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Une porcelaine impériale…qui ne l’est pas

Samedi 18 mai 2024 à 07h

Cette semaine, Alain de Romorantin nous interroge sur ce qu’il présente comme une « soupière » aux insignes impériaux. L’occasion pour Philippe Rouillac, notre commissaire-priseur, de nous en dire plus sur l’histoire et la valeur de cette pièce de service.



Il y a précisément 220 ans aujourd’hui, le Sénat, nouvelle institution apparue sous le Directoire, procédait au vote d’un sénatus-consulte organique proclamant Napoléon Bonaparte Empereur des Français. Malgré ce titre et son côté héréditaire, le texte s’attachait à rappeler le caractère républicain de l’Etat. Ce régime prendra véritablement les traits d’une monarchie/empire après le sacre de Napoléon le 2 décembre 1804. Conscient du potentiel de l’art pour légitimer son pouvoir, Napoléon a eu recours aux grandes manufactures pour diffuser son image et notamment, celle de Sèvres, devenue manufacture impériale. Il s’agit de l’une des principales manufactures d’Europe avec la production de diverses pièces destinées à la table ou à la décoration.

La pièce présentée ici suit une forme ronde sur piédouche à deux anses, elle dispose d’un couvercle avec un fretel pour la prise. Elle est en porcelaine blanche rehaussée de vert et d’or. Elle porte une aigle et un N couronnés sur fond blanc cernés par des couronnes de lauriers en guise de décor. La dorure est-elle à l’or fin ou simplement cuivrée, sans examen physique, on ne peut trancher. Avec ses dimensions de 23 cm de haut sur 22 cm de diamètre, il ne s’agit sans doute pas d’une soupière mais plutôt, d’une bonbonnière voir un sucrier.

Il convient alors de se poser deux questions : tout d’abord, vérifier si votre bonbonnière provient de la manufacture de Sèvres et, si elle date du premier Empire. Pour répondre à ces deux questions, il faut la retourner afin d’en observer le revers. En effet, grâce aux différentes marques de la manufacture, on peut s’assurer de l’authenticité des porcelaines, et dater les différentes productions. Nous voyons ici la mention « Mre Impériale Sèvres » sous un N couronné ce qui pourrait nous inciter à penser à une œuvre de cette fabrique. Toutefois, celle-ci a été énormément copiée en France et en Europe. On peut ainsi penser à des ateliers comme celui de Samson, qui produit de nombreuses pièces à la manière de Sèvres et y appose de fausses marques. De plus, durant le Second Empire, la mode est de copier les productions anciennes notamment celles du Premier Empire, le développement de l’industrie permettant une mécanisation des décors et une hausse des productions.

Au vu de la marque et de ce décor où les détails paraissent assez grossiers, il convient de rester prudent sur l’attribution sur l’estimation de cet objet. On peut raisonnablement estimer cette copie moderne aux alentours de 30 à 50 euros. Une somme certes modeste, mais qui vous permettra de vous offrir deux entrées aux Invalides pour contempler le tombeau de l’Empereur.
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