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Fleurs de porcelaine

Samedi 29 juin 2024 à 07h
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Cette semaine, Marie-Claude d’Oucques nous interroge sur une paire de vases anciens. L’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur ces deux pièces décoratives.



L’objet de cette semaine est une paire de vases en céramique blanche. De forme cornet et reposant sur des piédouches, leur décor est composé de fleurs en relief au centre, de feuilles de chêne ajourées sur les côtés et, de godrons rappelant des pétales sur la lèvre. On note également des traces de dorure à différents endroits notamment sur les feuilles.

Le mois de juin est traditionnellement associé au mariage depuis l’Antiquité. Ce mois était en effet associé chez les Romains à Junon, déesse de la famille et du mariage. Vu au départ comme une union entre deux familles à des fins politiques, celui-ci s’entoure alors d’un ensemble de rites et de symboles variant au cours du temps. Il devient ainsi l’un des rites fondamentaux pour les chrétiens. Dès lors, ce sacrement s’accompagne de symboles réunis dans un bouquet. En effet, selon cette tradition, un bouquet de fleurs était déposé sur l’autel, puis béni par le prêtre avant d’être placé dans un vase, parfois mis sous globe après la cérémonie. Ces « vases de mariée » sont décorés de feuilles de chêne représentant la longévité et la force de l’union, de lierre pour l’attachement ou de rose pour l’amour. On y associait également un vocabulaire décoratif de rubans ou de fleurs stylisées.

C’est surtout entre la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle que ce type de présents se développe. En effet, les progrès de l’industrie permettent de faire drastiquement chuter le prix des objets de porcelaine, objets de prestige et de luxe au siècle précédent, ils deviennent alors d’usage courant dans toutes les strates de la société. Cependant, une partie des décors est encore réalisée à la main, et notamment les dorures en raison de leur fragilité. De nombreuses manufactures ont produit ce type de pièce qu’il s’agisse des grandes manufactures comme celle de Sèvres, mais aussi de plus petits ateliers parisiens moins connus, souvent regroupés sous l’appellation « Porcelaine de Paris ». Ceux-ci ont réalisé un nombre très important de ces pièces généralement en porcelaine blanche et dorée, parfois avec un décor polychrome. Pour déterminer son origine, il faudrait retourner l’objet afin d’y rechercher la présence de marques qui permettraient d’identifier la manufacture, comme celle de Jacob Petit, la plus célèbre d’entre elles, et de dater la production.

Concernant votre paire de vases, Marie-Claude, restons prudents sur leur estimation car l’un est ébréché. On pourrait les estimer à 20 euros la paire. Une somme certes modeste, mais qui vous permettrait d’offrir un petit cadeau à l’occasion du prochain mariage où vous serez invitée… ou un joli bouquet !
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