Lot 349
Attribué à Charles-Guillaume Winckelsen (Düsseldorf, 1812-1871, Paris)
et, pour les bronzes, à Joseph Nicolas Langlois (marié à Paris en 1838)
Somptueux secrétaire en cabinet
en placage d'ébène, laque du Japon, vernis européen, avec une exceptionnelle ornementation en bronze ciselé et doré.
En partie haute, un marbre posé sur une doucine recouvre un rang de tiroirs, dont deux secrets ornés de médaillons en laque sur fond d'aventurine. Le tiroir central est ceint d'une frise en bronze doré d'arabesques et d'enfants satyres jouant du cor, d'après le modèle des meubles livrés par Weisweiller au roi de France Louis XVI (collection al Thani) et à celui d'Espagne Charles V (Metropolitan Museum, 1977.1.12).
En partie centrale, le cabinet ouvre par un abattant orné d'un large médaillon en laque figurant un coq et deux poules, semblable au secrétaire de la collection de la baronne Seillière (vente Simeoni, Paris, 2021, n° 52), dans un entourage de guirlande enrubannée en bronze doré. Séparées par des colonnes détachées, richement vernies à la façon des laques du Japon et à chapiteau ionique, deux portes sont ornées de figurines en bronze doré : philosophes, anges et allégories féminines surmontant des bas-reliefs à l'antique. Les côtés sont ornés de panneaux de laque avec des personnages du théâtre japonais dans un entourage géométrique de môns, sous des panneaux à décor de volatiles.
L'intérieur de l'abattant, foncé d'un velours turquoise, dévoile un théâtre de quatre colonnes délicatement cannelées en ivoire, surmontées d'un bas-relief aux amours à ailes de papillons en bronze ciselé et doré. Des tiroirs en parties hautes et basses enrichissent de laque ce décor avec des scènes de chasse, de temples ou bateaux en mer.
En partie basse, la ceinture comporte trois tiroirs, dont deux secrets, richement décorés en laque ou vernis. Le piétement est composé de huit pieds en toupie réunis par une entretoise à entrelacs, richement rehaussé de bronzes dorés.
Haut. 145 Larg. 122,5 Prof. 45 cm.
Provenance :
- Maison J. Galtier, "À l'étoile du Nord", facture jointe : "1 Bahut laque de Chine et bronzes dorés-7 500", Paris, 17 septembre 1919,
- collection Mory, boulevard Henri IV, Paris,
- par descendance familiale, Achicourt, Pas de Calais.
A spectacular 19th century ebony wood veneer, Japanese lacquer cabinet-secrétaire attributed to Charles-Guillaume Winckelsen, with gilded bronze ornamentations attributed to Joseph Nicolas Langlois.
L'héritier de Weisweiller et de ses laques du Japon
"Le mobilier de ce brillant ébéniste, comparativement rare, obéit toujours aux plus hauts critères du savoir-faire des ébénistes parisiens et ses bronzes sont parmi les plus beaux jamais produits à Paris au XIXe siècle." Ainsi ouvre Christopher Payne ses pages consacrées à Charles Guillaume Winckelsen dans son ouvrage "Paris, la quintessence du meuble au XIXe siècle" (éditions Monelle Hayot, Saint Rémy en l'Eau, 2018, pp. 549-554). Winckelsen est un ébéniste d'origine allemande installé à Paris au début du XIXe siècle, rue du Val Sainte Catherine, puis rue Saint-Louis et enfin au 49 rue de Turenne. Les montants des tiroirs de ce meuble sont tenus par des queues d'arondes "d'une qualité exquise", dont la technique de fixation inhabituelle est presque une signature de Winckelsen (Paynes, 2018, p. 549). Il expose en 1865 une grande armoire prêtée par le Mobilier de la Couronne au musée rétrospectif de Paris, puis en 1867 à l'Exposition Universelle. Sa clientèle appartient aux familles les plus riches et les plus illustres de France : les Radziwill, les Béhague, les Lafitte ou le marquis de Lillers.
Avec Bellangé, il est l'un des rares ébénistes parisiens à maitriser à la perfection l'usage des précieuses laques du Japon. Comme sur le secrétaire d'Adam Weisweiller (1746-1820) livré en 1784 pour le cabinet du Roi à Versailles, ou sur la commode de Weisweiller encore pour Charles V à la cour d'Espagne, avec ses panneaux de laque datés de 1640, Winckelsen a accès à certaines des plus belles laques arrivées en France depuis le règne du roi Soleil. Il les met en scène dans le style précieux et virtuose de son illustre compatriote, prédécesseur à la Cour de France. Colonnes détachées, entretoises à entrelacs et autres frises de bronzes sont des citations directes des plus beaux meubles du règne de Louis XVI. Winckelsen obtient d'ailleurs l'autorisation de copier les meubles royaux, telle la paire de commodes du Trianon par Boulle pour la chambre de Louis XIV à Versailles.
Le prédécesseur de Dasson et de ses bronzes virtuoses
Son bronzier favori, Joseph Nicolas Langlois, est quant à lui le fils d'une dynastie de ciseleurs parisiens, dont le père décède en 1826, qui se marie en 1838 et dont le propre fils né en 1841 sera lui-même ciseleur. Ensemble, ils portent à la perfection la copie et l'interprétation des plus beaux meubles d'époque Louis XVI. Langlois semble
Sold: 68 000 €