Chapeau pour le médaillon
Samedi 02 avril 2016
Cette semaine, Me Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, éclaire la lanterne de Jordan, de Salbris, au sujet d’un médaillon acheté comme « datant de Marie-Antoinette ».
Les miniatures sont très courantes, et gageons que plus d’un d’entre vous en possède une. Certaines, fort anciennes, figurant un personnage de renom ou peintes par un artiste cotése négocient à grand prix. Malheureusement, ces petits portraits sont très à lamode fin XIXe, début XXe, et nombre de mauvaises copies sont créées à cette époque. Ces dernières valent à peine quelques dizaines d’euros. Malgré tout, elles ont beaucoup à nous apprendre. Ainsi, imaginons que la miniature de Jordan soit née à l’époque de Marie-Antoinette et que nous devions la dater. Le style pictural est certes notre premier appui, mais nous pouvons également faire appel à d’autres techniques de datation plus inattendues comme…la mode ! A la Cour de Louis XVI, on ne compte plus les « modeuses » qui, guettant le moindre changement d’habillement, de maquillage et de coiffure de la Reine, s’empressent de faire de même. Au début du règne, dans les années 1775, la mode est aux coiffures d’une hauteur toujours plus démesurée, agrémentées de plumes, dentelles et rubans assortis à la robe. Voyez donc ce témoignage d’une dame de la Cour : « Les coiffures parvinrent à un tel degré de hauteur (…) que les femmes ne trouvaient plus de voitures assez élevées pour s’y placer et qu’on leur voyait souvent pencher la tête à la portière. D’autres prirent le parti de s’agenouiller pourménager (…) le ridicule édifice dont elles étaient surchargées ». Mais la seconde grossesse de la Reine (celle du premier Dauphin), en 1781 bouleverse cette mode. Elle perdit beaucoup de cheveux et ne pouvait donc plus se faire coiffer de la sorte. Son coiffeur inventa alors la coiffure « à l’enfant », sur laquelle était souvent disposé un chapeau à large bords.La miniature de Jordan en est une excellente illustration de cette mode qui dura près de dix ans.
Lorsque la petite histoire rejoint la grande… et donne un coup de pouce à l’expertise !