FR
EN

À l’heure pour l’éclosion du Printemps

Samedi 22 mars 2025 à 07h

Cette semaine, Gilles de Blois soumet à notre expertise une importante pendule héritée de sa grand-mère. L’occasion pour Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cette pièce d’horlogerie.



En ce 21 mars, nous fêtons le retour du printemps : l’occasion de tourner le dos à l’hiver et de revoir les fleurs s’épanouir dans les jardins alors que les jours rallongent. En effet, le printemps est marqué par un équinoxe, phénomène astronomique durant lequel les durées du jour et de la nuit sont égales.

Il est justement question de temps et de fleurs dans l’objet de cette semaine. Il s’agit d’une pendule à sujet représentant une femme drapée à l’antique dans une pose déhanchée. Tenant un bouquet d’iris dans la main droite, elle marche sur son drapé et se place devant une couronne de feuilles, probablement d’iris elles aussi. La terrasse de cette sculpture, signée « Ch. Ruchot », repose sur un socle à degré, en marbre rouge de Saint-Pons agrémenté d’éléments en métal doré sur les côtés, les pieds et la lunette de l’horloge. Son cadran émaillé blanc indiquant les heures en chiffres arabes comporte deux entrées de serrures, l’une pour le remontage et l’autre pour la sonnerie. Compte tenu de l’importance accordée à la sculpture dans le décor de cette pendule, on parlera de « pendule à sujet ». Ce type de pièce d’horlogerie agrémentée d’une sculpture sur une base de marbre est particulièrement populaire entre la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Il est intéressant de noter que c’est pour répondre à la forte demande des acheteurs que les fondeurs mettent alors au point le régule, alliage à base de cuivre et d’antimoine destiné à imiter le bronze à moindre coût.

En raison du fort engouement pour ces pièces, un certain nombre de sculpteurs vont voir leurs œuvres tirées en régule ou en bronze afin de garnir des pendules. Charles Ruchot (1871-1954) est l’un de ces sculpteurs qui suit d’abord une ligne tirée de la mythologie grecque avant de se tourner vers l’Art Nouveau puis l’Art Déco. La sculpture ornant cette pendule est à la confluence entre le style académique et l’art Nouveau : en effet, le drapé mouillé et la pose sont directement empruntés à l’art grec antique qui avait établi ces codes, comme sur la Victoire de Samothrace. Pour sa part, le répertoire végétal associé à la femme forme un ensemble allégorique typique de l’Art Nouveau, que l’on retrouve aussi chez des artistes comme Mucha.

Votre pendule, Gilles, date de la fin du XIXe ou du tout début du XXe siècle. Ne pouvant savoir si l’œuvre est en régule ou en bronze d’après photographie, il nous faut rester prudent sur son estimation, qui oscillerait entre 50 et 200 euros en fonction du matériau. De quoi vous offrir au moins deux places pour le magnifique Jardin du château de Cheverny, qui ouvrira ses portes dès le 25 mars, et célébrer ainsi le retour du Printemps !
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :