FR
EN

Un tableau à la douceur pastorale

Samedi 25 mai 2024

Mireille, de Villemardy, nous questionne sur une toile animée d’un berger ramenant son troupeau. Aymeric Rouillac, nous en dit plus.



Au premier plan, un berger guide son troupeau de brebis dans une clairière. Une des brebis a pris la tête du troupeau et le berger, vêtu d’une grande cape noire et tenant son bâton, ferme la marche. La clairière, baignée d’une lumière froide, est dégagée, les branches des arbres sont nues et des feuilles orangées jonchent le sol, évoquant l’automne. Le temps semble suspendu, la scène n’a pas d’âge.
La figure du berger menant son troupeau est un sujet majeur de l’histoire de l’art, revisité à toutes les époques et à la symbolique multiple. Au départ, la représentation du pasteur est revêtue d’une importante signification religieuse. En effet, au chapitre 10 de l’Évangile selon Saint-Jean, Jésus dit au peuple juif :« Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis », comparant ainsi le troupeau aux fidèles. On trouve alors de nombreuses représentations du Christ entouré de ses brebis et encore de la parabole de la brebis égarée. Si cette représentation décline progressivement vers la fin du 18e siècle, elle connaît un important renouveau dans la seconde partie du 19e siècle avec l’école de Barbizon et les courants réalistes et naturalistes portés par des artistes tels que Gustave Courbet, Jean-François Millet ou encore Jules Breton.

Une image esthétique et politique

L’image du berger, « une allégorie réelle » selon Courbet, est alors esthétique et politique. Elle transcende les courants picturaux pour évoquer, dans le contexte politique tourmenté des années 1830-1870 et l’émergence des sociétés industrielles, le nécessaire équilibre avec la terre et la tradition paysanne, dont Vichy se fera le chantre.
Notre tableau, sous réserve d’un examen physique et de ses dimensions, semble être une huile, de format moyen, réalisée au cours de la première moitié du 20e siècle par un peintre anonyme lointain, suiveur de l’école de Barbizon.Si la signature n’est pas déchiffrable, l’accent qu’a choisi de mettre le peintre sur l’ambiance éthérée, captant les effets de lumière et les moments d’exception qu’offre la nature, nous permettent de l’ancrer dans la continuité de cette école de peinture parmi les petits maîtres qui prolongèrent le mouvement. Si le peintre choisit le motif du berger, celui-ci, à la différence des moutons de Charles-Émile-Jacques ou Albert Charpin, n’est qu’un prétexte pour poser son regard sur la nature environnante. Votre
toile, Mireille, dont nous ignorons tout de l’artiste, pourrait être estimée aux enchères entre 80 et 100 euros , un prix abordable pour cette promenade, forêt évoquant les premières transhumances qui démarrent ce samedi en Centre-Val de Loire. Plusieurs fermes proposent ainsi au public de venir vivre avec eux le déplacement des troupeaux de leur pâturage vers des contrées plus verdoyantes.
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Suivez-nous :