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En avant la musique !

Samedi 22 juin 2024

Cette semaine, Benoit de Valserhône dans l’Ain, nous propose d’expertiser une boîte à musique. L’occasion pour notre commissaire-priseur, Philippe Rouillac, de faire un clin d’œil à la Fête de la Musique qui nous fait vibrer depuis 1982.



Depuis plus de quarante ans, la fête de la musique célèbre la venue de l’été et la variété des genres musicaux ; à cette occasion, penchons-nous sur le Spotify du XIXe s. ! La boîte à musique se compose d’une boîte mécanique qui produit des sons mélodieux grâce à la résonnance du bois et qui, à l’ère de la société industrielle de la fin du XIXe s., voit sa production augmenter. Permettant d’écouter la musique sans aller au concert, on la retrouve ainsi dans les salons mondains.

Son mécanisme est composé d’un cylindre rotatif agrémenté de goupilles, d’un peigne en acier trempé dont les lames les plus longues produisent les notes les plus basses et les lames les plus courtes, celles plus aigües, et d’une ailette pour contrôler la vitesse. Le sélecteur s’actionne selon le morceau que l’on désire écouter : le cylindre tourne grâce à un ressort et une ailette qui contrôle sa vitesse, les goupilles heurtent le peigne et produisent la mélodie. Sa création nécessite donc l’intervention de plusieurs corps de métiers : menuisier, ébéniste, horloger, mécanicien et musicien.

Si on peut aujourd’hui écouter la musique en ligne, c’est qu’après la serinette, petit instrument mécanique du XVIIIe s., il y a eu la boîte à musique, le gramophone, le baladeur à cassette, le lecteur CD pour arriver aux services de streaming que nous connaissons maintenant. La boîte à musique a marqué le début de cette évolution.

Cette pièce d’horlogerie marquetée nous ramène à l’époque de Napoléon III. La boîte, qui semble être en acajou, est ornée sur le couvercle d’une marqueterie représentant une lyre, une trompette et des fleurs des champs. A l’intérieur, les airs joués sont écrits à la main sur un carton pré-imprimé. La particularité de ce spécimen est son répertoire de 12 musiques, alors que la plupart en compte de 4 à 8. Cette grande boîte à musique est appelée « cartel ». Son répertoire est composé d’œuvres comme Le beau Danube bleu de Strauss, Le jour et la nuit de Lecoq, la Bella bocca de Waldteufel ; les 9 autres sont des opéra-bouffes et danses à la mode durant la seconde moitié du XIXe s.

Le style de la boîte et la marqueterie nous laissent à penser que cette boîte à musique a été fabriquée par la Maison L’Epée, manufacture basée à Sainte-Suzanne, dans le Pays de Montbéliard, près de la frontière franco-suisse. Jouissant d’une bonne réputation, celle-ci remporte plusieurs médailles aux expositions internationales.

L’engouement pour la boîte à musique en 1890 entraîne la promulgation d’une nouvelle loi visant à protéger les droits d’auteur. Cette boîte à musique de la fin XIXe- début XXe s. pourrait, en fonction de son état, valoir plus de 500 euros aux enchères : de quoi se payer un magnifique concert à deux à l’opéra de Paris !
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