamande, et 224 le lendemain, avec beaucoup de bijoux, d'éditions rares, de mobiliers et de dessins.

Vente les 26 avril et 27 mai au château d'Artigny à Montbazon (Indre et-Loire). Catalogue et informations sur rouillac.com.
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :