Bel ameublement classique et du XXe siècle
Lot 357
Entourage de Michel LOURDEL (1577 - 1676), milieu du XVIIe.
Ensemble de quatre COLONNES salomoniques.
Bois sculpté et peint.
Haut. 230 cm.
Petits éclats et accidents.
Provenance : Collection de Reiset, abbaye du Breuil-Benoît ; par descendance, propriété de Touraine.
" L'église du Breuil contient une foule d'objets curieux, meubles, sculptures, objets de cultes, etc. L'autel accosté de quatre colonnes en spirale, est surmonté de beaux anges en bois ".
Marquis de Fayolles, " Le Breuil-Benoît et les collections de M. le comte de Reiset " in Congrès Archéologique de France, LVI session, 1890, p. 140-146.
LES COLONNES SALOMONIQUES DU BREUIL-BENOIT
Ces éléments d'architecture témoignent de l'importante transformation qui s'opère après le Concile de Trente dans la mise en forme des retables. Ne se contentant plus d'être un ensemble de panneaux articulés à la verticale de l'autel, il se dote de nombreux éléments architecturaux supplémentaires. L'entablement surmonté d'un fronton et flanqué de colonnes valorise la place centrale du tabernacle et exacerbe la célébration de l'Eucharistie.
Ces quatre colonnes proviennent probablement du même décor et manifestent de l'influence indiscutable des nouveaux décors baroques italiens : c'est en effet en s'inspirant des colonnes torsadées provenant, selon la tradition, du Temple de Salomon (conservées dans la crypte de la tombe de saint Pierre à Rome) que Gian Lorenzo Bernini (1598-1680) construisit le baldaquin surmontant l'autel de la basilique dans le premier tiers du XVIIème siècle. Ce type de colonne, dit " salomonique ", connut un vaste succès en Italie et en Espagne, mais également, en Normandie. C'est probablement localement que le Comte de Reiset trouva ces éléments d'architecture, dont le rapprochement stylistique avec les créations de l'artiste rouennais Michel Lourdel est évident. Bien qu'ayant perdu une bonne part de leur polychromie, ces colonnes ornées de rinceaux, grappes et feuilles de vigne habités d'oiseaux et autres charmants animaux sont à comparer aux colonnes des maîtres-autels de Caorches-saint-Nicolas ou de l'église d'Emanville attribués à Michel Lourdel. Ces quatre colonnes sont attestées encadrant l'autel de l'église restaurée de Breuil-Benoît dès 1891.
Littérature en rapport :
-Denis Lepla, Michel Lourdel (1577-1676), Sculpteur normand, sculpteur du sacré. Essai de catalogue raisonné sur l'uvre matérielle et spirituelle, Edition des Falaises, 2011.
Adjugé : 2 000 €