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La muse du père et du fils Renoir aux enchères

Vendredi 24 mai 2024

Nice Matin, Rafael Perrot

La toile date de 1919 et représente Dédée, dernière muse d’Auguste Renoir. Nice Matin

« Andrée au chignon », ultime portrait peint par le maître de l’impressionnisme à Cagnes, puis épouse du cinéaste Jean Renoir, vibrera, dimanche sous un marteau d’ivoire, en Touraine.

Dimanche, Andrée au chignon, ultime portrait (1) peint par Auguste-Renoir, à Cagnes-sur-Mer, représentant Dédée, sa dernière muse, qui deviendra ensuite celle de son fils cinéaste, Jean, sera vendu aux enchères par la maison Rouillac, au château d’Artigny, en Touraine.

Une toile datant de 1919. De 30,4cm de hauteur sur 28 de largeur. Provenant de la succession de l’artiste. On y voit, se détachant sur fond de verdure, un visage aux joues rebondies et roses. Cheveux roux relevés sur la tête, profil court, regard bleu regardant vers la droite, sourire doux, réservé. Ce visage encore marqué par les rondeurs de l’enfance, est celui de Dédée. Elle n’a que 19 ans et illumine les dernières années de Renoir, perclus par l’arthrite, cloué dans sa chaise roulante, et aux doigts duquel on fixe un pinceau afin qu’il puisse peindre. La jeune femme s’appelle Madeleine Heuschling (1900-1979), dite Andrée. Elle entre en 1915 dans la vie de l’artiste, auprès duquel Matisse l’a envoyée. Ce dernier a rencontré Madeleine à l’École d’art décoratif de Nice et il est troublé par sa ressemblance avec "un Renoir". Matisse a bien senti la connivence entre les deux... Avec Dédée, Renoir impose à son pinceau d’exprimer la sensualité féminine, qui fut la quête de sa vie. "La moindre rose dans ses cheveux devient une allégorie de la beauté et la nature au milieu de laquelle, elle pose nue, une évocation de l’Antiquité rêvée", commente Aymeric Rouillac, commissaire-priseur. Mais la gironde rousse n’enflamme pas que le cœur du père. Son fils Jean tombe, lui, sous le charme d’Andrée.

De la toile à la... toile de cinéma!

Au domaine des Collettes, sur les hauteurs de Cagnes-sur-Mer, les séances de pose s’enchaînent. "Andrée inspire à Renoir sa dernière grande toile, aux formes diluées et aux couleurs vibrantes: Les baigneuses, que ses fils offriront à la France, au musée d’Orsay... L’artiste meurt chez lui, le 3 décembre 1919, non sans avoir immortalisé Dédée dans cet ultime portrait... Renoir soigne particulièrement le visage, laissant le fond de la toile par endroits nu ou esquissé à larges coups de brosse, comme un testament intime à l’intention de son dernier modèle." Moins de 2 mois plus tard, Jean Renoir épouse Andrée avec pour projet d’en faire une vedette de cinéma, sous le nom de Catherine Hessling. "Après avoir inspiré les dernières années du maître impressionniste, la jeune Niçoise devient ainsi la muse d’un flamboyant pionnier du cinéma français!"

1. Il s’agit du dernier portrait de Renoir, mais cette toile est suivie de l’ultime œuvre du maître, Pommes, réalisée 2 jours avant sa mort.
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