Des records malgré la crise
Mardi 06 octobre 2020
La Nouvelle République, Natacha Monhoven
L’industriel malouin Jacky Lorant félicité pour son acquisition de ce médaillon que Louis XIV avait offert en 1695 à un corsaire méritant de Saint-Malo.
Lire l'article sur le site de La Nouvelle République
3.774.560 euros très exactement avec les frais : c’est le bilan de la grande vente aux enchères annuelle des Rouillac au château d’Artigny à Montbazon.
La Maison Rouillac (basée à Vendôme et Tours) tenait sa célèbre vente annuelle, dimanche et hier lundi. Initialement prévue en juin, cette 32e vente aux enchères avait la particularité de se dérouler dans une situation d’accueil adaptée à la situation sanitaire.Le château d’Artigny était entièrement numérisé pour permettre aux acheteurs des visites virtuelles avant la vente et bien sûr des mesures sanitaires de rigueur. « Ça a été un gros succès, alors que ce n’était pas évident vu le contexte… mais nous avons mis en œuvre des mesures totalement inédites pour de telles ventes, comme ces visites virtuelles », assurait Aymeric Rouillac, lundi soir.
« Et on peut dire qu’il y a eu, une fois encore, des enchères spectaculaires », poursuit-il. Il faut dire que ces « dénicheurs de trésors » n’ont pas leur pareil pour raconter les histoires des objets mis en vente.
C’est ainsi que plusieurs records ont encore été battus « avec des enchères depuis la salle, comme à distance », poursuit Aymeric. À commencer par le médaillon offert par Louis XIV à un corsaire malouin… Estimé à 80.000 €, il a été vendu six fois plus cher, dimanche : 500.000 € le médaillon ! Orné de vingt diamants, il a été très disputé dimanche. Une centaine de participants masqués affrontaient depuis deux heures des enchérisseurs luxembourgeois, chinois ou canadiens au téléphone ou sur Internet, quand un frémissement s’est fait sentir. Sur la tablette, le médaillon à peine perceptible, présentant le profil du Roi-Soleil à la façon d’un camée. « Il y en a trois dans le monde, insistait Philippe Rouillac, Louis XIV en a offert beaucoup, mais la plupart ont perdu leurs diamants au fil des héritages. » Très vite, les enchères ont dépassé la valeur estimée de 80.000 € pour s’envoler à 500.000 € (620.000 € avec les frais). La Ville de Saint-Malo avait dépêché un adjoint qui fut rapidement pris de court, mais rassuré d’apprendre que l’acquéreur est un industriel malouin. « Le médaillon va beaucoup circuler dans les mois à venir », a promis celui-ci.
Grosse déception, en revanche, pour la collection de la Chine impériale. Le vase Qianlong, mis à prix 300.000 €, a été retiré, faute d’acheteurs. « Une douche froide » pour Aymeric Rouillac qui craint une chute du marché. « Les Chinois aiment examiner les objets. Avec le Covid, ils n’ont pas pu se déplacer. » L’objet sera remis aux enchères prochainement.
Cependant, la plus haute enchère s’élève à 818.000 € pour le tableau de Louis Gauffier, représentant une famille en train de cueillir des oranges ! Une toile inédite, connue jusqu’alors à travers une esquisse conservée au musée du château de Versailles. « C’est tout de même incroyable, mais totalement révélateur : ce tableau a quelque chose de rassurant », poursuit Aymeric Rouillac. Qui reste aussi impressionné par les 248.000 € adjugés pour un plat du XVIIIe siècle provenant des anciennes collections Rothschild, rare témoignage de l’âge d’or de la faïence. Ou encore pour un service Napoléon parti à 165.000 euros. « Et ce lundi après-midi, nous avons fini par un diamant parti à plus de 200.000 euros. La vente a été pour le moins un gros succès, avec des acheteurs de tous horizons, nous avons même eu des gens venus de Bahreïn pour enchérir ! »
Son père Philippe confiant juste après : « Le total représente très exactement 3.774.560 € avec les frais… ça reste le ruban bleu des ventes ».