FR
EN

« Une page de l’histoire » locale aux enchères

Mardi 03 décembre 2024

La Nouvelle République, Pierre Calmeilles

Dans les locaux de l’hôtel-restaurant, le commissaire-priseur Aymeric Rouillac vient d’adjuger ce lot de cuivres, très prisé, utilisé par Alain Barrat puis son gendre, alors que Le Lion d’or avait deux étoiles. (Photo NR, P. C.)

Vente aux enchères sobre et détendue, lundi, pour les trésors du domicile d’Alain et Colette Barrat qui ont longtemps tenu Le Lion d’or. Beaucoup resteront en Sologne.

Symbolique. Même si Le Lion d’or, évidemment toujours en activité, n’était pas concerné en tant qu’entreprise, le restaurant étoilé de Romorantin a néanmoins accueilli la vente des trésors du domicile d’Alain et Colette Barrat qui ont longtemps tenu l’établissement avant de passer la main à leur fille et à leur gendre, Marie-Christine et Didier Clément. Ce lundi 2 décembre, une cinquantaine de Romorantinais ont pris part aux enchères, qui ont fait la part belle aux objets de culture et des arts de la table. Sans compter les participants via Internet.

Bataille « entre plusieurs continents » pour des cuivres doublement étoilés

Aucun des 170 lots qui ont été ainsi dispersés n’a véritablement franchi le seuil des 1.000 €. Certains sont même partis pour 10 €, 20 € ou 30 €. Mais c’est autre chose qui s’est joué ce lundi, dans la capitale de la Sologne. « Nous allons vivre ensemble une page de l’histoire récente de Romorantin », a souligné le commissaire-priseur Philippe Rouillac qui a coanimé la vente avec son fils Aymeric. Car les collections privées d’Alain et Colette Barrat ont partie liée, évidemment, avec la saga du Lion d’or et donc avec Romorantin, dont il est l’emblème gastronomique depuis 250 ans.

Dès dimanche 1er décembre, un indice ne trompait pas sur ce point. Le défilé incessant des Romorantinais dans la demeure des Barrat, rue des Malards, pendant les heures de visite permettant de découvrir les lots mis en vente. Beaucoup connaissaient la maison, mais sans jamais y être entrés. D’autres avaient eu la chance d’y être conviés, il y a plusieurs décennies, par le couple de restaurateurs-hôteliers. Tous ont été fascinés par ce qu’ils ont découvert ou redécouvert : l’intérieur d’une maison bourgeoise du 20e siècle, mêlant un goût prononcé pour les livres et, bien sûr, la gastronomie. Suite au décès, en début d’année, d’Alain Barrat, la maison a été vendue. Avant que les nouveaux propriétaires n’arrivent, son contenu devait également trouver preneur.

Et tout ou presque a trouvé preneur ! Dans la salle, les mains n’ont pas hésité à se lever pour Dès dimanche 1er décembre, c’était l’affluence pour la visite du domicile d’Alain et Colette Barrat. (Photo NR, P. C.) manifester l’intérêt suscité par le mobilier en acajou, de style Empire (parti pour quelques centaines d’euros la pièce) que le couple Barrat avait acquis en même temps que la maison, et les livres de leur salon. Un buste en bronze a failli partir en Turquie, mais il restera finalement chez des acheteurs romorantinais, comme une grande partie des objets vendus. Pendant que Philippe Rouillac les présentait, ils défilaient sous les coups de marteau de son fils.

Destination : les tables des restaurants parisiens

Puis, l’attention baissa légèrement au moment de disperser le contenu des chambres et des couloirs de la maison Barrat. Un simple répit avant le contenu de la salle à manger des Barrat, que tous attendaient. « On commence à ouvrir les placards », sourit Aymeric Rouillac. Quelques minutes après, arriva le tour d’un des lots sans doute parmi les plus prisés : un lot de cuivres utilisé par Alain Barrat puis son gendre Didier Clément, alors que Le Lion d’or avait deux étoiles. Par le truchement d’Internet, la bataille fit rage « entre plusieurs continents », a indiqué Aymeric Rouillac. L’heureux propriétaire remporta les enchères pour 780 €.

Quelques plats argentés ont moins fait recette. Mais ils vont sans difficulté retrouver une nouvelle vie. « Marie-Christine Clément a été assaillie de demandes de restaurateurs parisiens intéressés par les plats en métal argenté. Car ils reviennent à la mode », a précisé Aymeric Rouillac. Un dernier coup de marteau et Le Lion d’or a pu retrouver son activité normale : la gastronomie.

Beaucoup connaissaient la maison, mais sans jamais y être entrés. (Photo NR, P. C.)

L’enveloppe

Le bureau d’Alain et Colette Barrat. (Photo NR)
« Pour Monsieur et Madame Barrat, hôtel du Lion d’or. » L’enveloppe, visiblement pleine, était encore posée sur le bureau d’Alain et Colette Barrat, dans ce qui fut leur domicile, dimanche et lundi, au moment des visites ouvertes au public préalablement à la vente aux enchères des trésors que contenait leur maison (lire ci contre). L’enveloppe semblait encore contenir le mot, comme prêt à être lu par ses destinataires. Mais la foule des visiteurs, pendant deux jours, sonnait comme un retour à la réalité. D’autant que, juste à côté de la missive, était accroché le numéro du lot pour les besoins des enchères. Des enchères décidément emblématiques pour Romorantin.

Reine-Claude
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :